Espace expérimental d'agriculture urbaine mis en place dans la Step de Mediouna. - La gestion durable de la ressource en eau est un axe fondamental de la démarche RSE de Lydec. - Abdallah Talib, directeur communication, développement durable et innovation de Lydec et vice-président délégué de la Fondation Lydec, revient sur la pertinence et le caractère innovant de l'espace expérimental d'agriculture urbaine mis en place dans la Step de Mediouna, et primé par le Prix Hassan II pour l'environnement.
Finances News Hebdo : Lydec vient d'être primée par le jury du Prix Hassan II pour l'environnement dans la catégorie «Initiatives des entreprises» qui récompense les projets menés par les entreprises et s'inscrivant dans une démarche de responsabilité sociétale de l'entreprise. Pouvez-vous nous rappeler globalement la démarche menée par Lydec dans ce domaine ?
Abdallah Talib : L'enjeu RSE est pleinement intégré à la stratégie de Lydec. Il constitue d'ailleurs l'un des 7 objectifs stratégiques de notre projet d'entreprise «Synergies 2020». Cette intégration des enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux se concrétise tant au cœur de notre stratégie, que de nos métiers ou encore de notre gouvernance. Elle répond à une volonté d'intégrer les évolutions de notre environnement dans notre stratégie RSE, telles que la Stratégie nationale de développement durable (SNDD) ou les Objectifs de développement durable des Nations unies, ainsi qu'à contribuer en tant qu'opérateur structurant du Grand Casablanca à apporter des solutions concrètes répondant aux enjeux de notre territoire d'ancrage, le Grand Casablanca, sur la base d'un dialogue constructif avec nos parties prenantes.
F.N.H. : Le projet primé par le Prix Hassan II est celui de l'espace expérimental d'agriculture urbaine mis en place dans la Step de Mediouna, qui permet la réutilisation des eaux épurées pour l'irrigation agricole. En effet, la préservation de la ressource en eau constitue un enjeu majeur pour le Maroc et ses habitants et notamment pour les Casablancais, où cette ressource est soumise à une forte pression. Quelles sont les actions entreprises par Lydec en faveur de la gestion durable de la ressource en eau ?
A. T. : L'enjeu de gestion durable de la ressource en eau est un enjeu prégnant de la démarche RSE de Lydec ainsi que des axes d'intervention de la Fondation Lydec. C'est un enjeu majeur sur le plan opérationnel. Nous avons notamment pris un engagement dans le cadre des engagements climats pris par Lydec en juin 2016, en amont de la COP22, celui visant à «économiser l'équivalent en eau d'une ville de 1,2 million d'habitants d'ici 2020». Un engagement en passe d'être atteint puisqu'à fin 2017, ce sont plus de 44 millions de m3 d'eau qui ont été économisés depuis 1997, soit l'équivalent de la consommation d'une ville de 1.150.000 habitants, grâce aux stratégies de recherches de fuites d'eau sur le réseau d'eau potable. Un engagement ambitieux qui repose sur une expertise «métier» mais aussi sur la mobilisation de l'ensemble des parties prenantes concernées. C'est pourquoi Lydec a activement participé à la constitution de 2 initiatives multi-acteurs majeures intégrant l'enjeu de la gestion durable de la ressource en eau. La première est intitulée la coalition marocaine pour l'eau (Coalma) créée en octobre 2016, qui réunit plus de 20 acteurs des secteurs public et privé de la gestion de l'eau, des associations et des institutions académiques engagées en faveur de la gestion durable de la ressource en eau. La seconde est «le Réseau Maroc du pacte mondial des Nations unies», officiellement constitué en mars 2018 et initié par le PNUD Maroc, la CGEM et 7 entreprises leaders, qui Espace expérimental d'agriculture urbaine mis en place dans la Step de Mediouna. vise à mobiliser le secteur privé dans l'atteinte des objectifs de développement durable, au premier rang duquel l'ODD 6 dédié à l'accès à l'eau et à l'assainissement. Mettre en place une gestion durable de la ressource en eau repose également sur une démarche de sensibilisation et de mobilisation de l'ensemble des parties prenantes en faveur de la préservation de l'environnement. C'est pourquoi la Fondation Lydec a fait de cet enjeu son premier axe d'intervention. Dans ce cadre, l'un des premiers partenaires de la Fondation a été celui conclu avec l'Association des enseignants des sciences de la vie et de la terre. Signée en février 2015, cette convention portait sur un projet commun de sensibilisation et d'éducation à l'environnement et au développement durable, et ce au travers de plusieurs axes, notamment le soutien aux centres d'éducation à l'environnement de Casablanca et Mohammedia, avec la mise en place d'une exposition dédiée à l'eau «Exp'eau» en 2015, qui a accueilli plus de 15.000 scolaires depuis le début de ce partenariat.
F.N.H. : Quelle est l'originalité voire la pertinence du projet d'espace expérimental d'agriculture urbaine récompensé par les membres du jury du Prix Hassan II ?
A. T. : Lieu d'innovation technique et sociétale, l'espace expérimental d'agriculture urbaine a représenté l'un des projets-phares mis en œuvre par la Fondation Lydec dans le cadre du Plan d'actions changement climatique déployé en amont de la COP22. Réalisé grâce au partenariat entre la Fondation Lydec et l'Association recherche-action pour le développement durable, cet espace de 1.600 m2 est le fruit d'une collaboration pluri-acteurs réussie, avec le soutien de différentes associations et du monde universitaire. Irrigué grâce à la réutilisation des eaux usées épurées par la station de Médiouna, l'espace d'expérimentation propose 7 zones de cultures (jardin potager, forêt comestible avec des arbres fruitiers, plantes aromatiques, etc.) comportant une pépinière ainsi qu'une zone de biodiversité et un espace de compostage. Ce projet vise à développer un champ d'expérimentation de l'agriculture urbaine et biologique au Maroc, à démontrer la faisabilité de la réutilisation des eaux épurées à usage agricole et enfin à contribuer à la sensibilisation et à l'éducation des parties prenantes (scolaires, étudiants, riverains, associations, agriculteurs, élus…) en faveur de la protection de l'environnement et du développement de l'économie circulaire. Lancé durant la PréCOP Casablanca en octobre 2015, cet espace a été inauguré officiellement à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau en mars 2017. Il a déjà accueilli à ce jour plus de 1.200 représentants des parties prenantes. En cela, il représente pour Fouad Amraoui, président de l'Association recherche-action pour le développement durable et partenaire de la Fondation Lydec pour la mise en œuvre de ce projet : «un projet précurseur que nous espérons pouvoir étendre sur le périmètre de Médiouna mais également développer sur d'autres sites. En effet, il s'agit d'une solution concrète répondant aux enjeux du stress hydrique mais aussi d'un développement territorial équilibré, conformément aux cibles de l'Objectif de développement durable 11 des Nations unies sur les villes et établissements humains durables et tel que souligné dans le rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur les villes durables paru fin décembre 2017».
F.N.H. : Que traduit cette distinction, sachant que le Prix Hassan II est l'une des manifestations les plus prestigieuses à l'échelle nationale en matière de développement durable et de protection de l'environnement ?
A. T. : C'est un grand honneur pour Lydec et la Fondation Lydec que de se voir remis ce Prix des initiatives des entreprises pour la première fois. C'est en effet la reconnaissance du caractère innovant et de l'impact positif généré par la mise en place de cet espace expérimental d'agriculture urbaine, qui permet d'apporter une contribution concrète au développement durable du Grand Casablanca, notamment en termes d'adaptation aux effets du changement climatique. C'est aussi un projet structurant de notre démarche RSE qui vise à mobiliser nos parties prenantes en faveur des Objectifs de développement durable et des enjeux de la Stratégie nationale de développement durable, conformément à notre feuille de route développement durable à l'horizon 2030. ■