La reprise d'activité des entreprises cotées a perdu en vigueur au dernier trimestre de l'année. Sur l'intégralité de 2020, le chiffre d'affaires agrégé de la cote a baissé de 5,1%.
Par Y. Seddik
La saison des publications trimestrielles est close. La moisson n'a rien d'exceptionnel, avec des ventes en décroissance. La baisse du chiffre d'affaires des sociétés cotées a même été plus rapide que celle enregistrée au troisième trimestre. Ceci au moment où les investisseurs s'attendaient à une reprise plus vigoureuse. La publication des réalisations opérationnelles au 4ème trimestre 2020 s'opère dans un contexte marqué par la reprise progressive de l'activité économique, et ce après une période de confinement strict de la population de plus de 90 jours, prolongée d'une phase de restrictions jusqu'à ce jour. Attijari Global Research (AGR) a consacré dans ce sens une note de recherche à l'analyse des indicateurs financiers de la cote à fin 2020. Il en ressort que les revenus agrégés des sociétés cotées se sont établis à 61 milliards de DH au 4ème trimestre, en repli de 6,7% par rapport à la même période de l'année passée. Cela, en dépit de la poursuite de la reprise de l'activité économique postconfinement. Notons que cette contre-performance intervient après une quasi-stagnation des revenus au premier trimestre 2020 à +0,5%, suivie de deux baisses successives aux deuxième et troisième trimestres, de 10,5% et 4,5% respectivement. La reprise des ventes a donc perdu en vitesse comparée au troisième trimestre. Sur l'ensemble de l'année, les entreprises cotés ont dégagé un chiffre d'affaires agrégé de 239,8 milliards de DH contre 252,7 milliards de DH, soit un recul de 5,1%. Sans doute que le marché va intégrer cette reprise différenciée, et la rotation sectorielle du cash devrait profiter à ceux qui ont fait preuve de résilience durant ces mois difficiles. Plus en détail, 50 sociétés cotées parmi les 71 ayant publié leurs résultats au terme de ce dernier trimestre accusent une contraction de leur chiffre d'affaires, contre 43 lors du troisième 2020, précisent les analystes. Les poids lourds tirent leur épingle du jeu Dans ce climat des plus pesants, où les entreprises manquent toujours de visibilité, certaines tirent leur épingle du jeu. Si toutes les entreprises essaient de reprendre une activité normale depuis la levée du confinement, certaines semblent être freinées dans leur élan, parallèlement aux restrictions qui retardent les plans de reprise du gouvernement. Ainsi, sur la base du poids capitalistique des différents secteurs cotés, deux constats se dressent : premièrement, 10 secteurs cotés représentant 38% de la capitalisation du marché, accusent des baisses plus ou moins sensibles de leur activité à fin décembre. Sans surprise, l'immobilier a été le plus impacté, avec des revenus en chute de 55,4%. Sur le même trend, les secteurs de l'énergie (-19,6%), du BTP (-13,0%), du ciment (-8,6%), de l'automobile (-6,9%), des sociétés de financement (-5,7%), des ports (-5,2%), des assurances (-3,4%), de l'agroalimentaire (-2,4%) et technologique (-0,4%). Le second constat est que 4 secteurs cotés, qui pèsent près de 58% dans la capitalisation du marché, ont publié un CA annuel en hausse. Il s'agit de la grande distribution, des banques, des mines et des télécoms, dont les chiffres d'affaires progressent de 5,9%, 3%, 1,6% et 0,7% respectivement. Une orientation favorable qui a permis de contrebalancer les pertes enregistrées par les autres compartiments. Une demande en berne Sur un autre volet, les analystes d'AGR soulignent que les secteurs de l'immobilier, de l'énergie, des banques et du BTP ont pâti, durant le quatrième trimestre2020, d'un affaiblissement visible de la demande par rapport à l'année 2019. En effet, leurs revenus trimestriels ont reculé de respectivement 1,5 milliard de DH, 1,3 milliard de DH, 440 MDH et 199 MDH. À l'opposé, les secteurs de l'automobile et des télécoms enregistrent une appréciation relative de leurs revenus, relèvent-ils, notant qu'il s'agit d'une hausse de 104 MDH et de 62 MDH respectivement. Les industriels n'arrivent toujours pas à se relever, alors que l'automobile et les télécoms semblent plus ou moins enjamber la crise. En définitive, maintenant que la page des trimestriels est tournée, les investisseurs vont attendre les états annuels pour décortiquer les autres indicateurs opérationnels et les bas de bilans. Mais, surtout, les commentaires des émetteurs sur le volet des dividendes. À suivre