Le plus solide allié de Chabat juge ses propos sur la Mauritanie « irresponsable». Pour Chabat, attaqué de toute part, c'est le début de la fin. «Il n'y aura pas de gouvernement sans l'Istiqlal. Je ne lâcherai pas l'Istiqlal». Voilà ce que déclarait, il y a encore quelques jours, Abdelilah Benkirane lors d'un meeting devant ses militants à Rabat, jugeant irrecevable la demande du RNI d'écarter le parti de la Balance du prochain gouvernement. Les déclarations polémiques de Hamid Chabat, SG de l'Istiqlal, sur la Mauritanie ont depuis considérablement changé la donne. Et Il y a fort à parier que le numéro un du Parti de la Lampe ne tiendra pas parole et que le prochain gouvernement se fera sans l'Istiqlal ; ou tout du moins sans Chabat. Le raisonnement est simple et tient en une phrase : un gouvernement sérieux ne peut accueillir en son sein un responsable politique qui met en péril les intérêts stratégiques du Maroc. Dépêché ce matin d'urgence par le Palais en Mauritanie pour y rencontrer le président Mohamed Ould Abdel Aziz, et tenter de désamorcer la crise diplomatique provoquée par le leader de l'Istiqlal, le Chef de gouvernement désigné s'est complétement désolidarisé des propos de Chabat sur la Mauritanie, les qualifiant «d'irresponsables». Ce désaveu, de la part de son plus fidèle allié, sonne le glas des ambitions politiques de Chabat, et des personnes, de plus en plus rares, qui le soutiennent encore. Il faut dire que le SG du PI a réussi la prouesse de faire l'unanimité contre lui. Ses déclarations polémiques ont été évoquées mardi en Conseil de gouvernement. Ce dernier a affirmé son soutien total à toutes les mesures entreprises par le Roi Mohammed pour remédier aux répercussions des dernières déclarations au sujet de la Mauritanie. Quelques jours avant, c'était le Ministère des affaires étrangères dirigé par le RNIstes Salaheddine Mezouar se fendait d'un communiqué assassin à l'encontre de Chabat l'accusant, de «méconnaitre profondément les orientations de la diplomatie marocaine tracées par SM le Roi» et de «verser dans la même logique que les ennemis de l'intégrité territoriale du Royaume». Les partis politiques ne sont pas en reste. Le Mouvement populaire (MP) a lui aussi sorti un communiqué jugeant «sans fondements» les propos tenus par l'ex-Maire de Fès. Même son de cloche du côté du RNI, qui a exprimé sa préoccupation des «répercussions négatives de ce genre de déclarations irresponsables sur le processus du dossier relatif à notre première cause nationale». Même au sein du parti de la Balance, le mécontentement contre Chabat gronde. Certains, à l'image de Taoufiq Hjira, président du conseil national du parti viennent d'exprimer publiquement leur désaccord avec les propos du SG. D'autres ne devrait pas tarder à suivre. Chabat hors-jeu, le gouvernement sera-t-il rapidement constitué ? Réponse dans les prochains jours.