Les experts du FMI ont multiplié les appréciations positives sur la politique économique menée par le Royaume. Les signaux sont positifs à la veille de la sortie du Maroc sur les marchés internationaux, après 4 années d'absence.
Par B. Chaou
Le Maroc est toujours sous la providence de La Ligne de précaution de liquidité (LPL) pour une année encore. Justement, une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Nicolas Blancher, a séjourné au Maroc du 29 octobre au 7 novembre 2019 pour mener avec les autorités marocaines les discussions relatives à la deuxième revue de l'accord au titre de la LPL accordée au Royaume en décembre 2018, pour un montant de 3 milliards de dollars. Rappelons que les autorités marocaines n'ont effectué aucun tirage sur cette LPL et ont l'intention de continuer à considérer cet accord comme un accord de précaution. L'institution de Bretton Woods n'a pas manqué de saluer l'engagement du Maroc à poursuivre le train de réformes structurelles accompagnant la LPL. Les experts du FMI ont multiplié les appréciations positives sur la politique économique menée par le Royaume. Des «éloges» qui arrivent dans un bon «timing» pour le Maroc, qui est à la veille d'une levée de fonds à l'international. Le département des Finances s'apprête en effet à lancer un emprunt sur les marchés internationaux dans les jours à venir, avec la perspective de bénéficier d'un «bon taux», comme l'a souligné Mohamed Benchaâboun, ministre des Finances. La devise, le montant ainsi que le taux seront par ailleurs décidés sur place. Une opération qui a été budgétisée dans la Loi de Finances 2019 pour un montant autour de 1 milliard d'euros ou de dollars. Ainsi, le Maroc compte réaffirmer sa présence sur les marchés internationaux, et ne pas disparaître des «radars».
Une croissance de 2,8% en 2019 Pour revenir à la mission du FMI au Maroc, celle-ci s'est clôturée par la tenue d'une conférence durant laquelle le Fonds a présenté ses prévisions économiques pour le Royaume. Selon lui, la croissance économique du pays devrait atteindre 2,8% en 2019 du fait d'une contraction de la production agricole et d'une reprise modérée de l'activité hors agriculture. Toutefois, d'après l'institution de Bretton Woods, l'économie marocaine présente une résilience face aux risques externes internationaux. Selon Nicolas Blancher, le chef de l'équipe du FMI pour la mission au Maroc, «la politique économique est saine et les fondamentaux économiques du Maroc sont solides, en dépit de la volatilité de la production céréalière, de la faible croissance des principaux partenaires commerciaux du pays et des risques externes élevés». Selon les projections du FMI, l'inflation ralentirait à 0,4% et le déficit budgétaire pour 2019 devrait atteindre 4% du PIB, en raison d'une hausse des dépenses en capital plus importante que celle des recettes, a-t-il estimé, notant que le chômage s'est établi à 9,4% au troisième trimestre de 2019 et le taux d'activité à 44,9%.
Le FMI salue les réformes mises en place «Les autorités marocaines restent déterminées à opérer des réformes importantes sur les fronts budgétaire, financier et structurel, ce qui devrait renforcer la résilience de l'économie aux chocs extérieurs et favoriser une croissance plus élevée et plus inclusive», a rappelé Nicolas Blancher. Ainsi, l'équipe du FMI a exprimé son satisfecit face au renforcement de la solidité du secteur financier, les progrès de l'inclusion financière et l'amélioration du climat des affaires, et encourage les autorités marocaines à accélérer les réformes structurelles afin d'améliorer la gouvernance, la lutte contre la corruption, la réduction des disparités régionales et sociales ainsi que le chômage, à travers notamment la mise en œuvre des recommandations des assises nationales sur la fiscalité en mai 2019. Cependant, Nicolas Blancher a relevé «qu'il y a lieu d'entourer de plus de précision la loi-cadre issue de ces recommandations, de spécifier et clarifier le calendrier de ses réformes, leurs natures et leurs impacts futurs pour aboutir à une fiscalité plus équitable». ◆
Encadré : Un déficit budgétaire de 4% en 2019 Selon les projections du FMI, l'inflation ralentirait à 0,4 % et le déficit budgétaire pour 2019 devrait atteindre 4% du PIB, en raison d'une hausse des dépenses en capital plus importante que celle des recettes, explique le Fonds. Le déficit des transactions extérieures courantes devrait se réduire à environ 5,1% du PIB en 2019 et les réserves internationales brutes devraient atteindre 25,5 milliards de dollars à fin 2019, soit environ 5,2 mois d'importations. Nicolas Blancher s'est dit satisfait quant à «l'intention des autorités marocaines d'assouplir progressivement le régime de change». Selon lui «cela permettrait à l'économie nationale de mieux absorber les chocs extérieurs et de préserver sa compétitivité». Avant d'ajouter, «le Maroc demeure souverain de la décision d'assouplir le régime de change, le rôle du FMI n'est que de donner ses recommandations».