L'information financière est la pierre angulaire de toute la législation boursière. En effet, la Bourse étant un marché appelé à concentrer et à véhiculer l'épargne nationale, les différents intervenants à son niveau devraient être immunisés contre toute Le droit boursier consacre le délit d'initié ou l'abus d'information privilégiée (circulaire n° 06/97), et la diffusion d'informations fausses ou trompeuses (circulaire n° 07/97), ceci dans le but de rendre le marché aussi transparent que possible pour qu'il n'ait à subir que les fluctuations de l'offre et de la demande. L'information financière sert aussi à rendre publics certains comportements du fait de leurs répercussions sur le cours normal du marché. Il en est ainsi du ramassage en Bourse qui consiste à acquérir le plus discrètement possible des actions cotées sur le marché. La loi oblige en effet ceux qui sont à l'origine de ce genre de pratique à déclarer leurs intentions et à rendre publiques leurs acquisitions. Aussi, l'annonce d'une fusion-absorption n'est pas sans constituer une information majeure pour le marché, l'une des sociétés à l'opération devant purement et simplement disparaître. La Bourse de Casablanca a connu plusieurs grandes opérations de concentration ; deux d'entres elles sont presque finalisées ou en passe de l'être, et d'autres posent particulièrement problème ; et il est intéressant de revenir sur ces opérations. Le secteur pétrolier La SAMIR et la SCP ont décidé après délibération de leurs Conseils d'administration respectifs en date des 6 et 7 avril 1999, la fusion-absorption de la SCP par la SAMIR. Cette fusion, comme tient à le rappeler la note d'information véhiculée à cet effet, intervient essentiellement pour des raisons économiques ; elle ne vise pas une simple optimisation fiscale, ni une restructuration financière. Il s'agit d'une fusion-développement conçue à partir d'un plan stratégique d'expansion de deux entités complémentaires et présentant une synergie dans les missions, les structures, les moyens humains, matériels ou financiers et dans la gestion. L'opération ne pouvait donc présenter que des effets bénéfiques pour les actionnaires de la SCP. De plus, la note d'information tient à préciser que la formule qui a été retenue pour la fusion suit le processus juridique prédéfini dans un souci de transparence privilégiant ainsi les actionnaires minoritaires des deux entités. Secteur BTP Le secteur BTP a connu une augmentation de capital de CIMAR par fusion-absorption d'ASMAR ; ici les objectifs ont été différents. L'objectif principal de l'ensemble fusionné était d'améliorer les conditions d'approvisionnement du marché tout en créant de la valeur pour les actionnaires. Là encore, les sociétés ont tenu à s'adresser directement aux actionnaires minoritaires les rassurant sur l'égalité de traitement qui leur sera accordé. Les secteurs qui font tâche Incontestablement, le secteur des holdings et le secteur bancaire sont ceux qui ont fait tâche au cours de l'année écoulée. L'affaire Financière Diwan (FD) a pesé sur le premier à cause d'une regrettable formulation du communiqué de l'ONA qui tenait beaucoup plus de l'ultimatum que de l'information. En effet, ledit communiqué précisait que les actionnaires de FD étaient invités à céder leurs titres à l'ONA moyennant un prix (qui n'est pas contestable) avant que cette dernière ne provoque la radiation du titre FD de la cote ; or, le Règlement général de la SBVC précise que seule la société gestionnaire est habilitée à prononcer la radiation d'un titre de la cote. L'opération dans son ensemble ne prête pas à discussion, si ce n'est son volet « information financière » qui a été mal maîtrisé, d'où la gêne ressentie par les actionnaires minoritaires et une partie de la presse. Dans un tout autre contexte, mais toujours en relation avec les droits des minoritaires, l'affaire BNDE-BMAO continue de soulever des réactions, opposées du reste. L'information financière paraît mal maîtrisée au vu des remous qu'elle provoque sur notre marché boursier, fait d'autant plus regrettable que la législation boursière semble expressément dédiée à sa protection.