La défaillance du système éducatif et l'absence d'une stratégie nationale claire visant à promouvoir l'édu-cation sportive et culturelle expliquent en partie le changement de comportement de la future génération. Le Maroc souffre d'un déficit considérable en matière de structures dédiées aux activités sportives ou culturelles, notamment les maisons de jeunes, les terrains de sport, les conservatoires de musique, les théâtres... La capitale économique compte seulement 8 conservatoires de musique pouvant chacun accueillir entre 400 et 600 élèves pour une population de plus de 5 millions d'habitants. L'un des fléaux auquel fait face la société marocaine est celui de la vio-lence qui gagne du terrain auprès des jeunes. Une vio-lence alarmante qui s'enra-cine de plus en plus et qui témoigne de la fragilité d'une génération de plus en plus vulnérable et oisive. Cet état de fait n'est que le résultat d'une politique ayant occulté certains piliers fondamentaux de l'intégration, de l'épa-nouissement et de l'éducation des jeunes. Face à ce constat, plu-sieurs questions s'imposent. Comment explique-t-on ce changement de comporte-ment chez nos jeunes ? Sont-ils trop influencés par une culture occidentale non adap-tée à nos coutumes ? Ces jeunes fuient-ils une société qui les a marginalisés ? En effet, la défaillance du système éducatif et l'absence d'une stratégie nationale claire visant à promouvoir l'éducation sportive et cultu-relle sont parmi les causes ayant conduit à ce constat. Le déficit en matière de struc-tures dédiées aux activités sportives et culturelles notam-ment les maisons de jeunes, les terrains de sport, les conservatoires de musique, les théâtres... est flagrant. Sans parler des budgets alloués à ce volet, jugé non prioritaire par les politiques publiques, qui restent déri-soires. Par conséquent, seule une poignée de jeunes bénéficie d'activités éducatives, artis-tiques, culturelles ou spor-tives, ce qui explique la crois-sance de la délinquance juvé-nile et tout ce qui en découle. L'éducation musicale dans notre société Prenons l'exemple des conservatoires de musique notamment à Casablanca. La capitale économique du Royaume qui compte plus de 5 millions d'habitants n'est dotée que de 8 conserva-toires dont un seul dépend du ministère de la Culture à savoir le Complexe culturel Kamal Zebdi à Hay Moulay Rachid. Tandis que les 7 autres sont gérés directement par la Commune urbaine, c'est-à-dire le ministère de l'Intérieur ce qui en soit est incohé-rent. Chaque établissement accueille en moyenne 400 à 600 enfants par an. Ces éta-blissements qui ne reçoivent aucune subvention, ni du ministère de la Culture, ni de celui de la Jeunesse et des Sports, sont financés par l'arrondissement (dépendant du Caïd) qui octroie un bud-get relatif à l'acquisition et à la réparation des instruments de musique. Quant à la com-mune urbaine, elle rémunère les professeurs dont la grande majorité sont des vacataires. Pour ces derniers, et c'est là où le bat blesse, le salaire perçu est de 15,75 DH bruts l'heure, soit 13,07 DH nets pour un enseignant de pre-mière catégorie et de 12,50 DH/H bruts pour celui de 2ème catégorie. Pis encore, le temps de travail est fixé à 100 heures maximum par mois, du coup le salaire men-suel des professeurs de la première catégorie est de 1.307 DH nets tandis que celui de la deuxième est de 900 DH après avoir retenu à la source 17% à titre de l'IGR. Un impôt contesté puisque ce salaire est bien inférieur au SMIG, lequel est exonéré par essence. «Nous déplorons ce salaire humiliant et misérable qui n'a pas changé depuis les années 50 soit depuis l'indé-pendance et qui en plus est soumis à l'impôt. Ce qui n'est pas sans conséquence sur le rendement final», déclare Dr. Mohamed El Wady, direc-teur du conservatoire de musique de Hay El Hassani. Et d'ajouter que ces ensei-gnants qui n'arrivent malheu-reusement pas à joindre les deux bouts, sont des militants qui honorent leur engagement par amour et par passion à leur métier, à la musique et à l'art d'une manière générale. Rappelons qu'à plusieurs reprises le corps professo-ral est monté au créneau pour dénoncer cette situa-tion de précarité auprès du Conseil de la ville mais leurs doléances ont été renvoyées aux calendes grecques. Quid des infrastruc-tures Les structures réservées aux conservatoires de musique ne répondent pas non plus aux critères requis. Le cas du conservatoire de Hay El Hassani que nous avons visité et qui souffre énormément du manque d'espace. Le centre accueille annuellement entre 500 et 550 élèves inscrits dans plusieurs disciplines à savoir le solfège, les ins-truments (luth, guitare, vio-loncelle, piano...), la danse classique et le théâtre. Cette structure comprend 2 classes de solfège, 3 petites classes pour les instruments et une grande salle pour la danse. Ce qui est insuffisant pour répondre aux besoins de la population de plus en plus croissants. Plusieurs enfants et adolescents se voient refu-ser leur inscription pour des raisons de disponibilité. Ceci dit, il est impératif de revoir notre politique en matière d'éducation cultu-relle, sportive et musicale sus-ceptible de sauver toute une génération et qui ne demande que de l'attention.