La réduction des factures énergétiques des collectivités locales, notamment le problématique éclairage public, au cœur des débats et plusieurs projets sont dans le pipe. Des états généraux ont été lancés pour évaluer toutes les actions et mesures entreprises depuis 2009. Ils devront aboutir en décembre. La ville de Salé mène, avec le soutien de la SIE, un concept pilote de PPP. Considérée comme une quatrième énergie, l'efficacité énergétique est érigée comme une priorité dans notre pays, entièrement dépendant de l'étranger pour son approvisionnement en énergie primaire. Surtout dans un contexte marqué par la fluctuation importante des prix d'énergie. Il s'agit d'un défi auquel le Maroc est confronté, tous secteurs et acteurs confondus ! Et si la stratégie nationale englobe les orientations et objectifs sur le plan national, notamment en matière d'efficacité énergétique, il n'en demeure pas moins qu'elle est déclinée sur le plan régional et local du Royaume. Dans ce sens, quelle meilleure entité peut la porter que la ville : milieu physique ou géographique qui accueille une forte population et concentre tout un tas d'activités à caractère économique ou industriel, disposant de sa propre gouvernance et développement urbain. C'est dans ce sens que Radius, cabinet spécialisé dans l'organisation de séminaires stratégiques, a organisé un séminaire qui s'est penché sur la notion de performance et d'efficacité énergétique au sein des villes. Placé sous le thème «Les villes face aux enjeux de l'efficacité énergétique», ce séminaire a abordé la problématique de la réduction des factures énergétiques des collectivités locales. Le ministère ... figure de proue «En abordant la question de l'efficacité énergétique dans les villes, j'évoquerais le volet relatif à l'éclairage public. Ce dernier consomme de 25 à 30% de la facture énergétique d'une ville, soit plus de deux fois qu'une ville européenne. Ce débat intervient dans un contexte où 96% de nos besoins énergétiques ont été importés en 2012 et une économie dont les besoins en énergie augmentent de 7% par an. Donc, le pays doit trouver un compromis entre les deux pour une meilleure efficacité», souligne Abderrahim El Hafidi, Directeur de la DEER (Direction de l'électricité et des énergies renouvelables) au ministère de l'Energie. En effet, l'efficacité énergétique est érigée en priorité dans le cadre de la Stratégie nationale de l'énergie, comme vecteur de compétitivité, avec un principal objectif : réduire la demande en énergie primaire de 12% à l'horizon 2020 et de 15% à l'horizon 2030. Le directeur de la DEER estime utile de rappeler que c'est la loi 47-09 qui englobe tous les aspects relatifs à l'efficacité énergétique, de la définition jusqu'à la répartition des rôles entre les différents intervenants. Et sa déclinaison touche quasiment à tous les secteurs, principalement ceux énergétivores : le bâtiment, l'éducation, la santé, l'aménagement urbain... «Dans ce sillage, il faut souligner qu'au niveau des villes nouvelles deux études d'impact sont en cours à Lakhyayta et Chrafat. Pour revenir à la problématique de l'éclairage public, autres projets entrepris dans le cadre de ce volet dédié à l'efficacité énergétique, citons le projet mené dans le cadre d'un partenariat maroco-chinois pour la mise l'implantation de 300 points lumineux, utilisant uniquement l'énergie solaire, dans la commune de Aïn Beida à Fès, et qui par la suite sur la route reliant Fès à Sefrou. L'objectif est de généraliser cette expérience aux autres villes et communes», poursuit Abderrahim El Hafidi. Aussi, un nouveau concept de partenariat public-privé est-il en cours de développement par la Société d'investissements énergétiques en partenariat avec la commune de Salé pour la mise en place d'une expérience pilote dans la gestion déléguée de l'éclairage public de la ville. Une autre mesure que prévoit la loi 47-09, comme le rappelle El Hafidi, et qui en est l'ossature est celle de l'obligation de procéder par une étude d'impact énergétique dans les projets urbanistiques, de construction de bâtiment ou les grands projets. Il faut souligner que c'est une première au monde et le Maroc est ainsi novateur, puisque dans la plupart des pays, cette obligation est limitée aux bâtiments individuels. Si les projets ou mesures précités permettront à court ou à moyen termes de réduire la demande en énergie, d'autres moyens participent plus rapidement à atteindre les objectifs de 12% en 2020 et 15% en 2030. Le responsable a ainsi rappelé que la loi veille également à favoriser le tissu économique et a pour ambition de créer des pans d'emplois. Elle prévoit également des campagnes de sensibilisation pour accompagner le changement de comportement des consommateurs. Sur ce point précis, il est à noter que le programme de généralisation de lampes à basse consommation, qui a atteint à ce jour 5 millions de lampes, a permis un effacement de 200 mégawatts durant les heures de pointe. Avec l'ONEE, nous projetons quelque 10 millions de lampes à court terme. Autre mesure qui fait jaser, mais qui s'avère intéressante est celle de l'adoption de l'heure GMT+1, qui a permis selon El Hafidi, une économie de 80 mégawatts pendant les pics de consommation. Une autre décision à effet immédiat est celle de la tarification dans la mesure où si le consommateur profite d'un bonus, il gérera convenablement l'énergie dont il dispose ! L'ADEREE ... cheville ouvrière L'Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique est un acteur incontournable dans la stratégie nationale de l'énergie puisqu'il relève de sa responsabilité, en amont, de proposer les textes de lois, la conception des programmes... et en aval le suivi le contrôle de la qualité, l'accompagnement des décideurs et la sensibilisation des citoyens. Et aujourd'hui, l'ADEREE mène un vaste chantier puisqu'elle a lancé les états généraux pour faire agir toutes les parties prenantes à cette stratégie énergétique dans son volet dédié à l'efficacité énergétique. Qu'il s'agisse des opérateurs, des institutionnels, des secteurs énergétivores... pour interagir sur des sujets importants notamment : la réglementation, les programmes à mettre en place ... Ces états généraux ont été entamés par des états des lieux de tous les programmes et projets entrepris depuis 2009, année de l'avènement de la Stratégie nationale de l'énergie, souligne pour sa part Sonia Mezzour, la secrétaire générale de l'ADEREE. L'objectif étant de s'arrêter sur l'état d'avancement des projets lancés, les freins rencontrés et de réajuster certains programmes s'il le faut. «La deuxième partie de cette démarche est dédiée aux débats et nous sommes en plein dedans jusqu'au mois de septembre, avant de déboucher sur une stratégie de l'efficacité énergétique qui sera présentée probablement en décembre », annonce la SG de l'ADEREE. Et chaque année, durant la même période seront organisées une sorte d'assises ou un événement dédié pour faire le point sur l'ensemble des actions menées. A ce jour, quatre pistes d'amélioration ont déjà été identifiées. Premièrement, il est constaté que les décideurs ont besoin d'être aidés. Ensuite, les citoyens d'être informés et sensibilisés à ces grands chantiers et leurs enjeux. Puis, un manque de compétence est révélé dans un domaine dont les techniques et technologies évoluent très rapidement. Enfin, bien que des sociétés financières soient prêtes à investir ce domaine, elles ne trouvent pas de projets qui répondent à leur exigence. «Nous avons constaté que les investisseurs et les porteurs de projets ne parlent pas le même langage, parfois l'absence de contact ... Donc, il fallait créer une interface qui réunit les deux», explique S. Mezzour. Exemple est donné du partenariat mené par l'ADEREE avec la SFI, dans le cadre d'un partenariat public privé pour implanter 50.000 points lumineux à Oujda pour un investissement global de 100 MDH. Deux autres PPP sont en cours, notamment avec Chefchaoun et Agadir. La SIE... bras financier Ahmed Baroudi, le Directeur général de la Société des Investissements énergétiques, ne cache pas sa fierté du concept du PPP, liant la commune de la Salé, la SIE, à un futur opérateur privé et un équipementier, qui est en cours de validation et qui concerne justement l'éclairage public. Il s'agit d'une expérience pilote qui, part des échecs et succès de la gestion déléguée au Maroc, pour élaborer un nouveau contrat basé sur les résultats ! «Avec le diagnostic de la gestion déléguée, notamment les cas ayant posé problème, nous avons retenu qu'il faut éviter les conflits d'intérêts dans l'élaboration du contrat. Ce concept qui sera expérimenté à Salé et dont nous voulons montrer la pertinence pour le généraliser plus tard, consiste à lancer un appel d'offres ou une manifestation à intérêt. L'opérateur sélectionné ne prendra pas les commandes qui demeurent entre les mains de la commune. Il devra proposer son savoir-faire pour réduire considérablement la facture énergétique de la commune. L'équipement fera l'objet d'un autre appel d'offres et c'est l'ADEREE qui validera le deuxième opérateur qui sera sélectionné pour fournir juste l'équipement. Le financement est réalisé via un véhicule financier dédié Donc, la commune ne déboursera pas un sou. Si, à travers l'innovation proposée par l'opérateur, la facture est réduite, il sera rémunéré. Sinon, il ne touchera pas un sou», souligne le DG de la SIE. Il rappelle par ailleurs que pour la partie équipement, le made in Morocco sera privilégié pourvu qu'il soit compétitif en qualité et prix. Le montage contractuel est prêt et en cours de validation pour être en conformité avec la loisur le PPP... Que nous attendons !