Le danger dune pandémie de grippe est bien présent. Pour mieux sy préparer, lHôpital Cheikh Zaïd a organisé une réunion pour faire le point sur la grippe aviaire, principal facteur de transmission. Depuis novembre 2005, le Maroc se prépare aussi à faire face à une pandémie qui toucherait 25 % de la population si elle survenait. LHôpital Universitaire International Cheikh Zaïd a organisé une réunion sur la grippe aviaire dans le cadre de ses Assises Médicales de Formation. Les médecins des hôpitaux et les médecins généralistes, ainsi que les responsables des autorités sanitaires et universitaires médicales y ont pris part pour faire le point sur lévolution de cette épidémie qui peut engendrer une pandémie de grippe. Depuis déjà deux ou trois années, la théorie dune éventuelle pandémie de grippe hante les prévisions des spécialistes mondiaux de la santé. En effet, on craint léclosion dun virus grippal mutant, résistant aux vaccins et indifférent aux anticorps. Il ravagerait la moitié de la population et tuerait des gens par millions dans le monde entier. Un argument chronologique renforce cette crainte. Puisquil y a eu 3 pandémies le siècle dernier, avec un intervalle moyen de 30 ans environ, la dernière étant survenue il y a 37 ans en Espagne et aurait été dorigine aviaire. Les scientifiques ont ainsi déterminé plusieurs voies de transmission de cette grippe. Directement du poulet à lhomme mais non contagieux entre humains, comme ce fut le cas lhiver dernier quand le virus de la grippe aviaire avait tué des dizaines de personnes en Asie et entraîné la destruction de 100 millions de poulets à travers le monde. Soit par association entre le virus du poulet et un autre, contagieux pour lhomme ou bien par contagion du virus aviaire directement à travers lhomme. Ces réarrangements génétiques du virus peuvent également se produire spontanément par contagions entre humains. Ce fut apparemment le cas pour la grippe espagnole de 1918. Au Maroc, selon les chiffres du ministère de la Santé, limpact dattaque moyen toucherait 25 % de la population en cas de pandémie de grippe. La population cible est estimée à 5.500.000 personnes Quel plan de préparation ? Au Maroc, les autorités ont déjà annoncé un plan de lutte national qui suit les recommandations de lOMS en matière de stocks de médicaments. Le plan de préparation marocain repose sur la restriction des activités à risques. Par exemple, la prolongation de l'interdiction d'importation de toutes volailles vivantes et de produits originaires de volailles à partir de tous les pays déclarés infectés par la maladie connus jusqu'à présent. Et aussi, le Comité National de Vigilance de l'influenza est chargé de suivre et d'évaluer les développements de la situation sanitaire internationale à l'égard de la maladie et de maintenir une veille sanitaire permanente et rapprochée au niveau national aviaire. Le plan comporte aussi la vaccination, lhygiène et linformation. Cependant, en ce qui concerne la préparation à la pandémie et la communication, comme dans beaucoup dautres pays, tout nest pas encore prêt. De même que dans le cadre de lorganisation des soins, le gouvernement marocain a acquis un premier stock dantiviraux suffisant pour couvrir 1,5% de la population seulement. LOMS recommande des stocks de médicaments antiviraux (Oseltamivir) qui doivent couvrir 20 à 25% de la population. Seuls quelques pays sur les 192 membres, comme la Hollande, la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Suisse, la Finlande ou encore le Japon et la Nouvelle-Zélande ont respecté ces taux. La communication sur la grippe aviaire est aussi un point essentiel pour se préparer à gérer une éventuelle crise sanitaire. Ainsi, la rencontre entre spécialistes et médias répond à une véritable attente du fait que la presse marocaine manque réellement de sources d'information. A ce propos, un récent sondage a été publié mettant en lumière ce besoin. Il semble évident quune population bien informée sur la maladie et les moyens de la traiter, ainsi que les mesures des pouvoirs publics pour la contrôler est une excellente démarche pour rassurer la population et éviter les comportements de panique. Mais à présent, cest lefficacité et les moyens mis en uvre pour leur réalisation en cas de pandémie qui sont à confirmer. Le Dr Lee Jong-Wook, Directeur général de lOMS a déclaré: « Le monde entier reconnaît qu'il s'agit là d'un défi majeur pour la santé publique. L'OMS est prête à déployer ses ressources pour réduire le risque de pandémie humaine. Nous devons maintenant tester les plans que nous avons élaborés. Lorsquapparaîtra un virus pandémique, il sera trop tard». Il faut dire que les voies de recours médicaux sont limités. Il y a les traitements symptomatiques habituellement utiles pour réduire les symptômes, mais ils nauront aucun intérêt devant la gravité dune grippe pandémique et devant le risque vital qui sensuit. Les vaccins ont une efficacité limitée. Pour avoir un vaccin efficace, il faudra attendre que le premier cas de pandémie se déclenche pour pouvoir identifier la souche du virus; ensuite, il faudra synthétiser le vaccin et le produire en quantité suffisante pour vacciner les populations. Idem pour les traitements antiviraux. La première génération de ces traitements est inefficace contre la grippe aviaire. Par contre, il existe une nouvelle génération dantiviraux, appelés «inhibiteurs de la neuraminidase», qui eux agissent sur ce virus et sur toutes les souches connues de virus influenza. L'OMS recommande dailleurs aux gouvernements de tous les pays de stocker lun dentre eux, dans le cadre d'une préparation à la pandémie, ou plan daction anti-grippe aviaire Il faut préciser quune bonne préparation sous-entend la capacité de traiter tous les patients qui seront atteints de grippe en cas de pandémie, soit environ 25% de la population, et ce en utilisant les traitements antiviraux (dans l'attente du vaccin). Les gouvernements des pays et autorités responsables sont donc appelés à constituer des stocks suffisants de médicaments, dans lattente de la possibilité dune vaccination spécifique à la pandémie. Le Maroc devra donc accélérer la cadence pour acquérir des stocks suffisants pour couvrir 25 % de la population au moins comme le recommande lOMS.