La région du Gharb recèle dénormes potentialités naturelles et économiques : des centaines de milliers dhectares de terres agricoles utiles, des ressources hydriques importantes et une population jeune. Pourtant, la région agonise. «Il est déplorable de savoir que la région du Gharb a vécu ses meilleurs jours durant la période coloniale. Ce nest pas par hasard que les colons français ont investi énormément dans cette région. Cet espace délaissé par les autorités centrales pourrait bien être lun des principaux pôles économiques du Royaume». Cest en ces mots quun militant associatif originaire de Mechraâ Belksiri nous a parlé de cette contrée qui dispose dun potentiel considérable en matière de développement économique. La région du Gharb-Chrarda-Béni-Hssen (GCBH) bénéficie de précipitations abondantes et sétend sur une superficie de 893.860 ha, dont 68% de surfaces agricoles. Elle dispose également dune infrastructure de base importante (routes, autoroutes, voies ferrées...). Vu ses potentialités, on ne peut que sinterroger sur la stagnation de lactivité économique dans la région, voire sa dégradation. Mais le problème est plus politique quéconomique. Il faut rappeler que durant la période coloniale, les Français avaient développé une activité économique importante dans la région, liée essentiellement à lagriculture. Ils avaient donc mis en place une infrastructure routière et ferroviaire pour relier cette région aux autres parties du Royaume, notamment au port de Casablanca au Sud et à la ville de Tanger au Nord. Après le départ des colons, certains hauts gradés militaires et notables de la région avaient pris la relève. Les intérêts personnels de ces nouveaux venus lavaient emporté sur lintérêt général. Les habitants de cette région, en majorité des ruraux, peinent aujourdhui à subvenir à leurs besoins quotidiens. Les jeunes cadres et diplômés originaires du Gharb émigrent vers dautres régions du Royaume en quête demploi. Depuis quelques années, les autorités centrales et locales tentent de rectifier le tir pour créer une nouvelle dynamique. Potentialités dune région délaissée La situation géographique (proximité de Casablanca, Rabat et Tanger) confère à la région du Gharb un statut privilégié de passage vers le Nord et lEst. En outre, le «Gharb» bénéficie de précipitations très importantes, supérieures à 400 mm. Labondance des ressources hydriques et la fertilité des terres en font un pôle dattraction pour les investissements agricoles. Les barrages constituent une infrastructure de premier plan dans le Gharb. Le premier barrage a été construit durant la période coloniale (1935). Il sagit du barrage dEl Kansera sur lOued «Beht» à Sidi Slimane. Dautres barrages ont été édifiés durant la décennie 90, ceux dAl Wahda et dAllal El Fassi. Ces barrages permettent lirrigation de 270.000 ha. Généralement, les ressources hydriques dans la région sélèvent à 6,57 milliards m3. Il est à signaler que la superficie agricole utile totalise 603.000 ha, dont 130.000 irrigués. Quant à la superficie des forêts, elle sélève à 125.000 ha, soit 2% du couvert végétal du pays. En ce qui concerne lindustrie, la région du GCBH dispose dinfrastructures de base nécessaires pour créer des projets de grande envergure. Linfrastructure routière de la région est dotée dun réseau dautoroutes reliant Kénitra aux principales villes marocaines. La région est traversée par deux axes de voie ferrée. La gare ONCF de Sidi Kacem est la principale installation de la région. Au niveau portuaire, Kénitra abrite lunique port fluvial du pays. Mais pour des raisons techniques et de gestion, lactivité du port sest fortement amenuisée. Les conditions daccès difficiles à cause de la barre à franchir à lembouchure du Sebou rendent lentrée des navires compliquée. Le Gharb dispose de quatre grandes zones industrielles aménagées. Il sagit des zones de Saknia, Bir Rami I et II et celle de Sidi Kacem. Dans la région du GCBH se développe une industrie de transformation importante, liée essentiellement à lagriculture. La production industrielle est évaluée à 5,616 millions de DH. Le nombre détablissements industriels est de 205 unités où sactivent plus de 10.000 personnes. Un potentiel touristique sous-exploité Parallèlement aux activités industrielles, la région du «Gharb» présente des atouts touristiques importants. On peut citer, entre autres, les plages de Mehdia et Moulay Bousselham, les plaines de chênes-lièges, les sites biologiques Merja Zerga et Sidi Boughaba, ainsi que les sites historiques (Thamusida, Banasa et Rirha). Mais linfrastructure touristique reste très faible. La région ne compte que 6 hôtels classés avec une capacité totale de 587 lits. En termes dattractivité dinvestissements et malgré les différentes richesses du Gharb, les projets restent faibles comparés à ceux dautres régions du pays.