La décompensation des produits pétroliers, décidée par le gouvernement en début de cette année, risque d'avoir des répercussions sur les marges opérationnelles de bon nombre de sociétés cotées en Bourse. Bien que ces impacts ne soient pas chiffrés, ils sont pour le moins certains. Bien que le gouvernement veuille être rassurant quant à l'impact de la décompensation des produits énergétiques (totale du fuel-oil industriel et de l'essence, mais partielle du gasoil), cette mesure aura des conséquences sur l'activité de bon nombre de sociétés cotées. Des analystes financiers de la place en dénombrent au moins 11. Il s'agit notamment de SNEP, Cosumar, Lesieur, CTM, Timar, Sonasid, Holcim, Lafarge et Ciments du Maroc, Samir et Afriquia. Si pour les unes l'impact sera négatif, pour les autres en revanche, il sera positif ou du moins nuancé. La première société qui s'est plainte du poids de la hausse du prix du fuel-oil est la SNEP. Celle-ci avait avancé, lors de la présentation de ses résultats au 30 juin 2013, que la baisse de ses marges opérationnelles était la conséquence du renchérissement du prix du fuel-oil. Ce carburant est un élément essentiel dans le processus de fabrication, et elle n'a aucune marge de manœuvre pour chercher de meilleurs prix vu qu'ils sont réglementés. Ainsi, son EBITDA s'est établi à la fin du premier semestre de 2013 à 20,8 millions de dirhams contre 21,2 millions de DH à la même période en 2012. «Il a été impacté négativement d'environ 6 millions de DH correspondant au renchérissement du fuel-oil de 27% à partir du 2 juin 2012», soulignait à l'époque le management de la filiale d'Ynna Holding. Au 30 juin 2013 donc, la SNEP était impactée par un combustible qui coûtait 4.944 DH la tonne, comparativement à un prix de 4.666 DH la tonne en 2012. Depuis février 2014, la tonne du fuel-oil, totalement décompensée est à 5.742 DH. Dans le but de tempérer cette influence, «le management avait précisé, lors de son conseil de surveillance, que plusieurs mesures ont été engagées pour optimiser la consommation d'énergie sans pour autant donner plus de détails», souligne un analyste financier. De son côté, Lesieur Cristal, qui utilise également le fuel-oil dans sa production comme combustible, s'est déjà inscrite, depuis 2009, dans un processus de substitution du fuel-oil par le grignons (résidu d'olive). La compagnie dispose en fait d'une centrale de production de vapeur, adossée à son usine d'Aïn Sebâa, alimentée par des grignons depuis 2009, qui couvre 30% de ses besoins. Cosumar et les minières qui utilisent également le fuel-oil comme combustible en partie, verront leurs marges opérationnelles réduites à mesure que le prix de cette matière grimpera. Les minières utilisant le gasoil pour leurs équipements de forage, devront également composer avec le renchérissement du prix du gasoil. Elles risquent ainsi d'être à la merci des marchés internationaux en amont (énergie) comme à l'aval (cours de l'or, l'argent,...). Le gasoil divise La hausse du prix du gasoil devrait également contribuer à la hausse des coûts de production des sidérurgistes et des cimentiers, en l'occurrence Sonasid, Holcim, Lafarge et Ciments du Maroc. De par leurs structures, la distribution de leurs produits mobilisant les moyens de logistique de manière intensive, consomme beaucoup d'énergie. A cela s'ajoute, pour les cimentiers, le coût d'exploitation des carrières dans lesquelles les engins utilisent le gasoil. A contrario, la hausse du prix du gasoil ne risque pas d'avoir des répercussions négatives sur les spécialistes du transport, CTM et Timar. «Cette hausse pourrait même leur être profitable étant donné qu'ils répercutent généralement ces hausses dans le prix des tickets», estime un analyste. Pour la Samir, l'impact sur sa trésorerie sera bénéfique dans la mesure où les délais de paiement des distributeurs vont être améliorés et écourtés à mesure que les distributeurs récupéreront leurs arriérés auprès de l'Etat. Ceux-ci se chiffraient à fin juin 2013 à 14 milliards de DH. Une problématique qui concerne également Afriquia Gaz, le seul distributeur coté en Bourse. La filiale d'Akwa Group verra sa trésorerie améliorée tout d'abord grâce à la réduction des créances de l'Etat, ensuite par la récupération des arriérés cumulés par le passé, mais surtout par la réduction des charges financières étant donné que la société faisait appel à des crédits de trésorerie pour renflouer ses caisses. Mais, en parallèle, la hausse des prix du gasoil et de l'essence risque de faire baisser le chiffre d'affaires global, suite à l'incidence de ces augmentations sur le comportement des consommateurs. «Cette tendance ne peut être confirmée dans l'immédiat et ne sera visible que dans les années à venir», tempère un analyste.