Par son extrême diversité écologique, le Maroc se situe parmi les pays méditerranéens les plus originaux, sans égal sur le plan de la biodiversité. La conservation de cette biodiversité constitue certainement lun des objectifs majeurs à atteindre pour non seulement préserver la nature et la diversité des espèces vivantes, mais surtout assurer léquilibre de la vie humaine et celui des systèmes écologiques. Léquilibre ainsi recherché est actuellement qualifié par la communauté internationale de «développement durable». Au Maroc, la conservation de la biodiversité remonte au début du siècle dernier où un important arsenal juridique a été mis en place concernant la conservation et lexploitation des forêts, la pêche dans les eaux continentales, la police de la chasse ou les parcs nationaux. Cependant, malgré ces dispositifs réglementaires, létat des lieux actuel permet de constater que les écosystèmes ne sont pas égaux devant lampleur de la pression anthropique qui induit des évolutions déséquilibrées. Face à cette situation, le Maroc décide de reconstruire sa politique forestière sur de nouvelles bases. Dans ce sens, le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la Désertification a la charge de plusieurs missions. Elles concernent lélaboration et la mise en uvre de la politique gouvernementale relative aux domaines de la conservation, du développement durable des ressources forestières, alfatières et sylvopastorales dans les terrains soumis au régime forestier. Impliquer la population Le concept de lUnion Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a défini laire protégée comme «une région, ou une section de région, de terre ou de mer vouée spécialement à la conservation et au maintien de la diversité biologique, ainsi que les ressources naturelles et culturelles qui lui sont associées». Une autre catégorie daires protégées a récemment pris naissance, à savoir la réserve de biosphère. Elle englobe les écosystèmes terrestres et côtiers. Ce type de réserves constitue un modèle de laboratoire vivant servant détude et de démonstration de la gestion intégrée des terres, de leau et de la biodiversité. La gestion des aires protégées, qui relève des compétences du Haut Commissariat des Eaux et Forêt et à la Lutte contre la Désertification, consiste en la mise en uvre dun ensemble dactions conduisant à la protection et à la conservation des ressources naturelles. La gestion des aires protégées au niveau national a connu récemment un élan remarquable. Plusieurs conventions de partenariat national et international ont été conclues pour la cogestion des ressources naturelles. Le programme national de petits dons du projet GEF de gestion des aires protégées en est lillustration. Il sagit dun nouveau concept mis en place avec limplication directe de la population locale dans le but didentifier les facteurs de dégradation de lenvironnement et la sensibilisation à lexploitation rationnelle des ressources naturelles. Au niveau international, le Maroc a adhéré au mouvement mondial de protection de lenvironnement naturel en ratifiant les plus importantes conventions relatives à la conservation de la nature et de la biodiversité. Ce mouvement a induit une large coopération qui sest traduite par plusieurs projets contribuant à la mise en uvre de la stratégie nationale des aires protégées. À citer comme exemple, le projet daménagement et de protection des massifs forestiers de la province dIfrane ou celui de la conservation des écosystèmes des zones humides côtières de la région méditerranéenne. Lensemble de ces conventions signées par le Maroc offre une plate-forme pour une gestion appropriée permettant la conservation des valeurs biologiques, écologiques, paysagères et culturelles des aires protégées. Dans ce sens, une actualisation des dispositions législatives et réglementaires en vigueur dans notre pays simpose pour permettre la mise en uvre des engagements pris à légard de ces conventions. Cest ce que le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la Désertification a entrepris à travers lactualisation du dahir du 21 juillet 1923 sur la police de la chasse. Dautres projet de loi sont en cours concernant les aires protégées et le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées dextinction. Une stratégie nationale pour les aires protégées Suite au Sommet de la Terre tenu à Rio en 1992, le département des Eaux et Forêts et de la Lutte contre la Désertification a élaboré en 1996 un plan directeur des aires protégées. Ce plan a permis non seulement de faire létat des lieux, mais aussi de procéder à lharmonisation des actions de conservation de la nature et du développement local. Afin de protéger ce patrimoine national, le Royaume du Maroc a identifié un réseau daires protégées constitué de 10 parcs nationaux et 146 réserves qui englobent des écosystèmes uniques et représentatifs de la diversité biologique du pays. Le Plan directeur des aires protégées a permis également de disposer dun fonds documentaire couvrant 154 sites dintérêts biologique et écologique (SIBE) formant le réseau national daires protégées. En effet, ce réseau sétend sur lensemble des 22 secteurs biogéographiques du Maroc, où les plus fortes concentrations se situent au sein des zones de montagne et du littoral avec des pics pour le Moyen Atlas, le Gharb, la Maâmora, le Moyen Sebou et le Rif. Le taux despèces rares y atteint près de 60%. Dautre part, ledit plan a permis la classification des sites selon la priorité dintervention, basée essentiellement sur le niveau de dégradation des ressources naturelles. À cet effet, il a identifié trois priorités qui doivent être parcourues dici lan 2020. Le classement en aire protégée dun espace abritant une biodiversité spécifique ne peut garantir à lui seul la conservation efficace de ses valeurs. Même si elle nest plus synonyme dinterdiction de laccès à ses ressources, sa gestion intègre dorénavant la notion dutilisation concertée et maîtrisée par les usagers. Il est donc établi que la responsabilité de protéger les sites à haute valeur biologique nest pas uniquement du ressort des pouvoirs publics. Elle revient aussi aux populations qui bénéficient de ces espaces ainsi quà la société civile au sens large. Cependant, si cette implication est limitée dans lespace, elle nest pas, non plus, prolongée dans le temps. De ce fait, une implication continue et pérenne simpose. Ce principe naissant, appelé «gouvernance», a été longuement examiné lors du dernier congrès sur les aires protégées tenu à Amban, en septembre 2003. Les congressistes ont mis en exergue limportance détudier en profondeur cette notion en mettant laccent sur lenjeu quelle représente pour le développement local durable. Cette forme de gestion est définie comme un mécanisme des interactions entre les structures, les processus et les traditions qui déterminent les structures du pouvoir. En dautres termes, «la gouvernance» est un processus dans lequel peuvent sengager plusieurs acteurs distincts des institutions gouvernementales. Ainsi, sommes-nous interpellés, plus que jamais, à apprécier à sa juste valeur lenjeu que représente la conservation de notre biodiversité et son influence sur léconomie, pour le bien-être présent et futur des générations.