Des contraintes administratives, notamment la loi 66-12, ralentissent les chantiers. Le segment de la classe moyenne nécessite de nouvelles incitations de l'Etat, comme l'ouverture du foncier public ou la construction en hauteur. C'est une année assez moyenne que le secteur immobilier a traversée en 2016. Plusieurs créneaux connaissent un certain ralentissement, d'autres résistent et d'autres encore sont carrément en recul. Concernant 2017, des professionnels estiment qu'il n'y a pas assez de visibilité et plusieurs facteurs peuvent impacter l'activité. «Au vu des chiffres dont nous disposons, nous constatons des prémices de relance, surtout en ce qui concerne la production de ciment, les derniers chiffres concernant les taux de crédit et de financement. Les promoteurs émettent toutefois des réserves concernant la bonne tenue du secteur en 2017. En cause, les problèmes de réglementation qui inquiètent de plus en plus les opérateurs», affirme Ikbal Kettani, directeur délégué de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). En effet, les professionnels du secteur n'ont pas hésité à manifester leur grogne vis-àvis de la loi 66-12 relative à l'urbanisme. Telle qu'adoptée actuellement, elle pourrait entraver l'avancement des chantiers, sans oublier les mesures administratives qui posent souvent des difficultés, y compris sur le plan fiscal. «Les opérateurs sont décidés à accompagner la politique publique en matière de réduction du déficit du logement, mais ces mesures sont souvent sources de blocage pour nous. Les pistes de croissance se situent surtout dans le segment du moyen standing et du logement pour la classe moyenne. Il est grand temps de lancer ces produits et ce n'est que grâce à de nouvelles mesures urbanistiques que l'on y arrivera», affirme Kettani. Parmi les mesures évoquées par les promoteurs, figure notamment l'introduction de la verticalité. Il est question de résoudre en quelque sorte la problématique du foncier pour doper l'offre dédiée à la classe moyenne. «C'est un segment où il y a de grandes potentialités vu la demande. Mais les produits existants sont inaccessibles pour la population cible, car les mesures déployées par l'Etat restent inefficaces. Il faut lancer de nouvelles incitations qui ne sont pas forcément fiscales pour dynamiser cette catégorie, comme l'ouverture du foncier public», indique Kettani. Le segment du logement social qui a connu une perte de vitesse ces derniers temps est à la recherche d'un nouveau souffle. Il reste pénalisé par plusieurs contraintes comme le resserrement des crédits par les banques devenues très regardantes et exigantes quant au profil du demandeur. «Si les conditions de financement, notamment du Fogarim sont relancées, le secteur continuera à bien se tenir. Quant au haut standing, celui-ci ne représente que 5% du marché et continuera à obéir à la règle de l'offre et de la demande», souligne Mohamed Alaoui, expert en immobilier. Par C. Jaidani Les produits islamiques donneront-ils un coup de pouce ? Le démarrage des banques participatives est très attendu. Les avis sont partagés quant à leur rôle dans la relance du secteur immobilier. Certains spécialistes estiment que plusieurs clients n'ont pas opté pour le crédit classique à cause de leurs convictions religieuses et ils seraient tentés par la formule «mourabaha». D'autres experts pensent que les produits islamiques sont pénalisés par la fiscalité et ne sont pas compétitifs sur le plan commercial. Leur clientèle sera minime voire insignifiante. Pratique : TPI La taxe sur les profits immobiliers (TPI) est due par les vendeurs, personnes physiques ou morales, dont le montant de vente excède 60.000 dirhams. Elle est établie sur les profits réalisés à l'occasion de la vente d'immeubles situés au Maroc ou de la cession de droits réels immobiliers portant sur de tels immeubles. En outre, la taxe sur les profits immobiliers doit être versée à l'administration fiscale dans les deux mois qui suivent la date de la vente. Le taux de la taxe sur les profits immobiliers s'élève à 3% du prix de la vente (cotisation minimale) ou 20% du profit taxable s'il est supérieur à la cotisation minimale. Le produit imposable est la différence entre le prix de cession, diminué des frais de cession, et le prix d'acquisition, augmenté des frais d'acquisition, des dépenses d'investissement réalisées et des intérêts payés au titre de rémunération de crédits en rapport avec le bien immeuble. Le vendeur peut être exonéré de cette taxe si le bien vendu était sa résidence principale depuis plus de 6 ans. Exonération ou pas, la TPI fait peur à de nombreuses personnes. Et pour cause, c'est un impôt qu'elles doivent payer à chaque cession d'un bien immobilier : maison, appartement, magasin, terrain,.. Le différend se pose au niveau du calcul de la valeur du bien. A la revente d'un bien immobilier, nombreux sont ceux qui ne déclarent pas la totalité du prix de cession, dans le but de réduire au maximum le montant de la TPI dont ils sont assujettis. Aussi, nombreux sont-ils ceux qui ne maîtrisent pas les modalités de calcul de cet impôt. Ils exigent de façon presque hasardeuse de l'acheteur un certain montant en «noir». In fine, cette pratique frauduleuse ne leur permet de réaliser qu'un gain dérisoire.