* Le paiement par cartes marocaines connaît un dynamisme soutenu et réalise une progression de 27%. Le paiement par cartes étrangères na progressé que de 8%. * La crise financière internationale a déjà commencé à produire ses effets néfastes sur lactivité monétique dès les premiers mois de lannée 2008. * Le point avec Rachida Benabdellah, Directeur général du Centre monétique interbancaire (CMI). Finances News Hebdo : Comment se présente lactivité monétique au Maroc en 2008 ? Rachida Benabdellah : Bien que lensemble des indicateurs soient au vert, les résultats partiels pour lannée 2008 tendent vers une évolution forte de lactivité domestique (opérations par cartes marocaines) contre une évolution modérée pour lactivité internationale (opérations par cartes étrangères). Cela est dû à lessoufflement touristique que connaît le Maroc depuis le début de lannée et qui est confirmé par les indicateurs communiqués par le ministère du Tourisme. Ainsi, au terme des 9 premiers mois de lannée, les paiements par carte bancaire chez les affiliés CMI ont dépassé 7 millions de transactions et ont totalisé 6,5 milliards de DH, en progression de 15% par rapport à la même période lannée précédente. Les cartes bancaires émises au Maroc ont réalisé 45% de cette activité et les cartes étrangères (hommes daffaires, touristes, MRE) ont réalisé 55%. Cependant, lactivité domestique (paiement par cartes marocaines) connaît un dynamisme soutenu et réalise une progression de 27%. Lactivité internationale quant à elle, (paiement par cartes étrangères) a progressé de 8%. On estime que cette tendance va se poursuivre jusquà la fin de lannée 2008 et se confirmera également en 2009. F.N.H. : Le marché est toujours dominé par les cartes de retrait, est-ce quil y a une évolution pour les cartes de paiement ? R.B. : Il y a une nuance, le marché démission nest pas dominé par les cartes de retrait, mais la monétique domestique est effectivement majoritairement orientée vers le retrait. En effet, sur les 5,12 millions de cartes bancaires émises au Maroc à fin septembre 2008, seules 1,24 million de cartes sont des cartes exclusivement de retrait ; ainsi, les cartes de paiement et de retrait représentent 76% des cartes marocaines en circulation à cette date. Cela étant, le retrait demeure lusage écrasant des porteurs de cartes au Maroc, sur la période des 9 premiers mois de lannée, les retraits despèces auprès des guichets automatiques bancaires (GAB) ont atteint pratiquement 80 millions de transactions pour un montant global retiré de 67 milliards de DH. Il faut toutefois signaler que le paiement progresse à une cadence plus élevée que le retrait, et cela est dû notamment aux efforts conjugués du CMI et des banques pour lencouragement de lusage des cartes en tant que moyen de paiement. F.N.H. : La crise financière n a-t-elle pas impacté les transactions monétiques surtout pour les touristes étrangers ? R.B. : Il est clair que lactivité monétique marocaine est encore fortement dépendante du tourisme, lui-même ne pouvant échapper à des aléas externes. Nous lavons déjà observé lors des années précédentes : attentats denvergure, guerres, Cette dépendance est en train dêtre réduite toutefois. Si en 2004, les cartes étrangères assuraient plus de 70% de lactivité monétique, aujourdhui les cartes marocaines en réalisent 45% et nous ne sommes pas très loin de la parité (attendue au 4ème trimestre 2009). La crise financière internationale a déjà commencé à produire ses effets néfastes sur lactivité monétique dès les premiers mois de lannée en cours : moins de touristes, moins de business international, cest aussi moins de cartes étrangères en circulation au Maroc mais également moins de dépenses par les cartes qui nous arrivent encore. Cest pour cela que des efforts importants sont axés sur le développement de la monétique domestique. La France, qui est le 1er pays touristique du monde en terme darrivées, avec plus de 60 millions de visiteurs par an, a une monétique domestique extrêmement développée qui représente 97% de lactivité globale dans ce pays. F.N.H. : Après les supermarchés, les restaurants, les magasins de prêt-à-porter, le CMI a mené une campagne auprès des stations-service et du secteur médical. Quel est le bilan de cette campagne ? R.B. : Cest vrai que des secteurs comme les supermarchés, les restaurants ou les magasins de prêt-à-porter ont été des cibles de prédilection des banques pour les équiper en priorité de TPE. Ces secteurs concentrent jusquà présent les opérations de paiement pour les cartes marocaines. CMI, après avoir mis en place une plate-forme monétique performante, a réalisé linteropérabilité nationale retrait et donné naissance à le-commerce sécurisé, est en train de mener des actions pour équiper des secteurs qui ont été, jusquà présent, plutôt exclus du paiement par carte, il sagit tout dabord du secteur médical (pharmacies, laboratoires, cliniques et même médecins) et bien sûr le secteur stratégique que représentent les stations-service. Quantitativement et sur les 9 premiers mois de lannée, ce sont 335 stations service et 333 professionnels de la santé qui utilisent régulièrement leur TPE. F.N.H. : Certains utilisateurs de cartes monétiques se plaignent parfois de lindisponibilité du réseau ou de la défaillance de certains GAB. Quel est le taux de défaillance du réseau ou, du moins, le degré de satisfaction des clients adeptes de la monétique ? R.B. : Il est difficile de donner un taux de disponibilité global pour le réseau des GAB national. En effet, celui-ci varie dune banque à lautre mais demeure très satisfaisant. Le parc GAB connaît une extension soutenue avec 326 nouvelles installations à fin septembre 2008, ce qui permet au réseau GAB datteindre 3.481 guichets couvrant toutes les localités du Royaume. Sur ce registre, les banques font un travail remarquable et ne cessent dinnover avec des nouvelles fonctionnalités offertes sur leurs GAB : paiement de factures, achat de recharges téléphoniques et, depuis peu, le versement automatique de billets de banque.