* Un élu compétent, responsable sera dautant plus enclin à honorer son contrat électoral et à rendre compte à ses électeurs. * Les Collectivités locales au Maroc sont confrontées aux enjeux defficience, de performance et de compétitivité; elles sont appelées à se concurrencer pour attirer les investissements et offrir un meilleur cadre de vie aux citoyens. * Les Conseils communaux sont désormais appelés à inscrire leurs projets de développement économique et social locaux dans le sillage de la stratégie de développement nationale initiée par le Souverain. * Mohamed Fassi Fihri, wali-inspecteur général de lAdministration territoriale, explique. - Finances News Hebdo : Jusquà quel point les objectifs de transparence et déthique ont été respectés dans la gestion des communes lors des précédentes communales ? - Mohamed Fassi Fihri : Léthique et la transparence constituent le socle de la bonne gouvernance locale. Les pouvoirs publics nont pas cessé de faire de la moralisation de la vie publique un vecteur de modernisation de lAdministration et damélioration de lenvironnement des affaires et de la qualité des services rendus aux citoyens. Dans ce cadre, des réformes importantes ont été engagées pour consolider la transparence dans la gestion des services publics et de nombreuses lois et mesures ont été adoptées, notamment le renforcement de la légalité, la moralité, la transparence et la protection de lintérêt public à travers les dispositions de la loi 78-00 relative à lorganisation communale et la loi 79-00 relative à lorganisation des préfectures et provinces. En effet, la Charte communale promulguée en 2002, comporte de nombreuses dispositions ayant pour but de garantir la transparence et la moralisation de la vie publique parmi lesquelles certaines ont été érigées en un véritable statut de lélu local dont : Le droit reconnu à lautorité de tutelle de suspendre de leurs fonctions, ou de révoquer par décision motivée, tout membre du Conseil reconnu responsable dactes ou de faits graves contraires à la loi et à léthique du service public (art 21) ; Linterdiction pour les élus locaux dentretenir des intérêts privés avec la collectivité, soit à titre personnel, ou comme mandataire, soit au bénéfice de son conjoint, de ses ascendants et descendants directs, sous peine de révocation et sans préjudices des poursuites judiciaires (art 22) ; Lannulation de la délibération à laquelle a pris part un conseiller intéressé, soit à titre personnel, soit comme mandataire ou comme conjoint, ascendant direct, à laffaire qui a fait lobjet de la délibération (art 75). Cest dans ce cadre de moralisation de laction publique et de renforcement des règles déthique et de transparence que les institutions supérieures de contrôle (Cours Régionales des Comptes, Inspection Générale de lAdministration Territoriale, Inspection Générale des Finances) mènent régulièrement des missions daudit et dévaluation de la gestion des collectivités locales. A la suite de ces missions, les mesures qui simposent sont prises à lencontre des élus ayant été reconnus responsables dactes ou de faits graves contraires à la loi et à léthique du service public. De même, des recommandations sont constamment émises pour améliorer la gestion des affaires locales. - F. N. H. : Comment amener les futurs candidats aux communales à prendre des engagements fermes sur la notion de transparence à la veille des prochaines élections ? - M. F. F. : Les futurs candidats aux élections communales sont interpellés à davantage de transparence et déthique dans la gestion de la chose publique locale. Une série de réformes et de mesures ont été entreprises par le Royaume. Ces différentes actions visent notamment : la mise en place dun cadre juridique et institutionnel permettant la responsabilisation des élus dans lexercice de leurs fonctions communales ; la poursuite des efforts déployés par le Royaume pour lutter contre la corruption et les pratiques illégales dans la gestion publique conformément à la Convention onusienne contre la corruption que le Royaume a signée en décembre 2003 et laquelle est entrée en vigueur le 14 décembre 2005. Conscients des effets négatifs de la corruption sur la gestion publique, en général, et la bonne gouvernance locale en particulier, le Royaume du Maroc a mis en place tout un arsenal de mesures et de dispositions pratiques qui jettent les bases dune politique de prévention contre la corruption et qui sont de nature à limiter son impact négatif sur le plan socio-économique et à consolider les mesures répressives et de contrôle à même de venir à bout de ce fléau. Linitiative de SM le Roi Mohammed VI de créer une Instance Centrale pour la Prévention de la Corruption (ICPC), sinscrit parfaitement dans cet esprit de prise de conscience et traduit bel et bien la volonté hautement politique déradiquer ce fléau. Cependant, le cadre juridique et institutionnel ne saurait, à lui seul, suffire pour garantir une plus grande transparence dans la gestion des affaires locales. La mise en place dune Charte de bonne conduite constituerait une bonne base dengagement pour les élus locaux et un cadre moral dans lequel les comportements et décisions des élus devraient sinscrire. En effet, une Charte éthique de lélu est un processus à concevoir, progressivement, en tenant compte, à la fois, du contexte institutionnel, du système de valeurs, des qualités individuelles de lélu et des contraintes locales. Ce Code de conduite devrait revêtir un caractère contraignant qui implique des devoirs et des obligations pour les élus, ainsi que des outils de coercition. Elle passe également par le renforcement des moyens humains et matériels de la commune et une responsabilisation accrue des gestionnaires locaux ; un élu compétent, responsable sera dautant plus enclin à honorer son contrat électoral et à rendre compte à ses électeurs. Enfin, les médias et la société civile doivent jouer pleinement leur rôle pour assurer une veille permanente, infléchir les conduites et aider à lélaboration dun système déthique et de transparence de lélu. - F. N. H. : Quels repères crédibles faut-il donner aux citoyens pour leur permettre de procéder à un choix réfléchi de leurs représentants politiques ? - M. F. F. : Pour donner aux citoyens plus de visibilité et de repères leur permettant deffectuer leur choix lors des élections communales de 2009, le gouvernement a entrepris plusieurs réformes de nature à garantir une plus grande transparence du processus électoral. Il sagit notamment de la réforme du Code électoral (modification de lâge déligibilité et du taux de représentation des femmes), de la mise en place de la loi n°36-04 relative aux partis politiques laquelle favorise une plus grande transparence dans la composition, la gestion et le financement des partis politiques et de la réforme de la Charte communale en 2009 (amélioration de la gouvernance locale en uvrant à réunir les conditions en vue de constituer une majorité homogène au sein des Conseils communaux, dynamisation du rôle des Comités permanents, amélioration des prérogatives du secrétaire général). Outre les différentes réformes entreprises, le gouvernement, lors des dernières élections communales, a rempli tous ses engagements en fournissant toutes les garanties juridiques, techniques et pratiques pour assurer lhonnêteté et la transparence des opérations électorales. Dans lobjectif daméliorer la culture de transparence devant caractériser la gestion des deniers publics, les organes de contrôle ont mené différentes actions de communication pour rendre publiques certaines investigations, enquêtes et observations. La publication des rapports de la Cour des Comptes, les communiqués de presse de lInspection Générale de lAdministration Territoriale, entre autres, ont favorisé une diffusion élargie des travaux de ces deux institutions. Ceci a permis, dune part, de mettre en exergue les constatations les plus significatives à léchelon local et, dautre part, le développement dune culture de reddition des comptes. Cette nouvelle orientation des différents corps de contrôle participe aujourdhui au droit à linformation du citoyen, en lui fournissant quelques repères susceptibles de lorienter dans son choix entre les candidats des différentes instances politiques. Le programme politique des partis est également lun des critères déterminant le choix. En effet, il reflète les stratégies adoptées par les partis dans les domaines économique et social et renseigne sur les actions qui seront mises en uvre par les élus pour atteindre les objectifs fixés durant un mandat donné. Outre leurs missions dorganisation et de représentation des citoyens, les partis politiques jouent, aujourdhui, un rôle important en matière dencadrement politique de la population, de mobilisation des composantes de la société et de formation des élites capables dassurer des responsabilités publiques et danimer le champ politique. En matière de capacités de gestion, le niveau dinstruction des candidats constitue lun des critères principaux du choix du représentant des citoyens. En effet, la gestion de la chose publique locale nécessite la maîtrise des capacités managériales quune partie des élus locaux na pas forcément. Dans cet esprit, la Charte communale 2002 a exigé un niveau dinstruction équivalent, au minimum, à celui de la fin des études primaires pour lexercice des fonctions de président, ce qui est de nature à revaloriser les mandats locaux. En plus des compétences requises pour lappréhension de la complexité de la réalité locale et des défis du développement du territoire, les élus doivent aussi être dotés de certaines qualités, notamment lhonnêteté, lesprit civique, le volontariat, la crédibilité et la transparence. - F. N. H. : Comment créer un sursaut positif et faire des élections municipales de 2009 un épisode qui fasse avancer le processus économique au Maroc ? - M. F. F. : Les collectivités locales au Maroc sont confrontées aux enjeux defficience, de performance et de compétitivité ; elles sont appelées à se concurrencer pour attirer les investissements et offrir un meilleur cadre de vie pour les citoyens. Aujourdhui, le Maroc est en train de mener une stratégie de développement des villes. Cette stratégie est destinée à la réalisation de grands chantiers en matière daménagement urbain, de requalification des tissus urbains existants, de développement et de lutte contre la pauvreté par la mise en place dun certain nombre de programmes et projets structurants, notamment : Le programme de création de villes nouvelles ; Le programme «villes sans bidonvilles» ; Le programme de mise à niveau urbaine «PMANU» ; Le programme de Développement de la Ville ; LInitiative Nationale de Développement Humain (INDH) ; Le plan Azur Vision 2010 ; Le plan Emergence ; Le projet Tanger Med ; Laménagement de la vallée du Bouregreg. Cest dire que les enjeux des élections communales du 12 juin 2009 sont, non seulement politiques, mais aussi économiques et de développement. Les Conseils communaux sont désormais appelés à inscrire leurs projets de développement économique et social locaux dans le sillage de la stratégie de développement national initiée par Sa Majesté le Roi. Le renforcement de la confiance entre les citoyens, particulièrement les jeunes, et les Conseils élus constitue lun des grands enjeux qui se posent. Le rétablissement de cette confiance étant tributaire de la mise à niveau des communes sur tous les plans de façon à en faire une véritable locomotive pour le développement. Il appartient donc aux partis politiques de se préparer à ces échéances à travers lélaboration de programmes politiques de développement humain, économique et social clairs et réalistes ainsi que le choix de candidats, hommes et femmes, compétents, animés par le souci de servir le citoyen et lintérêt général et de barrer le route à quiconque chercherait à instrumentaliser les attentes des électeurs à des fins personnelles.