Les banques marocaines ont sorti le grand le jeu lors de la dernière visite royale en Chine. En s'associant à des partenaires chinois, elles s'ouvrent de nouvelles perspectives dans le cadre de la coopération triangulaire Maroc - Afrique - Chine. C'est devenu une constante. A chaque visite royale dans un pays, ce sont les banques marocaines qui se mettent davantage en orbite. Le dernier séjour du Souverain en Chine n'a pas dérogé à la règle. Les trois ténors marocains, à savoir Attijariwafa bank, Banque Centrale Populaire et BMCE Bank of Africa ont, à ce titre, signé plusieurs accords de partenariat stratégique avec leurs homologues et de grands groupes industriels chinois (voir détails sur www.laquotidienne.ma). Des accords qui s'inscrivent dans la droite ligne de ceux conclus en novembre 2014 dans le cadre du Forum Maroc-Chine. Pour rappel, à cette époque, pas moins de 16 conventions avaient été signées par les établissements bancaires précités avec de prestigieux groupes chinois. La plupart des conventions signées, qu'il s'agisse de celles de 2014 ou de 2016, ont ceci de particulier qu'elles s'inscrivent dans une logique de coopération triangulaire Maroc-Afrique-Chine. Plusieurs lectures peuvent, en effet, en être faites, comme en témoigne ce banquier. «Le Maroc et la Chine veulent consolider, voire étendre leur zone d'influence en Afrique. Si les Chinois sont très présents en Afrique anglophone, les Marocains le sont davantage dans la partie francophone du continent, d'où l'intérêt du partenariat entre les deux pays», souligne-t-il. «De ce point de vue, leurs intérêts se croisent et sont donc complémentaires», fait-il remarquer. Et en tant que bras financiers du Royaume très présents en Afrique subsaharienne, les banques marocaines jouent, dans cette optique, un rôle très important, et se voient offrir de nouvelles opportunités de développement. «Grâce aux accords signés avec leurs homologues chinoises, elles permettent à leurs clients d'intervenir plus facilement sur des marchés africains auxquels ils n'avaient pas forcément accès, et vice-versa. Mieux, elles ont l'opportunité d'investir de nouveaux marchés en Afrique grâce à des co-investissements sino-marocains», affirme notre source, non sans préciser que «cela permet aussi de partager les risques». Enfin, note notre interlocuteur, «aux côtés de partenaires chinois, le Maroc est mieux armé pour faire face à la concurrence des Japonais, Américains, Français ou encore Indiens sur un marché africain très convoité. Mieux, toutes ces conventions devraient aussi permettre au Royaume de capter davantage d'investissements directs chinois». La Chine, un allié précieux Le fait que le Maroc veuille être le trait d'union entre la Chine et l'Afrique est fort légitime. Il faut savoir que sur la période 2000-2013, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique a ainsi été multiplié par vingt, pour s'établir à pratiquement 200 milliards de dollars. Sur la même période, selon le centre de recherche Center for global development, les Chinois auraient investi quelque 75 milliards de dollars dans le continent. De surcroit, en décembre dernier en Afrique du Sud, le président chinois Xi Jinping avait laissé entendre, en marge du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac), que ce sont pas moins de 60 milliards de dollars que son pays allait investir dans le continent africain en trois ans. Et ce, malgré le fait que l'économie chinoise ne connaisse plus la même dynamique qu'auparavant, chahutée par la conjoncture économique internationale. Ainsi, à travers cette relation privilégiée qui est en train de se nouer avec les partenaires chinois, il s'agit donc pour le Maroc de capter une partie de ses flux commerciaux et d'investissement. Ce qui sera tout bénéf pour une économie nationale en quête de diversification de ses partenaires. D'ailleurs, la démarche de Bank Al-Maghrib (BAM) est à apprécier sous cet angle : en marge de la visite royale, la Banque centrale marocaine a, en effet, signé avec son homologue chinoise un accord de swap de devises d'une valeur de 1,54 milliard de dollars. «Cet accord, d'une durée de trois ans, permettra de faciliter les échanges commerciaux entre les deux pays, promouvoir les investissements et le développement de la coopération économique et financière et participer à l'émergence de Casa Finance City en tant que hub financier, en fournissant aux banques les liquidités en Yuan pour les comptes de leur clientèle», souligne BAM.