Michel Paulin, DG de méditel, nous parle de la transformation digitale opérée par l'entreprise qu'il dirige. Finances News Hebdo : Quelle place accorde méditel au digital dans sa stratégie marketing ? Michel Paulin : Le digital est l'un des piliers de la stratégie de méditel, et ce pour deux raisons. D'une part, nous sommes un fournisseur de services en facilitant aux entreprises et aux particuliers l'accès au digital. Tous nos investissements sont orientés vers un développement harmonieux de l'économie digitale sur l'ensemble du territoire. D'autre part, nous voulons nous-mêmes être un acteur digital. Depuis presque un an, nous avons lancé de nombreux services digitaux. Nos clients peuvent désormais recharger et consulter leurs comptes sur Internet, soit à travers un PC soit via une tablette ou un portable. Nous sommes convaincus que l'interfaçage avec le monde passe par le mobile et le Smartphone. Les jeunes d'aujourd'hui sont collés devant leurs écrans à regarder Facebook, WhatsApp, etc. Nous devons non seulement leur donner l'accès à ces applications, mais tous les services qui vont avec et dont ils ont besoin. Le digital est devenu un canal de croissance, de contact et de connaissance-client. Nous avons jusqu'à présent réalisé de très bons résultats sur ce créneau. Cela ne fait que commencer et nous avons l'ambition de poursuivre dans cette voie. F.N.H. : Face au problème d'accessibilité soulevé par la cherté des nouveaux outils technologiques (Smartphone, tablettes, etc), le digital ne risque-t-il pas de creuser davantage la fracture numérique au Maroc ? M. P. : C'est effectivement un risque réel. Le Royaume a mis en place un certain nombre de mécanismes pour résorber la fracture numérique. Le service universel est un fonds qui permet à l'Etat marocain, en association avec les opérateurs télécoms, d'investir pour pouvoir donner l'accès à l'ensemble de la population. Je pense qu'on en fait un bon usage. Citons à ce titre l'exemple du Plan «Maroc Numeric» qui donne aux écoles l'accès à Internet. Il faut garder la vigilance sans pour autant freiner l'émulation qui s'installe. Pas moins de 70% des jeunes utilisent aujourd'hui Facebook. Cela prouve que l'on utilise ces nouveaux outils technologiques, même dans des zones considérées comme enclavées, parfois rurales. L'effet émulation emmène la totalité de la population vers ces outils appelés à améliorer le développement à l'échelle régionale. Mais, en parallèle, il faut que nous ayons les mécanismes requis pour y arriver. Les partenariats public-privé sont à mon avis efficaces pour réduire au maximum ce risque de fracture numérique. Je suis assez confiant que nous pourrons trouver le bon équilibre avec les mécanismes actuels et l'attention étatique accordée à cette question. F.N.H. : Quelle évaluation faites-vous de votre présence sur les réseaux sociaux ? M. P. : Nous sommes très présents sur l'ensemble des réseaux sociaux. On doit être troisième sur Twitter et deuxième sur Facebook. Nous avons une énorme activité autour de ces réseaux. C'est une relation particulière et privilégiée que nous développons avec nos clients. Nous allons même plus loin en leur offrant des services adaptés (recharge via Facebook). F.N.H. : Vous avez exprimé votre rêve de pouvoir assurer le «service client» par téléphone ou bien sur Facebook. Vous y croyez vraiment ? M. P. : Ce n'est pas «ou», mais plutôt «et». Ce sera à la fois un service client par téléphone et par Facebook. J'y crois profondément. Les réseaux sociaux sont devenus tellement importants qu'il n'y a pas d'alternative. Nous avons une équipe dédiée au digital qui fait déjà du service après-vente sur Facebook. F.N.H. : Le cahier des charges fixant les conditions techniques et financières de la 4G a été rendu public le 17 novembre dernier. Allez-vous présenter une offre «méditel» et souscrire à l'appel d'offres de l'ANRT ? M. P. : C'est une décision qui relève du Conseil d'administration et, partant, je n'ai pas mandat à me prononcer là-dessus. Mais nous avons toujours dit que la 4G représente une opportunité, sous réserve qu'il y ait un certain nombre de préalables. Il est prévu qu'il y aura un certain nombre de décisions qui relèvent de la note d'orientation générale. On sera très vigilants pour voir si les marchés pertinents dans les décrets d'application de la loi permettent d'avoir un accès équitable à la 4G entre tous les opérateurs. Maintenant, je ne vais certainement pas vous dévoiler la stratégie 4G que va avoir méditel. F.N.H. : Vous allez attendre la sortie de la loi avant de vous prononcer ? M. P. : C'est toujours bien de laisser un petit peu de supense et de mystère.