Jusqu'au dernier jour, l'hostilité à l'endroit du Maroc va donc s'exprimer ! Un nouvel épisode- pas le dernier, assurément ... - vient d'avoir lieu la semaine dernière avec le traitement accordé par l'actuelle présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, à la demande marocaine d'intégration à l'Union Africaine (UA). Celleci n'assume pas en effet sa mission ; elle freine des quatre fers; plus encore : elle bloque en invoquant les arguments les plus fallacieux. Mais commençons par rappeler les faits. Le 17 juillet dernier, S.M le Roi adresse un message au président tchadien en exercice de l'UA, Idriss Déby Itno, lors du Sommet de cette organisation continentale à Kigali (Rwanda) l'informant de la décision du Maroc. Si le Royaume a pratiqué la politique de la «chaise vide» depuis novembre 1984 - en signe de protestation contre l'admission de la prétendue «RASD» - il estime aujourd'hui que le temps est venu de rejoindre sa place naturelle et légitime au sein de la famille africaine. Cet acte est salué et appuyé par une majorité des Etats-membres. Ainsi, 28 d'entre eux soutiennent cette initiative. D'autres tels le Rwanda, la Tanzanie, l'Ethiopie, Madagascar et, aujourd'hui, le Nigéria, naguère hostiles, se rallient à cette position. C'est là, il faut le souligner au passage, la rançon du redéploiement de la politique africaine de Rabat et le fruit des efforts et des résultats des nombreux périples du Souverain dans le continent. Le 22 septembre, à New York, le Maroc remet la notification officielle de sa demande à la présidente de l'UA, Mme Dlamini – Zuma, à l'occasion d'un rendez-vous fixé en marge des travaux de l'Assemblée générale de l'ONU. Et après ? Durant plusieurs semaines, la présidente de l'UA ne bouge pas. Devant ce blocage de fait, le Roi s'entretient au téléphone le 31 octobre avec le président Idriss Déby Itno pour lui demander d'intervenir à ce sujet, ce à quoi le Chef d'Etat tchadien s'est engagé. Et ce n'est que quatre jours plus tard que la présidente de l'UA se résoud enfin à transmettre la demande marocaine aux 54 Etats membres. Cette responsable n'a pas accompli sa mission comme il se devait; elle s'est en effet échinée à ne pas appliquer la Charte de l'UA adoptée lors du sommet de Lomé (Togo), le 11 juillet 2000 substituant celle de l'OUA de mai 1963. Ce texte règle les conditions d'admission d'un Etat et les procédures appropriées à cet effet (art. 29) : dépôt, notification aux autres Etats membres par le président de la Commission de l'UA et ce «dès réception d'une telle notification», exigence d'une majorité relative (28) pour acter l'admission, notification au président en exercice de l'UA, admission officielle de l'Etat demandé. Une procédure rapide dont on a eu une illustration voici cinq ans avec l'admission du Soudan du Sud le 27 juillet 2011, dix-huit jours après son indépendance et sa demande d'admission à cette même UA. Le 30 novembre, le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération publie un communiqué dans lequel il dénonce «une nouvelle exigence procédurale, inédite et sans fondement ni dans les textes ni dans la pratique de l'organisation, et par laquelle elle rejetterait arbitrairement les lettres de soutien au Maroc émanant des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l'UA». C'est que deux jours auparavant, la présidente de la Commission de l'UA avait jugé et fait savoir que lesdites lettres des pays africains n'étaient pas recevables et qu'il appartenait aux Chefs d'Etat d'exprimer leur décision et leur soutien. Une totale mauvaise foi ! Mme Dlamini-Zuma a communiqué sa décision ... à ces mêmes représentations permanentes auprès de l'UA, leur reconnaissant par là-même un statut institutionnel et officiel. Elle «joue la montre», pour reprendre le vocabulaire footballistique. Elle s'emploie en effet à ce que l'admission du Maroc ne puisse pas se faire lors du 28ème sommet de l'UA prévu à la fin janvier 2017 à AddisAbeba. Elle se mobilise à cette fin en mettant en avant des points de procédure infondés. Elle livre une bataille d'arrière-garde alors qu'une grande majorité des pays africains soutient le Maroc. Derrière elle, que trouvet-on ? Une responsable, deuxième épouse divorcée de Jacob Zuma, président de l'Afrique du Sud, mais surtout l'Algérie. Installée dans ce pays depuis des lustres, elle n'est que l'instrument de sa diplomatie. Le retour en force du Maroc en Afrique gêne fortement ce voisin de l'Est confronté à une crise politique et institutionnelle profonde – dont l'état de santé du président Bouteflika n'est qu'un aspect – mais aussi financière économique et sociale. Vaines manœuvres ! Demain, le Maroc retrouvera sa place dans l'organisation continentale. Il a en effet une claire appréhension de sa vision africaine– articulée autour d'une doctrine – coopération sud-sud et gagnant – et d'un projet de société attractif et mobilisateur. Par Mustapha SEHIMI, Professeur de droit, politologue