LONDRES (Reuters) - L'Opep a de nouveau abaissé mercredi sa prévision de croissance de la demande pétrolière mondiale pour 2019 en soulignant que les risques entourant les perspectives économiques étaient orientés à la baisse, un facteur qui va à l'encontre de la stratégie du cartel visant à soutenir les cours. Dans son rapport mensuel, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dit prévoir désormais une augmentation de 1,41 million de barils par jour (bpj) de la demande mondiale l'année prochaine, soit 20.000 bpj de moins que prévu le mois dernier. Il s'agit de la deuxième réduction consécutive de sa prévision. Le rapport tend à confirmer que la forte hausse de la demande qui avait aidé l'Opep et ses alliés à résorber l'excès d'offre sur le marché va ralentir en 2019. La pression sera ainsi moindre sur les producteurs qui s'efforcent de compenser la baisse des livraisons du Venezuela et de l'Iran. "Les difficultés croissantes de certaines économies émergentes et développées font pencher la balance des risques vers le bas", indique l'Opep dans son rapport. "La montée des tensions commerciales et les conséquences de nouvelles mesures potentielles de resserrement monétaire par les banques centrales du G4, conjuguées à la hausse des niveaux d'endettement dans le monde, constituent des sources supplémentaires d'inquiétude." BAISSE DES EXPORTATIONS IRANIENNES EN VUE Les cours du brut ont momentanément réduit leur progression après la publication du document, tout en restant soutenus par la perspective d'une baisse des exportations iraniennes après l'entrée en vigueur, le 4 novembre, des sanctions américaines contre Téhéran. Le baril de Brent gagnait 0,44% à 79,41 dollars dans l'après-midi, non loin de la barre de 80 dollars qu'il a franchie cette année pour la première fois depuis 2014 mais sur laquelle il bute depuis dans l'anticipation d'une hausse de l'offre et d'un ralentissement de la demande. L'Opep et plusieurs producteurs extérieurs à l'organisation, emmenés par la Russie, se sont entendus en juin pour respecter à 100% les baisses de production qui ont commencé en janvier 2017 afin de stabiliser l'offre mondiale. Le taux de respect de l'accord avait dépassé un temps les 160% après des mois de sous-production du Venezuela et d'autres pays. Dans son rapport, l'Opep indique que la production pétrolière de ses 15 pays membres a augmenté de 278.000 bpj en août à 32,56 millions de bpj. La plus forte hausse a été le fait de la Libye, qui est exemptée de l'accord d'encadrement du marché, mais cela a aidé à compenser la baisse des pompages au Venezuela et en Iran. Selon les calculs de Reuters, cela correspond à un taux de respect de l'accord de 133%, ce qui signifie que les membres de l'Opep continuent de réduire leur production plus que nécessaire. En juillet, l'accord avait été respecté à 126%. Le niveau de production du mois d'août est plus bas que la demande moyenne pour le pétrole de l'Opep en 2018 mais supérieur à ce qui sera nécessaire l'an prochain, si on tient compte de la hausse de la production américaine. L'Opep estime la demande mondiale pour son brut à 32,05 millions de bpj en 2019, une prévision inchangée par rapport au mois dernier. Cela signifie qu'il y aurait un surplus de 500.000 bpj sur le marché si l'Opep continue de produire au même rythme qu'en août, toutes choses égales par ailleurs. La remontée des prix consécutive à l'accord d'encadrement du marché continue à encourager les producteurs rivaux, américains principalement, à augmenter leur offre. L'Opep table sur une hausse de 2,15 millions de bpj de la production non-Opep l'an prochain, soit 20.000 bpj de plus que sa prévision de juillet.