* Le régime de change, basé sur le rattachement du Dirham à un panier composé de l'Euro et du Dollar, a contribué à la stabilité macroéconomique. * Bonne tenue des réserves en devises et de lassouplissement de la contrainte financière représentée par la dette extérieure. Reconnaissant que «Bank Al-Maghrib a bien géré la vigueur de la demande intérieure et que le niveau de l'inflation reflète largement l'impact de phénomènes exogènes», la récente mission du FMI à Rabat considère que l'orientation de la politique monétaire reste appropriée dans la conjoncture économique actuelle. Un bémol est toutefois signalé : les décisions de politique monétaire pourraient s'avérer plus difficiles dans la période à venir et la mission a pris bonne note de la détermination de BAM à maintenir la stabilité des prix. Dans ce sillage, on estime que le régime de change, basé sur le rattachement du Dirham à un panier composé de l'Euro et du Dollar, a contribué à la stabilité macroéconomique. Pour les experts du FMI, «les analyses suggèrent que le niveau du taux de change soit en ligne avec les fondamentaux économiques». Des avancées sont à signaler à linstar de la bonne tenue des réserves en devises et de lassouplissement de la contrainte financière représentée par la dette extérieure. Mais le Maroc est-il en mesure de libéraliser totalement le Dirham en permettant notamment la convertibilité des opérations encore soumises à autorisation et celles interdites? Le processus devrait assurer laccès libre aux devises par les résidents, sans pour autant accélérer lérosion des réserves de change et induire des fluctuations de la parité du Dirham. Autre question à lordre du jour : Bank Al-Maghrib est-elle en mesure dassurer les interventions nécessaires pour acheter les dirhams en circulation à létranger et, partant, garantir la parité du Dirham à des niveaux acceptables qui ne soient pas préjudiciables aux équilibres économiques ? La conjoncture actuelle, marquée par la fragilité des comptes extérieurs (dune part, le poids du déficit commercial et la charge de la dette extérieure publique qui absorbent une part non négligeable des recettes des exportations. Dautre part, la dette privée qui marque un trend haussier constant depuis linstauration du libre accès aux financements extérieurs), plaide pour une démarche prudente pour préserver les acquis macroéconomiques. «Plutôt que de précéder la dynamique densemble, la perspective dune convertibilité intégrale devrait être la résultante de laboutissement des programmes de mise à niveau de léconomie, de maîtrise des coûts des facteurs ainsi que lappui à linnovation pour assurer la compétitivité de léconomie nationale», a souligné Youssef Oubouali, professeur universitaire. Au chapitre financier, cette perspective nécessite que le système financier, dans sa globalité, accompagne les dynamiques de réforme en offrant des instruments de financement compétitifs indispensables à toute croissance forte et soutenue au Maroc. Les fluctuations des devises au cours de ces derniers mois plaident pour une telle démarche. Flash-back : durant les deux premiers mois de lannée 2008, et comparativement à la même période de lannée précédente, le volume des opérations sur le marché des changes sest globalement accru, à lexception des ventes de devises par Bank Al-Maghrib qui se sont inscrites en baisse. Ces dernières se sont chiffrées, en moyenne, à 2,9 MMDH, en recul de 22,1%, attribuable notamment aux opérations dachat et de vente de devises effectuées par les banques auprès de leurs correspondants étrangers qui ont progressé, en moyenne, de 2,6% atteignant 49,6 MMDH à fin février 2008. Quant aux opérations dachat et de vente au comptant, réalisées sur le marché interbancaire, elles sont restées quasiment stables dune année à lautre, pour sétablir en moyenne à 15,9 MMDH. Sagissant des devises placées à létranger par les banques, celles-ci ont augmenté de 11,2% pour atteindre 20,2 MMDH en moyenne. Enfin, les achats de devises à terme, initiés par les importateurs, sont passés en moyenne de 14,7 MMDH à 19,1 MMDH. Cette hausse est liée partiellement aux incertitudes entourant la parité Euro/Dollar, conjuguées aux tensions relevant du rythme daccroissement prévisible du cours du pétrole. Les opérations de vente de devises à terme ont, quant à elles, plus que doublé pour atteindre 1,3 MMDH. Pour rappel, le 2ème semestre 2007 aura été caractérisé, au plan financier, par lentrée en vigueur de nouvelles mesures destinées à assouplir la réglementation des changes au Maroc. Les 6 circulaires dapplication publiées par lOffice des changes viennent renforcer le processus de convertibilité minimale enclenché en janvier 1993 par ladhésion du Maroc à larticle 8 des statuts du FMI. Ainsi, la libéralisation progressive de la convertibilité du Dirham permet de constater que les opérations courantes de la balance des paiements sont totalement convertibles depuis 1993. Les opérations en capital ont gagné davantage en libéralisation avec les nouvelles mesures prises en 2007. Tout en consolidant le processus de libéralisation, ce nouveau train de mesures ne devrait pas perturber la conduite de la politique économique, notamment au plan de la défense de la valeur de la monnaie nationale via la maîtrise du taux dinflation. Cependant, et en dépit de cette marche vers la libéralisation des changes, de nombreuses opérations restent, soit soumises à autorisation, soit carrément interdites telles louverture de compte par des résidents auprès de banques étrangères et leur alimentation à partir du Maroc. Ces restrictions visent à éviter la sortie massive de capitaux partant de lépargne locale vers les places financières étrangères et à préserver les réserves de change et léquilibre de la balance des paiements.