Né modeste. Précisément, à partir d'un atelier de création vidéo monté par Marc Mercier à la Faculté des lettres de Ben M'sik, à Casablanca. Au vu du véritable engouement de la part des étudiants, les services de la Coopération française ont dépêché sur place Béatrice Bertrand pour fournir les universités marocaines en matériel vidéo (souvent un caméscope et un banc de montage) dans le dessein de procurer aux vidéastes en herbe de quoi commettre leurs premières gammes. Dans la foulée, l'idée de mettre sur orbite un festival prônant la vidéo pénètre les esprits, prend forme, puis se réalise. En décembre 1993, le Festival international d'art vidéo de Casablanca voit ainsi le jour, et plante son décor au cœur de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Ben M'sik. Se présentant essentiellement tel un espace d'échange entre des créateurs venant de multiples horizons culturels, le FIAV avait comme principale motivation d'initier les apprentis vidéastes aux nouvelles technologies de la vidéo, contribuer à affuter leur savoir-faire et encourager la création vidéo. Au fil des saisons, «les jeunes ont su s'approprier les formes d'un outil nouveau, utiliser les bancs de montage, virtuels ou numérique, mêler l'image analogique à l'image de synthèse, suggérer par la surprise de la juxtaposition de deux images antinomiques», témoigne Béatrice Bertrand dans Le Maroc en mouvement. Ainsi, il convient de rappeler que c'est le festival qui a révélé quelques vidéastes qui tiennent aujourd'hui le haut du pavé…
Une vitrine importante sur la créativité et l'imaginaire québécois
Pour son 27ème anniversaire, le festival met le Québec à l'honneur. «Premier déploiement à l'étranger d'une telle ampleur depuis le confinement de mars 2020, 'Focus Québec' se veut une présence à la fois convaincante et rassurante, un moment fort de cette réouverture vers les autres et sur le monde. C'est donc à la fois un honneur et une fierté d'être présents en si grand nombre à cette 27ème édition», peut-on lire dans un communiqué.
Ainsi, une délégation de 30 artistes, artisans, diffuseurs, chercheurs et autres spécialistes des arts numériques, provenant du Québec, représentant 9 structures artistiques, se déploiera dans quelque sept lieux de Casablanca – mais aussi au Cinéma Renaissance à Rabat et aux Jardins d'Aryne à Marrakech – pour montrer un large éventail de la création actuelle québécoise (24 activités en tous genres), mais aussi pour rencontrer un nouveau public, échanger avec lui et créer des liens qui, nous l'espérons, se développeront dans l'espace et le temps.
Prodigieusement épanoui, qualitativement et quantitativement
Avançant une programmation copieuse, on y trouvera ce qui se fait de mieux en matière de spectacle de danse («Èbe», présenté par Sarah Bronsard et sa compagnie La Sporée), de performances scéniques (présentées par Recto-Verso et Rhizome de Québec ainsi que l'artiste montréalais Alexis Langevin-Tétrault), d'installations (présentées par la chambre blanche, Rhizome, Spira, Danse K par K, tous de Québec, et la jeune structure Ubchihica, provenant du Saguenay-Lac-Saint-Jean), de projets de réalité virtuelle et augmentée (présentés par la Société des arts technologiques de Montréal), de films et vidéos (présentés avec la coopération de Spira et le programmateur montréalais Etienne Desrosiers).
Il y aura également des ateliers sur diverses thématiques, allant de l'art de la performance à l'intelligence artificielle, du mouvement au design et au son. Et ce n'est pas tout. Le festival nous convie également à un colloque sur le thème «Corps en immersion», à une conférence sur les imaginaires autochtones prononcée par le commissaire huron-wendat Guy SiouiDurand, et enfin à une activité de réseautage intitulée «Rencontres professionnelles», à laquelle sont conviés tous les participants et les participantes du Québec, en compagnie des invités marocains et étrangers.