Renforcer la coopération méditerranéenne en matière de préservation et de restauration des forêts est une nécessité pour faire face aux menaces qui pèsent sur la région. Pour débattre des solutions à adopter, plus de 300 experts ont pris part à la 5ème Semaine forestière méditerranéenne. Berceau de profondes mutations, la Méditerranée est l'une des régions les plus vulnérables aux changements globaux, notamment ceux d'ordre climatique, démographique, de tension socio-spatiale, de pression anthropique, etc. La riche biodiversité et les ressources naturelles surexploitées du pourtour, sont de plus en plus fragilisées, non sans conséquence sur l'équilibre écologique, économique et social de la région. En tête de liste des richesses naturelles les plus menacées se trouve le patrimoine forestier (superficie estimée à 85 millions d'hectares). C'est autour de cette question alarmante que plus de 300 experts, provenant de 20 pays du pourtour, ont débattu lors de la 5ème Semaine forestière méditerranéenne, organisée à Agadir du 20 au 24 mars par le haut-commissariat aux Eaux et forêts et à la Lutte contre la désertification, l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) et d'autres partenaires internationaux. Après un état des lieux de la situation des forêts dans le bassin, les travaux de cette Semaine se sont focalisés sur les réponses que les pays du pourtour doivent apporter pour faire face aux menaces qui pèsent sur le patrimoine forestier. Le mot d'ordre de cette rencontre a été de passer des discours à l'action. Car, force est de constater que malgré les avancées en matière de négociations climatiques, sur le plan opérationnel le bilan reste encore très faible. L'enjeu de cette rencontre méditerranéenne a donc été de définir comment traduire cette prise de conscience en actions concrètes afin de préserver et de restaurer les forêts ainsi que les paysages méditerranéens. «La préservation de la forêt constitue une impérieuse nécessité pour continuer à garantir un environnement propice à l'amélioration et au bien-être des citoyens», a déclaré Zineb El Adaoui, wali de la Région Souss-Massa-Drâa. En effet, la forêt méditerranéenne a de tout temps joué un rôle important dans le développement économique et social des populations. C'est pour cela que les différentes parties concernées oeuvrent depuis 2010, date de l'organisation de la 1ère rencontre en Turquie, pour renforcer la coopération régionale (Nord-Sud et Sud-Nord) dans ce domaine, car la restauration des espaces forestiers n'est pas uniquement une question nationale, mais régionale. Les travaux de cette 5ème édition ont donc été l'occasion de mettre en place les premiers piliers d'une feuille de route régionale avec des programmes d'action adaptés à chaque pays et à chaque environnement. ■ Par L. Boumahrou
Deux questions à Ismaïl Belen, président du Comité des questions forestières méditerranéennes de la FAO «Silva Mediterranea» : Finances News Hebdo : Les pays du pourtour se réunissent depuis 2010 pour discuter des défis à relever en matière de restauration du patrimoine forestier de la région sans aboutir à des réalisations tangibles sur le terrain. Quand allez-vous passer des discours à l'action ? Ismaïl Belen : Ce passage du discours à l'action est en effet une question-clé dans le process de préservation des ressources forestières. Je dois dire qu'en termes d'action, les pays du pourtour méditerranéen agissent déjà sur le terrain. Cependant, il faut renforcer la coopération régionale en matière de préservation des forêts. C'est d'ailleurs l'objectif de cette 5ème Semaine forestière méditerranéenne lors de laquelle nous avons préparé l'engagement d'Agadir. Cet engagement sera approuvé durant le segment de haut niveau (le 24 mars) par tous les pays participants qui ont déjà exprimé leurs ambitions pour une mobilisation régionale. Je donne l'exemple de la Turquie qui vient de s'engager en marge de cette rencontre pour restaurer 500.000 hectares de forêts en 5 ans au niveau de tous les pays du bassin. F.N.H. : Comment la forêt peut-elle devenir une solution aux défis régionaux ? I. B. : L'un des problèmes majeurs du bassin méditerranéen est l'immigration qui est essentiellement due au manque de moyens de subsistance, notamment économiques. Cela dit, le secteur forestier pourrait être une solution alternative pour atténuer ce fléau en tant que secteur porteur de richesses économiques et de valeur ajoutée en termes de stabilisation des populations. Ce secteur peut donc constituer une source de revenus qui permettra aux populations les plus défavorisées d'intégrer le tissu économique des pays méditerranéens. ■