* Malgré le lancement dune campagne de sensibilisation par lOMPIC, lengouement des consommateurs pour le vrai faux inquiète les grandes marques. * La mesure, contenue dans la loi 31-05, appliquée depuis 2006 par la Douane, permet daccélérer la machine de la saisie. * Mais pour certaines marques, ce nest pas assez ! Tout y passe ! Sacs, chaussures, stylos, logiciels, cosmétiques rien ne semble être épargné par la contrefaçon. Mais au Maroc les choses semblent évoluer depuis que lOffice marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC) avait lancé une campagne de sensibilisation avec possibilité de dénoncer les cas de contrefaçon. Mais voilà, on sattendait à la création du Comité marocain anticontrefaçon courant 2007, à limage du CNAC français, et qui regroupera les acteurs institutionnels publics et privés. En attendant, lOMPIC qui travaille sous la tutelle du ministre du Commerce, de lindustrie et de la mise à niveau de lEconomie, est la seule interface entre lEtat et les marques qui puisse émettre des demandes pour déclarer les contrefaçons dont elles sont victimes. Il travaille aux côtés de la Douane qui, elle, sévit au niveau des frontières. Son travail a été rendu plus efficace en matière de lutte contre la contrefaçon grâce notamment à la mesure contenue dans la loi 31-05, qui permet à la Douane dopérer aux frontières la saisie des marchandises contrefaites sur demande administrative et non plus sur décision judiciaire. «LEtat na pas pour mission de contrôler les marques mais plutôt la fiabilité des produits et leur conformité aux normes en vigueur. Pour la contrefaçon, ce sont les marques qui doivent saisir les autorités compétentes, à savoir lOMPIC, pour dénoncer ce trafic illégal», explique-t-on auprès du ministère. Quil sagisse de lOMPIC ou de la Douane, cest à la marque donc de présenter une demande administrative pour enclencher la procédure judiciaire. Le responsable communication dune grande marque implantée explique en quoi cette méthode peut présenter des limites : «Cest un travail dinvestigation pour lequel nous ne sommes pas forcément préparés et une saisie, que ce soit au niveau des frontières ou sur le marché interne, doit être minutieusement préparée avec les autorités compétentes qui, depuis quelque temps, ont pris conscience que la contrefaçon dissuade les grandes marques dinvestir». Ce responsable accuse une multiplication des échoppes qui commercialisent les imitations des grandes marques sans être inquiétées. «Le plus grave pour nous, ce sont les produits contrefaits réalisés au Maroc même. Ce trafic est particulièrement attrayant vu les marges de bénéfices importantes quil génère, doù laffluence dune nouvelle vague de contrefacteurs. Et puis les points de vente sont tellement dispersés que nous ne pourrons les couvrir et les contrôler. Nous espérons que les actions en Justice et les lourdes peines encourues dissuaderont dautres personnes à investir dans ce trafic qui est, rappelons-le, illégal et passible de peines lourdes». Et justement, lOMPIC serait actuellement en phase de collecter toutes les données relatives à la contrefaçon pour en faire un point de repère pour étudier lévolution du phénomène au Maroc. Un autre détenteur de licence dune marque internationale déplore lémergence dun nouveau phénomène. «Beaucoup penseraient que la contrefaçon nest quune imitation médiocre de la marque, or nous constatons avec amertume que les marchandises contrefaites sont de plus en plus améliorées et fidélisent une clientèle de taille au niveau du Maroc. Ces marchandises viennent essentiellement dAsie, notamment de Corée du Sud et nous concurrencent rudement». En effet, ce constat se traduit dans la réalité vu quau niveau du Maârif, certaines boutiques se sont spécialisées dans les imitations de luxe, notamment les sacs, ceintures et chaussures. Pour une imitation quasi-identique dune griffe, il faut tabler sur 1.000 DH pour un sac dont loriginal est facturé à 12.000 DH. Entre la copie et loriginal, même un agent des douanes ny verrait que du feu. Pour les fashion victimes, une aubaine !