C'est presque tout naturellement que Hind a développé une réelle passion pour l'automobile et les sports mécaniques. Elle a baigné dans une famille passionnée et son père vouait un culte à ce type de compétition. Seulement voilà, vouloir faire d'une passion une vocation était difficile à concrétiser pour une femme. Mais, depuis son arrivée à Casablanca, Hind, soutenue par son père et son mari, a franchi le pas du professionnalisme et commence à se faire un nom sur le circuit marocain et, pourquoi pas ?, à l'international aussi. Parcours •1978 : Naissance à El Jadida. •2008 : Arrivée à Casablanca et début du professionnalisme en sport automobile. •Décembre 2011: Troisième prix de la catégorie M1 du Premier Grand Prix Automobile d'El Jadida et seule femme récompensée lors de cette compétition. Féminine, voix douce, on peine à croire que Hind Abatorab est pilote de voiture de compétition, ce domaine étant un sport de «mecs». Et pourtant, elle est non seulement une professionnelle des circuits, mais est primée également. Aînée de trois sœurs, Hind a ouvert les yeux au sein d'une famille férue d'automobile, puisque son père vouait un culte aux sports mécaniques. A la tête d'une auto-école, il a formé plusieurs pilotes professionnels. Et bien que Hind était une fille, il lui a transmis tout ce qu'il savait sur l'automobile. «Je pense que mon père a toujours vu en moi la relève». Elle se souvient de lui en train de bricoler et de fabriquer des miniatures, où encore en train de former des pilotes. Et étant proche de son père, elle a aimé également le monde du sport automobile. Et c'est ainsi que très jeune elle rêvait de devenir pilote automobile et de concourir sur circuit. Chose difficile parce qu'elle habitait El Jadida où l'accès à certains clubs restait l'apanage des hommes. Mais, il y a près de quatre ans, tout bascule favorablement puisque désormais installée à casablanca Hind rejoint un club pour entamer sa carrière professionnelle. «J'ai rencontré une ancienne pilote marocaine, Saïda Ibrahimi, la présidente de l'Association Maghrébine des Sports Automobiles et ça a motivé ma décision de concrétiser mon rêve depuis que j'étais enfant de devenir pilote automobile professionnelle et concourir». La première année a été très difficile parce que j'étais la seule femme à participer à certaines courses. «Si, de loin, on peut se faire une idée sur un domaine et en devenir passionné, une fois dedans, on se heurte à certaines difficultés inhérentes à un sport réputé à risque». Hind est impréssionnée à ses débuts mais, sous les encouragements de son père et de son mari, elle se lance dans le sport automobile, décidée à faire ses preuves et à prouver, une fois de plus, que les femmes aussi peuvent exceller dans ce sport réputé être la chasse gardée des hommes ! Les pilotes sont plutôt coopérants, puisqu'ils n'hésitent pas à la conseiller tout en lui reconnaissant les qualités d'un adversaire redoutable. Et petit à petit, avec la persévérance et les entraînements, elle commence à se faire connaître et à remporter des prix arrachés à des pilotes chevronnés. Comme ce fut le cas en décembre 2011 quand Hind a remporté le troisième prix de la catégorie M1 du Premier Grand Prix Automobile d'El Jadida. Elle est d'ailleurs la seule femme à être récompensée lors de cette compétition. Une victoire au goût savoureux. «C'était vraiment un honneur de remporter ce prix dans ma ville natale, El Jadida. C'est une victoire très spéciale pour moi». Autant dire qu'avec des vétérans, c'est un plaisir de voir une femme sur le podium, trophée à la main. «Je pense sincèrement que quand on veut, on peut. Malgré ma modeste expérience, ayant démarrée tardivement, j'ai pu concurrencer des champions et remporter des prix». Mais un sport comme la compétition automobile n'est pas qu'une partie de plaisir, puisque Hind a failli jeter l'éponge à cause des dangers que peut présenter cette épreuve. Comme ce fut le cas en mai dernier après l'accident survenu au début des essais sur le circuit de vitesse d'Agadir et qui a causé la perte d'un grand vétéran de cette compétition, Jacky De La Orden, pourtant riche de 40 ans d'expérience. Une tragédie à laquelle Hind avait malheureusement assisté. Bien qu'étant femme active, épouse et maman d'un garçon de cinq ans et demi, Hind Abatorab reste attachée plus que jamais à sa passion : le sport automobile. «Mon père m'a été d'un grand secours dans des moments pareils, mais la peur reste et appelle à la vigilance, surtout au début de la course. Je pense que mon seul regret est que je n'ai pas commencé plus tôt ma carrière !». La famille et les amis ont apporté également leur aide et leur soutien au parcours de Hind et l'ont encouragée dans sa motivation de poursuivre sa carrière. Même son mari, qui était réticent au désir de Hind, a fini par devenir l'un de ses meilleurs supporters. «Il a assisté à plusieurs courses auxquelles je participais et autant dire qu'il a apprécié et a fini par aimer cette pratique». La saison 2012 des sports automobiles démarre en cette fin de mars avec un premier circuit à Al Hank à Casablanca; alors, bon vent Hind ! Imane Bouhrara / Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.