En quelques décennies, nos sociétés ont beaucoup évolué. Le monde a changé. La mondialisation des échanges commerciaux a mis des denrées jadis rares à la portée des nanti(e)s de la planète, des inventions extraordinaires ont rendu les limites du temps presque imperceptibles, que ce soit dans le domaine de la durée de vie ou dans la vitesse des communications humaines, ou encore dans le domaine du confort de la vie quotidienne. Mais ce monde, si agréable à vivre pour 20% de l'humanité, connait toujours des limites. Limites de solidarité avec les plus faibles, les moins instruits et les plus démunis. Même nantis, nous devons affronter les limites de nos temps de vie. Cela nous semble encore naturel. D'autres limites le sont beaucoup moins : limites de nos ressources naturelles, limites de nos moyens d'action, limites des institutions et finalement limites forgées par nos égoïsmes. Comment peut-on tenter d'aborder cette question de limites ? Supposées ou réelles. Nos besoins semblent ne plus avoir de limites. Et il nous faut pourtant connaître des limites : les nôtres, celles des autres et celles de la planète Terre ou de l'univers. Les besoins et les désirs ne peuvent, par définition, pas être tous satisfaits. Chacun ou chacune de nous comprend un jour ou l'autre que la somme des intérêts individuels ne correspond pas à un intérêt collectif. Tenir compte de ces éléments s'appelle «vivre en société». Or, nos sociétés, faisant le choix de la mondialisation, sont en perte de repères idéologiques, de valeurs et de solidarités. Nos sociétés fonctionnent de plus en plus avec un seul moteur : l'économie et le profit. Une économie qui est censée, à terme, assurer le bonheur et la prospérité de tous. Cette foi en l'économie produit hélas ses propres valeurs, des valeurs nouvelles et met en évidence comme seules praticables des valeurs telles que la rivalité plutôt que la collaboration, le court terme plutôt que le long terme... Des valeurs qui vont à l'encontre de la préservation de nos ressources naturelles, de la solidarité dans le temps et dans l'espace, entre les peuples et entre les forts et les faibles. Il est donc fondamental de penser à modifier et faire évoluer nos modes de vie et de consommation si nous voulons construire un projet commun de société. Au-delà de nos modes de vie, il conviendra d'évoquer et de convoquer nos modes de pensée. Toutefois, ces changements de mode de vie et de pensée doivent reposer sur des valeurs et des convictions. Face à ces changements, l'éducation est un facteur-clé. Mais l'éducation recouvre désormais un champ très vaste : les médias (TV, radio, presse écrite, internet...), les activités artistiques et culturelles, la musique, le sport... : toutes ces activités auxquelles les jeunes et les moins jeunes se livrent sont porteuses d'éducation et de valeurs et influencent désormais de façon très marquante les vies et les destinées. Et l'école publique ou privé est parfois bien démunie face à ces influences fortes et séduisantes. Sans éducation, l'être humain se voit privé d'un de ses droits parmi les plus essentiels. Sans éducation, nous ne pouvons espérer que les gouvernements puissent concevoir et adopter des décisions éclairées, ni que la démocratie soit effective. L'éducation et la formation développent et renforcent la capacité des individus, des groupes d'hommes et de femmes, des communautés même minoritaires ou marginales, des organisations et des pays à se forger des jugements et à faire des choix de société qui peuvent aller dans le sens du développement durable. Elles peuvent suggérer et encourager des changements de mentalités et permettre de créer un monde plus juste, plus solidaire, plus fiable et plus prospère où la qualité de vie devient meilleure pour tous et pour toutes.