Les pratiques RH dans les PME marocaines sont à un niveau rudimentaire. Pourtant, le nombre de salariés à gérer est relativement limité. Conscient du rôle des bonnes pratiques RH pour propulser la compétitivité des PME, l'Etat multiplie les programmes d'accompagnement. Faut-il encore rappeler que les PME représentent le premier offreur d'emploi, aussi bien dans le monde qu'au Maroc où elles emploient plus de 50% des salariés ? Cette réalité se précise car, en effet, la PME s'identifie aujourd'hui comme le centre névralgique de l'économie. Mais, malheureusement, sa contribution reste modeste. Alors que plus de 90% des entreprises au Maroc sont des PME, celles-ci ne contribuent qu'à hauteur de 20% de la valeur ajoutée créée. Serait-ce un problème structurel de l'économie ou un problème spécifique à la taille de ces structures ? Comme pour toute entreprise, le capital humain peut constituer un gage de pérennité comme il peut être un élément destructeur de richesse. C'est dans ce cadre que la gestion des ressources humaines, contrairement aux idées reçues, ne concerne pas seulement les grandes structures, mais aussi les petites entreprises. C'est dire que la gestion des ressources humaines peut être considérée comme une variable explicative de la performance de notre économie. D'autant plus que, dans la conjoncture actuelle, ceci constitue un défi pour les PME en matière de choix de stratégies de base, à savoir la réduction des coûts, l'optimisation des ressources, ainsi que la maîtrise des risques. En effet, le capital humain, par définition, est omniprésent dans la gestion de ces stratégies. En revanche, la plupart des dirigeants des PME marocaines sont orientés vers les performances économiques et portent une appréciation erronée sur l'importance de l'intégration de la GRH. Résultat, ces entreprises se voient souvent confrontées à des réactions, voire des conflits sociaux les moins attendus. Aussi, est-il nécessaire d'instaurer un système de GRH des PME tout au long du processus d'évolution du capital humain, du recrutement à la formation continue, en passant par un aspect très important : l'évaluation. Cherche compétences désespérément Le premier obstacle devant les PME en matière de ressource humaines est celui du recrutement de nouveaux collaborateurs. La possibilité de trouver du personnel qualifié pose problème vu le manque de notoriété de la majorité de ces entreprises. Celles-ci peuvent être amenées à perdre beaucoup de temps et ne pas exploiter au mieux toutes les possibilités disponibles par une offre importante de compétences. D'autant plus que l'acquisition de ressources suffisantes, pour réussir cette démarche, est plus difficile à résoudre que pour les grandes entreprises, les coûts de recrutements de personnes qualifiées y étant proportionnellement plus élevés. On constate qu'il y a une relation étroite entre la taille des entreprises et le respect du code de travail. Donc, il est important de développer ces entreprises pour une meilleure implication et application de la réglementation en vigueur. D'autre part, le cadre législatif doit aller de pair avec les caractéristiques du tissu économique marocain. Composé majoritairement de PME, celles-ci ont besoin d'une législation de travail qui leur permet un certain niveau de flexibilité. Ceci permettra aux PME de répondre à la réglementation, tout en augmentant leur niveau de compétitivité via un cadre social plus favorable. Les détracteurs de ce raisonnement «simpliste» ne manquent pas de se lancer dans une controverse autour du dilemme de l'accumulation des moyens de production ou l'amélioration de la qualité du capital humain. Certes, le débat n'est pas nouveau, mais les experts divergent toujours sur le diagnostic: certains estiment que l'obstacle majeur pour avoir des PME compétitives est le manque de financement et, par conséquent l'outil de production. Mais qu'en est-il des entreprises de services? D'autres estiment que le capital a été toujours mieux rémunéré que le travail couplé à une certaine inefficacité des programmes d'accompagnement lancés par l'Etat, spécifiquement ceux qui portent sur l'aspect humain. De programme en programme L'Etat a consenti des efforts importants ces dernières années en lançant plusieurs programmes d'accompagnement tels que le programme Moussanada. Il vise à accompagner 700 entreprises par an dans leur démarche de modernisation de d'amélioration de leur performance. Les offres Moussanada s'articulent autour de six axes, notamment celui de la gestion des ressources humaines. En revanche, le bilan du programme pour la période 2010-2012 reste très timide en ce qui concerne les actions réservées à la GRH. En effet, sur 1.270 actions entreprises au sein de 805 entreprises bénéficiaires, seulement 4% ont été consacrés aux solutions GRH et développement des compétences, soit 45 actions. C'est dire que c'est une question de mentalité des dirigeants, plus qu'un problème d'hiérarchisation des actions à entreprendre dans ce type de programmes.