En 2016, le taux d'activité des hommes a dépassé 70% contre 23,6% pour la gente féminine, qui continue d'être sous-représentée dan la catégorie des chefs ou dirigeants d'entreprises. Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, est un motif conséquent pour se pencher sur les conditions des femmes au Maroc, notamment sous l'angle de l'autonomisation et de l'émancipation économique. Les nombreuses études du haut-commissariat au Plan (HCP) et bien d'autres sont édifiantes quant à la surreprésentation des femmes dans des registres peu reluisants au Maroc (analphabétisme, inactivité, emplois informels et précaires, etc.). Les organismes internationaux ne cessent de recommander au pays d'exploiter au mieux le grand potentiel de la gente féminine afin de générer une croissance inclusive. Malgré ces injonctions et les multiples initiatives de nature à promouvoir l'entrepreneu riat féminin, les femmes gèrent ou dirigent autour de 10% des entreprises du pays. Ce qui demeure trop modeste par rapport à leur nombre au Maroc (un peu plus de 15 contre 14,6 millions d'hommes). Au-delà de cette situation qui laisse dubitatif sur l'efficacité des initiatives publiques, associatives et privées allant dans le sens de la promotion de l'entrepreneuriat féminin, force est de constater que l'esprit d'initiative de la gente féminine continue d'être bridé par certains facteurs socioculturels. Même si les mentalités évoluent, une partie de la population considère que les femmes doivent en priorité exercer les tâches domestiques. Cela dit, il est assez encourageant et de bon augure de constater qu'un dossier sur deux concernant la demande d'obtention du statut de l'autoentrepreneur concerne la gente fémine. Ce qui témoigne amplement du dynamisme et de l'esprit entrepreneurial dont font preuve les Marocaines. Au final, en dépit des progrès substantiels apportés par la Constitution de 2011 sur l'égalité homme-femme, du chemin reste encore à faire pour augmenter le nombre de femmes chefs d'entreprises au Maroc. Par M. Diao
Paroles de pro : Siham El Mejjad, CEO de 2WLS «Il n'est pas surprenant de voir que les femmes ne dirigent ou ne gèrent que 10% des entreprises au Maroc, car l'entrepreneuriat est inhibé d'une façon générale dans notre pays. Entreprendre au Maroc, quelque soit le sexe, est perçu comme une chose extraordinaire, donc inaccessible. Le chiffre susmentionné montre que la gente féminine n'est pas suffisamment soutenue pour la création d'entreprise. On doit cesser de parler d'entrepreneuriat féminin au Maroc, dans la mesure où il s'agit d'encourager le fait d'entreprendre pour la création de richesse et d'emplois. De ce fait, je suis contre le principe de discrimination positive en faveur des femmes, notamment pour l'encouragement à la création d'entreprise. En discriminant de cette façon, on risque de renforcer la fausse idée qu'il est davantage diffi cile pour les femmes d'entreprendre au Maroc que les hommes. A mon sens, la femme est mieux prédisposée que l'homme pour entreprendre, car de par sa nature, elle est plus apte à sortir de sa zone de confort. Je fais allusion à la maternité. Cela dit, au niveau de l'entrepreneuriat et de l'éducation, certains facteurs socioculturels sont pénalisants pour l'épanouissement des femmes. Certaines familles n'hésitent pas à limiter le niveau d'études des filles afin de les confiner dans la sphère famille pour l'accomplissement des tâches domestiques».