Le rythme tendanciel de la croissance du PIB dans les pays émergents a progressé de 3,8% dans les années 1990-2000, à plus de 6,5% dans les années 2001-2011. Dans les années à venir, la richesse va migrer des pays riches vers ceux émergents. Le Maroc en fera partie, à condition de relever quelques défis. A peine entamée, l'année 2011 commence à susciter l'intérêt des économistes et des analystes. Et pour cause, la crise qui a secoué le monde au cours des trois dernières années a poussé ces derniers à prédire qu'elle se traduirait purement et simplement par un déplacement de la richesse mondiale vers les pays émergents. Cette hypothèse n'est pas hasardeuse, mais trouve son illustration dans les échanges commerciaux qui ont été multipliés par 6 dans les pays émergents et en développement, contre 3 dans les pays développés entre 1990 et 2010. Aussi, d'après les analystes de l'Observatoire de l'Entrepreneuriat, le rythme tendanciel de la croissance du PIB dans les pays émergents et en développement qui a progressé de 3,8% dans les années 1990-2000 à plus de 6,5% dans les années 2001-2011, est aussi révélateur. Le Maroc fera certainement partie du lot, mais encore faut-il qu'il soit en mesure de relever les défis. En effet, force est de constater que l'activité économique nationale a commencé à s'affranchir des évolutions erratiques du secteur agricole (12,9% du PIB en 2010 et 12,1% en 2011 contre 16,7% au cours de la période 2004-2009. La croissance qui devrait atteindre 4,6% en 2011 contre 3,3% en 2010. se diversifie au profit d'autres secteurs d'activité. Parmi les secteurs qui ont contribué à cette performance et qui continueront à booster la croissance, on peut citer le BTP, le tourisme et le transport, voire les télécommunications, les NTI, l'électronique et l'agroalimentaire. Haro sur les incohérences ! Ces réalisations n'empêchent pas pour autant les analystes de mettre le doigt sur certaines incohérences qui planent toujours sur l'économie marocaine. On peut citer, dans un premier temps, l'épargne qui couvre de moins en moins les investissements. Elle dégage ainsi un déficit structurel de financement de 1,2% du PIB en 2005, à -2,7% en 2010 et -3,6% en 2011. Ce déficit conjugué aux besoins grandissants du Trésor se matérialise par un renforcement de la tension sur la liquidité que connaît déjà le secteur bancaire. En témoigne le rythme de progression des crédits par rapport aux dépôts (le taux d'emploi a progressé de 76,5% en 2002 et à 94% en 2010). Une seconde incohérence à mettre au passif de l'économie nationale est la qualité de la consommation intérieure. On remarque que d'année en année, les produits importés représentent une part importante des achats des ménages. Cette situation pèse lourdement sur la balance commerciale de notre pays. A rappeler que durant l'année 2010, le déficit de la balance commerciale a dépassé 151 Mds de DH, en hausse de 53% par rapport à 2006 et représentant plus de 20% du PIB. Une chose est sûre : le redressement de la balance commerciale reste tributaire, à terme, de la réussite des plans sectoriels initiés ces dernières années et qui ont pour leitmotiv l'exportation de produits à forte valeur ajoutée. On remarque par ailleurs que l'évolution des exportations marocaines est lente en comparaison avec celle des pays émergents et en développement. Sur les dix dernières années, les échanges commerciaux ont augmenté de 10% dans les pays émergents et en développement, alors que la progression des exportations marocaines s'est limitée à 7%. Pis encore, la part du Maroc dans les exportations marocaines diminue, depuis 1995, de 0,13% à 0,11%. En analysant les exportations marocaines, l'ODE met en exergue la part importante des produits à faible valeur ajoutée dans les exportations marocaines. Ils se répartissent en 24 produits exportés en quatre groupes. Les produits moteurs évoluent à un rythme nettement supérieur à celui des exportations totales du pays. Bien qu'ils aient affiché un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de plus de 18%, ces produits, au nombre de 10, ne représentent que 25,6% des exportations totales du Maroc. Ils sont, d'une part, répartis entre les produits pour lesquels le Maroc dispose d'un avantage comparatif naturel (engrais, légumes…) et, d'autre part, les biens pour lesquels le Royaume a su développer un avantage comparatif (automobile, fils et câbles…). Les produits performants enregistrent des croissances légèrement supérieures à celles des exportations totales. Ce groupe est dominé par les produits phosphatés et agroalimentaires. Les produits sous-performants enregistrent une évolution stagnante de 1,5%. Ils représentent 20% du total des exportations, ces biens étant essentiellement concentrés sur le textile et, plus paradoxalement, sur les composants électroniques, produits présentés comme relais de croissance potentiel de l'économie. Ceci étant, on remarque que la structure des exportations marocaines diverge de la demande mondiale. Toutefois, le bilan n'est pas si morose puisque le Royaume a su lancer deux industries à forte valeur ajoutée. «L'industrie automobile et la production de câblage représentent ainsi un premier succès sur le chemin de la compétitivité», apprend-on au niveau de l'ODE. En vue de remédier au déficit de la balance commerciale, le Maroc est appelé à faire converger les exportations marocaines vers la demande mondiale. De cette façon, il pourra faire partie des pays émergents qui capteront la croissance.