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Publié dans Finances news le 07 - 04 - 2005

Les Assises nationales de l'Emploi auraient bientôt lieu. Jusqu'à présent, les pouvoirs publics n'ont pu mettre en application les orientations et les mesures adoptées en 1998. L’absence d’une stratégie claire en matière d’emploi inquiète de plus en plus les observateurs. L’analyse de l’économiste Azedine Akesbi n’est pas pour rassurer.
Finances News Hebdo: Quelle est votre appréciation sur la politique actuelle de l'emploi?
Azedine Akesbi : La première tentative de formulation d'une politique de l'emploi a coïncidé avec les Assises de l'Emploi de 1998. À cette occasion, le gouvernement a formulé une orientation en sept axes et plus d'une trentaine de propositions de mesures. Le problème est que ceci a reposé sur un diagnostic décalé par rapport à la réalité. L'orientation majeure retenue confiait au secteur privé le rôle de locomotive de l'emploi, et l'Etat devait poursuivre sa politique de retrait, commencée au milieu des années 80, dans le domaine du recrutement tout en aménageant l'environnement adéquat pour l'investissement et la croissance.
Les secondes Assises de l'Emploi devaient se tenir deux années plus tard. On est en 2005, il faudrait commencer par faire le bilan (même 5 ans après l'échéance normale) et ouvrir un large débat sur une question centrale pour notre pays et sa jeunesse. Il faudra souligner qu'au-delà du taux de chômage national, ce sont les caractéristiques du chômage et le niveau faible de création d'emplois qui posent un très grave problème. Le chômage touche fortement les jeunes des milieux urbains, surtout ceux diplômés. Il s'agit d'un chômage dominé par ceux qui n'ont jamais travaillé et de longue durée : une durée moyenne d'environ 40 mois. Ceci se passe sans le moindre soutien.
F. N. H. : Quelles sont les causes de l'échec des actions précédentes ?
A. A. : Ce qui a été mis en œuvre se limite à la création de l'ANAPEC ( dont l'image a été salie au démarrage par l'affaire Annajat), en plus de quelques mesures comme le programme action-emploi, dont les résultats sont très modestes et qui suscitent une question légitime concernant le rapport coût-efficacité. Le peu de mesures mises en œuvre a révélé deux grands problèmes. D’une part, le manque de transparence et la faible capacité de gestion des «politiques de l'emploi». D’autre part, le manque de moyens de financement d'une véritable politique de l'emploi.
F. N. H. : Pourquoi, à votre avis, cette absence de corrélation entre la croissance et l’emploi ?
A. A. : Les projections faites par le HCP montrent, à l'horizon 2009, qu'avec un taux d'activité restant au même niveau qu'en 2003, le taux de chômage national atteindrait 13,2 %. Il faudrait, dans les mêmes conditions, un taux de croissance de 5,5 % pour qu'il baisse à 7,1 %. Et avec un taux d'activité évolutif passant de 53 % en 2003 à 54,5 % en 2009, les taux
de chômage en 2009 seraient de 15,6 % en cas
de croissance tendancielle.
Dans l'hypothèse d'une progression de la population active de 3,2 % jusqu'en 2010, il faudrait, pour réduire le chômage de moitié, réaliser une croissance moyenne de 5,2 % sur cette période, selon les projections effectuées par la Direction de la politique économique générale (DPEG). Mais, de nombreux observateurs estiment que pour espérer maîtriser le fléau du chômage, il faudrait un taux de croissance qui avoisine les 6 à 7 %.
Il faut donc un niveau supérieur de croissance. Or, le développement de l'investissement et de la croissance est tributaire de l'existence d'un environnement global favorable : opportunité d'investissement, infrastructure appropriée, administration efficace et non corrompue, des règles économiques et de concurrence applicables à tous, une justice qui fonctionne, une demande et un marché...
Or, justement, c'est cet environnement global qui fait cruellement défaut. Le classement du Maroc dans l'indice de perception de la corruption (IPC), qui est passé de 42 en 1999 à 77 en 2004, résume à lui seul les difficultés des investisseurs actuels et potentiels.
La structure de la population active selon le niveau scolaire souligne un sérieux déficit au niveau de la formation-qualification : 35,8% des actifs sont sans niveau d'instruction, 25,9% ont un niveau primaire (61,7% pour les deux) et à peine 8,7% sont assimilables à des niveaux supérieurs de l'enseignement.
En 2004, 1,43 million de chômeurs sont recensés. Avec 1,21 million de personnes, le chômage est essentiellement urbain (84,6%). Le taux de chômage se situe à 12,5% pour l'ensemble et 14,2% pour les femmes. Les jeunes sont plus exposés au chômage. Le taux de chômage est de 18% pour la tranche 15-34 ans (et 80,8% de l'ensemble du chômage). Il s'accroît selon le niveau du diplôme : 6,5% pour les sans niveau d'instruction, 22,2% pour les «diplômés moyens» et 26,4% pour les diplômés du supérieur. Le taux de féminisation de la population en chômage est de 33,2%. Pratiquement, la moitié des chômeurs n'a jamais travaillé (49,4%). Les chômeurs de longue durée représentent 69,2 % de l'ensemble (72,6% en 2003).
F. N. H. : Un mot sur les Assises nationales de l'emploi qui, probablement, vont se tenir au courant du mois d'avril.
A. A. : Je pense d'abord que tenir de telles Assises n'aura de sens que sur la base d'un bilan sérieux et soumis au débat public des Assises précédentes. Il faut se demander pourquoi les pouvoirs publics n'ont pas pu mettre en pratique les orientations et les mesures adoptées en 1998 ? Pourquoi ce qui a été mis en œuvre a donné des résultats très modestes et problématiques. Pourquoi le Maroc stagne autour d'un taux de croissance moyen de 3,5 %, irrégulier et soumis aux aléas climatiques ?
Vu que le déficit de création d'emplois est important (s'inscrivant dans le long terme), que l'amorce de la stabilisation du chômage et sa résorption progressive passe par des taux de croissance stabilisés autour de 5,5 à 6%; partis de la question de l'emploi, nous nous trouvons rapidement face à la question du développement du pays dans son ensemble et ses exigences politiques, instinctuelles et citoyennes.
Ceci nécessite certainement des remises en cause fondamentales : comment sommes-nous arrivés, dans un pays où la très grande majorité de la population active est «sans instruction» à faiblement instruite, à tabasser la jeunesse instruite; à la pousser au suicide ou tentative de suicide ?
N'avons-nous pas besoin d'un plan stratégique de développement des ressources humaines et de l'encadrement aussi bien du secteur public que privé ? Ceci est-il compatible avec l'approche officielle actuelle des ressources humaines et le statut réservé à la citoyenneté ? Simplement, l'opération départ volontaire demandée, non ciblée et guidée par une préoccupation comptable, nous indique le chemin qui reste à parcourir.


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