Le Maroc veut tabler sur l'innovation et la R&D pour moderniser son agriculture. Les ressources allouées à ce créneau, essentiellement publiques, sont insuffisantes pour relever les défis. Les organisations internationales, comme la FAO, sont appelées à la rescousse pour apporter leur expertise et leur soutien. Le choix de l'innovation, la recherche et le développement comme thématique de la 7ème édition du Salon international de l'agriculture de Meknès (SIAM) n'est pas fortuit. En effet, les plus grandes nations agricoles font appel à ce créneau pour améliorer la productivité, respecter l'environnement et réduire les coûts. Le Plan Maroc Vert a accordé une grande importance au sujet auquel les instituts dédiés, en concertation avec d'autres organismes privés ou publics, sont appelés à donner une nouvelle impulsion. «Dans le but d'accompagner le processus de cette révolution verte, le SIAM propose un espace innovant, porteur d'une définition nouvelle du métier d'agriculteur. Son potentiel consiste à créer des effets particulièrement positifs par la formulation de réponses pertinentes à des questions complexes, en s'appuyant sur des partenariats stratégiques ainsi que des coopérations internationales efficaces», a indiqué Jaouad Chami, commissaire du Salon. «La connaissance et l'innovation sont l'ADN du SIAM», a-t-il lancé. Au SIAM, le pavillon Recherche & Innovation, un espace de 400 m2 et plusieurs stands se sont révélés aux professionnels et passionnés d'une grande découverte. Des établissements nationaux ont été à l'honneur comme l'Université Moulay Ismail qui a présenté deux innovations de grande envergure. Il s'agit d'abord de la création d'une mesure rapide de la qualité du lait et de sa teneur en eau. Cette innovation aura des effets positifs sur le travail des coopératives laitières pour démasquer les tricheurs. L'Université a mis au point également des biofertilisants contenant des micro-organismes vivants destinés à l'amélioration de la croissance des plantes. Quant à l'Ecole nationale de l'agriculture (ENA), elle a exposé une machine de plantation directe de grains destinée spécialement aux petits et moyens agriculteurs. Pourtant, l'image est loin d'être rose et les exposants ne cachent pas leur désarroi. La recherche et développement demeure une «activité marginale». Le problème concerne les financements, le personnel scientifique et technique et les brevets. Le Maroc a fait appel également aux organisations internationales pour apporter leur soutien et leur expertise à cette branche. A cet égard, le ministère de l'Agriculture a signé une convention de partenariat avec l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Objectif, mettre en place un réseau virtuel d'appui conseil, de recherche & développement ainsi que de communication. Ce système, baptisé Vercon, s'inscrit dans le cadre de la démarche d'appui au Plan Maroc Vert, un véritable coup de pouce pour ce créneau. Au cours de ce salon la stratégie agricole nationale aura scellé un nombre important de partenariats lui permettant ainsi de développer son pôle de R&D, notamment à travers l'échange d'expertises et de compétences au niveau international. Si le ministre affichait déjà à l'ouverture des 5ème Assises de l'agriculture, un bilan à mi-parcours pour le moins satisfaisant, l'évolution du Plan stratégique agricole devrait donner les fruits escomptés. Par C. Jaidani R&D : 0,8% du PIB seulement La branche R&D est très faible au Maroc. Elle ne bénéficie en tout et pour tout que de 0,8% du PIB, soit environ 5 milliards de DH. Un budget entièrement financé par l'Etat, le privé lui consacrant environ 6%. Concernant le personnel scientifique et technique dont dispose le Maroc, il approche aujourd'hui un effectif de 20.000. 10.748 sont des enseignants-chercheurs qui exercent dans les universités, 4.020 travaillent dans les établissements publics de recherche (comme le LPEE, l'INRH, l'Institut Pasteur, etc.), 4.000 dans les établissements publics de formation des cadres et seulement 303 dans les établissements privés d'enseignement supérieur. Il y aurait à ce compte, au Maroc, un taux de 6 chercheurs pour 10.000 habitants. Quant à l'aspect innovation, le nombre de brevets déposés au Maroc entre 2000 et 2004 a atteint 2.154. Sur ce total, les brevets d'origine marocaine ne représentent que 28,5% ; le reste est partagé entre les brevets déposés par des sociétés européennes implantées au Maroc (71,2%) et les Américains (0,3%). Maroc Telecom primé Suite à sa participation à l'édition 2012 du SIAM, Maroc Telecom a reçu le prix du meilleur exposant du pôle Recherche & Innovation. Cette distinction gratifie les efforts en innovation et en développement durable de l'opérateur qui vient d'annoncer le lancement de nouvelles solutions technologiques innovantes et efficaces visant à la protection du couvert forestier au Maroc, dont la solution Cyber Arbre. Il s'agit en réalité d'un système de visio-surveillance placé sur les pilones de Maroc Telecom disponibles dans les régions arboricoles, connecté au système de veille des autorités forestières alentour. L'objectif est de prévenir les incendies en intervenant dès les premiers instants. Et si l'opérateur ne dispose pas de pilones dans les régions, IAM prévoit d'installer ce système sur les arbres.