* Leffectif des personnes âgées de 60 ans et plus a été triplé, passant de 833.000 à 2,4 millions. * 49,6% des personnes âgées de 50 à 59 ont recours à lépargne comme ressource pour assurer leur vieillesse, alors que 46% comptent sur leurs enfants. La structure démographique du Maroc a enregistré une véritable métamorphose pendant les dernières décennies. Pour preuve, lespérance de vie, à la naissance, est passée de 47 ans, en 1962, à environ 72 ans, en 2004, tandis que le nombre moyen denfants par femme a régressé de 65%, en passant de 7,2% en 1962 à 2,5% en 2004. Cela sest traduit par une transformation de la pyramide des âges marquée par une régression de 13% des jeunes âgés de moins de 15 ans, pour se situer à 31,2%. En revanche, la frange des personnes âgées de 15 à 59 ans a grimpé de 12% pour dépasser le seuil de 60%. Par ailleurs, cette transition démographique a été caractérisée par une hausse des personnes de 60 ans et plus. En fait, leffectif de cette dernière a été triplé, passant de 833.000 à 2,4 millions dindividus, soit léquivalent de la population de la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer. Force est de constater que la part des personnes âgées de plus de 60 ans a connu le taux de croissance le plus élevé, soit 2,6%, contre un taux de croissance de lensemble de la population limité à 1,4%. Plus encore, cette tendance est appelée à se poursuivre, voire à saccélérer. Létude du HCP affirme qu «une telle évolution aura des conséquences démographiques et socio-économiques à différents niveaux : individuel et collectif». Seule une minorité bénéficie de la pension de retraite Le taux dactivité des personnes âgées de 60 ans et plus est de 26,6%. Ce taux est plus élevé parmi les hommes. Lenquête du HCP note que 63,6% des personnes de cette population ont déjà exercé une activité rémunérée. On constate, en effet, une forte discrimination suivant le sexe et le milieu de résidence, de sorte quune part très importante de femmes na jamais exercé une activité professionnelle. Sagissant des personnes de cet âge encore actives, plus de 70% affirment quelles travaillent pour leur propre compte, alors que 16,5% sont salariées et 10,9% sont employeurs. Ainsi, près de huit retraités sur dix devenus actifs sont créateurs demplois. Toutefois, les personnes ayant une retraite sont moins actives (12,1%) que celles qui nen ont pas (37,6%). Si lâge légal de départ à la retraite est de 60 ans au Maroc, lenquête révèle que lâge moyen au départ à la retraite est de 58,4 ans. Létude du HCP lève le voile sur la réalité de la couverture sociale au Maroc en affirmant que «16,1% des Marocains âgés de 60 ans et plus ont déclaré percevoir une pension de retraite, avec 30,4% pour les hommes, et à peine 3% pour les femmes». De plus, seuls 4,1% des personnes qui vivent dans le milieu rural bénéficient dune couverture sociale. Le sexe reflète, par ailleurs, cette réalité discriminatoire de sorte que le pourcentage des femmes âgées de plus de 60 ans bénéficiant dune pension de retraite est à peine de 10%. 39,2% de la population constituée de personnes âgées de 50-59 ans ont déclaré avoir lintention de cesser de participer à la vie active. Et si 12,1% de cette population considèrent que 60 ans est lâge idéal pour cesser toute activité, près des deux tiers des personnes âgées entre 50 et 59 ans déclarent navoir aucune idée sur lâge idéal pour sortir du marché du travail. La prépondérance du secteur informel, non couvert par un système de sécurité sociale, se reflète de manière significative sur la planification des ressources après la sortie du marché du travail. En effet, 49,6% ont recours à lépargne comme ressource pour assurer leur vieillesse, alors que 46,0% comptent sur leurs enfants. Le poids social des personnes âgées Si la majorité écrasante des hommes âgés de plus de 60 est mariée, les femmes, en revanche, même à un âge très avancé, finissent leur vie plus fréquemment dans le veuvage. Ce déphasage est expliqué par la différence de mortalité différentielle à lavantage des femmes et à la différence dâge entre les époux. Malgré les efforts dalphabétisation déployés par le Maroc en faveur des adultes, lécrasante majorité des personnes âgées de 60 ans et plus (82,6%) narrive pas à lire. En milieu rural, cet analphabétisme est plus prononcé quen milieu urbain avec, respectivement, 91,2% et 74,9%. Pour les femmes, il lest encore davantage, puisque 93,8% dentre elles ne savent pas lire, contre 70,5% dhommes. Létude du HCP stipule, par ailleurs, qu«au Maroc, à linstar des autres pays arabo-musulmans, la cohabitation des parents avec leurs enfants (52,4% ont déclaré vivre sous le même toit avec deux enfants et plus et/ou petits enfants (36,3%) est fréquente». Comparés au reste du monde ou aux pays développés, les Marocains âgés de 60 ans et plus vivent rarement seuls. Cette catégorie est limitée à 6,8% au niveau national contre 14% au niveau mondial et 24% dans les pays développés. En contrepartie, plus de la moitié (58,9%) fait partie des ménages de cinq personnes et plus. Cette solidarité représente pour la personne âgée, en particulier, et pour le reste de la famille, en général, la première protection contre les aléas de la vie. Les femmes aidées matériellement sont à raison de 67,3% veuves et de 28,7% mariées, alors que chez les hommes ce sont plutôt les mariés qui prédominent avec 87,6%. Finalement, on constate que le Maroc connaît des changements profonds en terme de structure démographique représenté par le début de vieillissement de la population. Si cette catégorie sociale a toujours été protégée par la famille, le changement de mode de vie risque de laffecter considérablement. Bref, les bienfaits de la solidarité familiale ne peuvent pas se substituer à laction publique. Ainsi, les politiques de soutien à la famille sont appelées à se développer à lavenir pour compléter, renforcer et consolider la solidarité familiale.