* Premier bailleur de fonds au Maroc, l'UE lance une campagne de visibilité sur ses actions dans le Royaume. q En 2006, l'Union a versé au Maroc 286 millions d'euros, plus de trois milliards de DH, soit + 150 % par rapport à 2003. * La délégation de la Commission européenne a présenté aux Etats membres des propositions pour renforcer la coopération bilatérale. * Sur le Fonds qui succèdera à MEDA II, le Maroc devra obtenir une enveloppe en augmentation de 20 à 25 %. Suite à un sondage réalisé récemment, la Commission européenne en Europe a été confortée dans son impression du manque de visibilité de ses efforts au Maroc par le grand public. Ainsi, selon les interviewés, les Américains sont en tête de classement concernant les aides financières qu'ils apportent, suivis des Français et en troisième lieu de l'Union européenne. Or, l'UE est le premier bailleur de fonds au Maroc, d'où cette initiative de la Commission de lancer une campagne de communication, baptisée « UE-Maroc, échanger et partager » pour donner plus de visibilité mais aussi de lisibilité aux actions d'appui qu'elle mène au Maroc. Cette campagne a été déclinée par Bruno Dethomas, Ambassadeur, chef de la Délégation de la Commission européenne au Maroc, qui a établi un bilan de la coopération entre l'Union et le Maroc. L'UE appuie le Maroc dans toutes ses réformes mais aussi la société civile. Rien qu'en 2006, l'Union a versé au Maroc 286 millions d'euros, plus de trois milliards de DH, soit + 150 % par rapport à 2003. Le Maroc s'accapare ainsi 35 % des dons destinés à la région MENA. La semaine dernière, la Commission européenne avait avancé aux Etats membres nombre de propositions à même de renforcer la politique européenne de bon voisinage au Maroc. Elle a proposé entre autres une intégration économique plus poussée, une facilité de la mobilité dans les deux sens et une coopération politique plus intense. De même qu'un nouveau texte sur les bourses de voisinage vient d'être adopté et entrera en vigueur en janvier 2007. Ce texte veut donner un visage plus humain à la coopération Maroc-UE et encourager les étudiants et chercheurs en leur accordant bourses et financements de leurs recherches. Le Maroc, bénéficiant d'une facilité de gouvernance, devrait en principe recevoir plus de financement dans le cadre du nouveau fonds en cours de finalisation qui succédera à MEDA II. « On est en train de finaliser le programme financier 2007-2012 avec une enveloppe pour le Maroc qui sera en augmentation chaque année, par rapport à MEDA II, de 20 à 25 % », explique Dethomas. Il a par ailleurs tenu à souligner que ce n'est pas la Commission qui fixe les montants, elle ne fait que des propositions, de plus en plus ambitieuses, et ce sont les Etats membres qui décident par la suite. Il faut savoir que l'instrument de financement de bon voisinage pour la prochaine période budgétaire, qui s'étend jusqu'en 2013, est de 12 milliards d'euros, soit une augmentation de 32 % par rapport aux périodes précédentes. C'est déjà très important puisque, selon l'expérience de Dethomas en Europe centrale, si l'on additionne l'aide de l'Union à l'aide des Etats membres au Maroc, on est au-delà de ce que faisait l'Union pour la Pologne. « Il faut bien se rendre compte que l'effort est tout sauf négligeable », explique-t-il. De même la Commission a proposé la création d'un fonds d'investissements en faveur de la politique européenne de bon voisinage, dans toute la région MENA, qui pourrait servir à mobiliser des prêts supplémentaires de la BEI et d'autres organismes financiers de développement. La contribution du budget communautaire serait de 700 millions d'euros. Elle a proposé de consacrer 300 millions d'euros à une facilité « gouvernance », visant à fournir une aide complétant les enveloppes nationales normales, encourager et soutenir les travaux des pays partenaires qui ont accompli le plus de progrès dans la mise en uvre de leurs plans d'action. Dans ce sens, le Maroc est bien placé pour en bénéficier. Sur le statut avancé, le chef de la Commission européenne est convaincu qu'en présentant la proposition de renforcement de PEV, il faut savoir que dans le système européen, la Commission a le monopole de la proposition mais ce sont les Etats membres qui décident là encore. Concernant ces propositions avancées par la Commission européenne la semaine dernière, on espère qu'elles seront adoptées en début 2007. Il y a notamment une communication à côté de celle sur le bon voisinage, qui passe en revue l'ensemble des politiques et des agences européennes qui pourraient être ouvertes plus près des partenaires, le Maroc en l'occurrence. « Et là aussi, depuis que je suis arrivé au Maroc, je reste persuadé que l'on peut faire la démonstration que la PEV est un succès avec le Maroc », explique-t-il. Il faut noter que jusqu'à présent, l'Europe n'a eu de politique de bon voisinage qui a eu un succès que quand elle a fait adhérer les Etats membres. Le Maroc est le seul pays non-membre de l'Union où la seule politique de bon voisinage ait marché, sans qu'il y ait adhésion à l'Union. « Nous sommes aujourd'hui de la limite, non pas qu'on va s'arrêter à s'élargir, mais on sent bien que sur le plan décisionnel c'est de plus en plus compliqué. Et donc, il faut trouver une politique qui aide, de la même façon que nous avons aidé des pays par l'adhésion à l'Union européenne, des pays proches à se développer sans leur garantir l'adhésion. Je crois que cela correspond exactement au statut avancé que demande SM le Roi Mohammed VI », tranche Dethomas. Ce qui semble aujourd'hui comme priorité pour la Commission européenne, dès lors qu'il y a une volonté d'intégration économique très forte, est de développer les normes européennes qui aideront le Maroc non seulement à entrer en Europe mais dans le monde entier. Maintenant, l'objectif pour le Maroc est dintégrer certaines politiques de l'UE pour se rapprocher chaque jour un peu plus de ce gros marché intérieur. « Le jour où les opérateurs du marché européen se diront que l'intégration du Maroc dans le marché intérieur est inéluctable, alors vous aurez les mêmes niveaux d'investissements directs de l'étranger, sans lesquels il n'y aura pas de développement durable au Maroc », ajoute Bruno Dethomas. Pour lui, ce n'est pas l'aide européenne mais les investissements directs de l'étranger qui font la différence dans le monde entier. Donc, c'est la crédibilité du processus que l'UE et le Maroc mettent en uvre ensemble qui fera que le Maroc aura cet apport en investissements directs étrangers qui lui permettront de réduire la différence de richesse qu'il a aujourd'hui avec l'Europe.