* Il reste du pain sur la planche au niveau de la législation marocaine dans la mesure où la notion de groupe nest pas encore définie. * Un projet de loi, conçu en 1998, régissant lensemble des points relatifs à la consolidation des comptes, na pas encore vu le jour. La tendance vers une concentration des capitaux est lun des principaux traits caractérisant léconomie libérale. Certains économistes estiment que le poids des grands holdings représente une mesure de développement de léconomie de chaque pays. Cela suppose, par ailleurs, une évolution du cadre juridique régissant la vie des groupes. En analysant le code de commerce national, on constate que le flou persiste en terme de définition de la notion de groupe. En effet, il nexiste aucun article du code de commerce traitant de la comptabilité des groupes. Certes, le Code général de la normalisation comptable a consacré tout un chapitre à la consolidation des comptes, mais, étant donné que cest une loi supplétive, le CGNC na pas la valeur juridique dun texte de loi. Par conséquent, en cas de différend, les états de synthèse consolidés, principaux documents reflétant la situation financière et patrimoniale de lentreprise, ne représentent pas de preuves auprès des tribunaux de commerce. Par ailleurs, linadéquation du système fiscal avec la comptabilité des groupes demeure la pomme de discorde et constitue lobjet dun différend entre les contribuables et lAdministration fiscale. Retard juridique par rapport à la réalité économique Lentreprise marocaine na pas échappé à la règle en terme de mouvement de concentration, de sorte que léconomie nationale compte plusieurs holdings opérationnels au niveau international. En plus, la scène entrepreneuriale a enregistré des mutations profondes représentées par des mouvements de regroupement des entreprises familiales. Cependant, il reste encore du pain sur la planche au niveau de la législation marocaine dans la mesure où la notion de groupe nest pas encore définie par le législateur. Seuls deux articles de la Loi n° 17-95 sur les sociétés anonymes répondent à la question des groupes. Il sagit de larticle 143 donnant une définition basique des filiales et larticle 144 définissant le cadre dans lequel une société en contrôle une autre. Toutefois, en faisant une comparaison avec la législation française, principale source des normes marocaines, on constate un retard considérable en matière de textes juridiques relatifs à la consolidation. Outre la détermination du périmètre de consolidation, la méthode, les conditions détablissement des comptes consolidés (taille de société, nature des relations..), le Code de commerce français définit même le contenu du rapport consolidé de gestion qui doit accompagner les comptes consolidés et les obligations de contrôle et de publicité des comptes consolidés. Le «manque» dun cadre réglementaire définissant la comptabilité des groupes que certains juristes considèrent comme un «vide juridique», se traduit par un manque de transparence en matière de présentation de limage fidèle des groupes. En conséquence, dans le cas dun différend, les concernés sont appelés à présenter, auprès des tribunaux, une comptabilité individuelle même sil sagit de sociétés-mères contrôlant plusieurs filiales. Et pour cause, le Code de commerce ne définit pas la notion de groupe pour pouvoir avoir recours aux comptes consolidés. Sur un autre registre, celui de la certification des comptes des holdings par un commissaire aux comptes, la question de limage fidèle se pose avec acuité suite à labsence dune couverture juridique. Un texte de loi qui na pas vu le jour Pour remédier à la situation, un projet de loi a été déjà conçu en 1998, régissant lensemble des points relatifs à la consolidation des comptes (voir encadré). Cependant, ce projet est tombé dans loubli. La comptabilité est conçue prioritairement pour faciliter le contrôle fiscal. Néanmoins, lorsque celle-ci ne correspond pas à la réalité économique de lentreprise, elle constitue un obstacle à lexercice dun contrôle efficace. À titre indicatif, parmi les apports de la consolidation des comptes, le principal est dassurer la compensation des résultats déficitaires dune société, dun groupe par les résultats bénéficiaires des sociétés du même groupe. Cet objectif nest pas atteint à cause de la séparation de résultats des filiales. Il est rare dailleurs que lAdministration fiscale établisse des liens de dépendance facilitant le redressement du transfert des bénéfices des filiales dun même groupe. Ainsi, labsence dune fiscalité de groupe empêche le respect des principes fondamentaux du système fiscal. En fait, nombreux sont les dirigeants qui déplorent la pression résultant de linadéquation du contrôle fiscal à la réalité économique des groupes. Finalement, si les entreprises marocaines ont fait preuve, ces dernières années, dun fort potentiel de croissance et de concentration, le cadre juridique actuel régissant cet aspect est dépassé. Il est temps de remédier à cette contrainte.