A un moment où lépidémie progresse, le Tamiflu, traitement antiviral contre la grippe A-H1N1, a vraiment la cote. On ne peut pas en dire autant, cependant, pour le vaccin. Car, quand déminents médecins émettent des avis divergents sur ce produit, tant du point de vue de sa composition moléculaire que de son délai de fabrication, il y a évidemment de quoi susciter linquiétude et la suspicion au sein de la population. En France et dans beaucoup dautres pays, le débat est non pas de savoir si le vaccin est disponible en quantité suffisante, mais plutôt sil faut se faire vacciner. Certains médecins français avancent que «Oui». Dautres estiment, mettant en doute son efficacité, quune campagne de vaccination massive est aberrante et quelle ne doit cibler que «les populations à risque telles que les malades chroniques et ceux dont les défenses immunitaires sont les plus basses». Au point quà peine la moitié des médecins français et moins de 30% de la population déclarent vouloir être vaccinés contre la grippe A-H1N1, tandis quen Allemagne les clubs de football rechignent, eux aussi, à prendre le vaccin. Sans mauvais jeu de mots, il faut avouer quactuellement cest le «flu» (pour ne pas dire flou) total, bien entretenu par ceux qui sont censés prodiguer des soins. Cela peut paraître anecdotique avec un peu de recul, mais la foire dempoigne née du débat sur la vaccination mène vers un constat : le vaccin fait plus peur que le virus. Il y a cependant une évidence : le virus se propage de plus en plus; et des chiffres qui parlent deux-mêmes : rien quen France, la grippe saisonnière a tué 6.000 personnes en 2008, au moment où, selon les dernières statistiques de lOrganisation mondiale de la santé (30 octobre dernier), la grippe A-H1N1 a causé au moins 5.700 décès dans le monde, soit un bond de 14% en une semaine. Le phénomène de la grippe A a-t-il alors été amplifié à outrance ? Le virus de la grippe A-H1N1 est-il aussi grave quon ne lavait laissé entendre ? Le vaccin est-il fiable ? Faut-il tout simplement se vacciner pour se prémunir ? Le débat est ouvert. Ouvert ailleurs, mais nullement au Maroc où le débat sur lefficacité, voire la dangerosité ou non du vaccin est éludé. Il serait peut-être temps que nos experts en la matière et, surtout, le ministère de tutelle répondent aux questions que lon se pose ailleurs. La population a le droit de savoir et dêtre rassurée, surtout au moment où les pèlerins pour la Mecque ont commencé à se faire vacciner. Et si les quelque 510 cas de grippe recensés au Maroc jusquà présent suffisent au ministre de la Santé pour dire que lépidémie de la grippe A-H1N1 est «maîtrisée» et que ce nombre est «faible» comparé à dautres pays, Yasmina Baddou devrait tout autant savoir que pour progresser, il faut se comparer aux meilleurs. Et en matière de communication autour de cette pandémie et de sa gestion, cest un truisme de soutenir que nous sommes loin, très loin dêtre parmi les meilleurs. Baddou devrait peut-être prendre du «Tamiclair». Histoire dy voir plus clair.