* Il faut chercher de nouvelles approches qui permettent de réunir des pays qui partagent les mêmes valeurs et qui sont décidés à aller loin. * On ne décide pas de faire des échanges par décret ou par voie diplomatique. Le commerce se fait à travers des partenariats. * Un instrument est nécessaire pour mettre de lordre dans nos priorités. Il faut aussi mettre de lordre dans nos moyens daction et pour aider davantage à financer ces immenses projets. l Tour dhorizon avec Hassan Abouyoub, ambassadeur itinérant. w Finances News Hebdo : Est-ce que vous pensez que lUPM est réalisable dans les conditions actuelles, notamment avec les conflits politiques et la crise économique ? w Hassan Abouyoub : Si on continue à dire que les préalables politiques bloquent la Méditerranée, on reste dans la logique du projet méditerranéen depuis son origine, cest-à-dire depuis 1972. Je pense quil est temps de changer de méthode sans évacuer les questions politiques car elles sont très essentielles. Changer de méthode, à mon avis, cest trouver de nouvelles approches qui permettent de réunir des pays qui partagent les mêmes valeurs et qui sont décidés à aller loin. On a un système à plusieurs vitesses et la seule solution est de répondre, même partiellement, aux défis monstrueux quaffronte cette région du monde. Je dois rappeler que cest la région du monde qui a les résultats économiques les mois bons, comparés à ceux de lAsie ou de lAmérique latine. Cest aussi la région du monde qui doit créer le plus grand nombre demplois dans une période assez restreinte : 40 millions demplois dans les prochaines années. Cest la région du monde où le différentiel de développement entre le Nord et le Sud est le plus important. Tout cela pour vous dire quon ne peut pas continuer à être otage du politique et ne pas avancer dans la réalisation des défis de lavenir et dans les aspirations des pays et des peuples de la Méditerranée. w F. N. H. : Léconomie marocaine reste essentiellement liée à lEurope alors quil y a des opportunités à saisir dans les autres régions de la Méditerranée. Ny a-t-il pas dopérations de promotion de la diplomatie économique marocaine pour trouver de nouveaux débouchés ou nouer de nouveaux partenariats ? w H. A. : Pour parler franchement et directement, on ne décide pas de faire des échanges par décret ou par voie diplomatique. Pour que le commerce existe, il faut deux partenaires. Par exemple, un partenaire grec et un partenaire marocain. Et on ne peut pas faire autrement w F. N. H. : Mais la diplomatie peut jouer un rôle daccompagnement w H. A. : Il faut préciser que ce qui manque certainement, cest léducation de lentrepreneur, quel quil soit : grec, italien ou marocain. LAlgérie et la Tunisie sont aussi concernées par la diversification des débouchés à lintérieur de la Méditerranée et aux échanges interméditerranéens. Il faut donc changer de méthode et éduquer davantage nos chefs dentreprise à trouver ailleurs des débouchés traditionnels, des sources traditionnelles ou dimportation de matériel de provenance traditionnelle, mais ça viendra naturellement. Sil y a un effort à faire, il se fera autant chez les exportateurs potentiels que chez les importateurs potentiels parce quaujourdhui, dans la plupart des grand secteurs, nous sommes plutôt importateurs de technologie quexportateurs. La balle est plutôt chez les futurs fournisseurs. En ce qui nous concerne, nous autres au Sud, nous devons travailler davantage. Nous le savons, au sein dun projet qui est le Maghreb, on attend quil se concrétise. Plus on attend, plus les opportunités à saisir se réduisent alors quavec un projet global, la liaison Nord-Sud deviendra systématique pour ne pas dire naturelle. w F. N. H. : Quelles sont alors les priorités à traiter pour baliser la voie à la concrétisation de lUPM ? w H. A. : Nous avons besoin durgence dun instrument financier et économique pour viabiliser et lancer certains projets de grande envergure pour la région. Il faut évaluer la pertinence des options qui ont été prises en matière de priorité daction. Se demander si elles répondent bien à la création demplois et aux défis de léconomie mondiale; car, aujourdhui, nous sommes face à une nouvelle donne, un nouveau tournant créé par cette crise mondiale. Un instrument est nécessaire pour mettre de lordre dans nos priorités. Il faut aussi mettre de lordre dans nos moyens daction pour aider davantage à financer ces immenses projets.