En scrutant le fond de son âme, Essaouira a réussi là ou peu de nos villes se sont aventurées : faire de la culture une attraction aux retombées économiques. En l'espace de trois ans, son Festival s'est imposé comme le principal évènement culturel et tou Fondée en 1764 par le Sultan Sidi Mohammed ben Abdallah qui fit appel au Français Théodore Cornut pour en dessiner les plans, la ville d'Essaouira a été dès son origine une ville cosmopolite, dont les remparts réunissaient plusieurs communautés : arabe, juive, berbère et esclaves. Durant deux siècles, Essaouira fut considérée comme le port de Tombouctou : on y échangeait des produits importés d'Europe contre des plumes d'autruche, de la poudre d'or, du sel, et aussi des esclaves d'Afrique noire. Parallèlement, un artisanat local puisant dans la diversité prit naissance pour s'enraciner et devenir partie intégrante de l'identité culturelle et économique de la ville. Force est de constater que son artisanat est étrangement, voire mystiquement lié à la musique des Gnaouas (descendants d'esclaves), musique à laquelle le Festival d'Essaouira est expressément dédié. Aujourd'hui, l'essor économique du port d'Essaouira a été supplanté par celui de Casablanca et Agadir, mais son identité culturelle a été superbement conservée, et ce grâce à une prise de conscience de ses responsables locaux épaulés par une population qui a fait sienne la satisfaction du touriste quel que soit son origine. En 1997, le nombre de touristes n'a guère dépassé les 50.000 ayant totalisé 73.500 nuitées. Après trois éditions du festival, ces chiffres paraissent maigres face aux ambitions qu'affiche la ville. On s'attend ainsi à plus de 150.000 visiteurs cette année pour un nombre de nuitées deux fois supérieures. Les statistiques sur sa capacité d'accueil font ressortir un sérieux déficit, heureusement pallié par les locaux. Elle dispose ainsi de 7 hôtels classés, 14 non classés, une auberge, un camping municipal, 6 raids et maisons d'hôtes ainsi que 16 restaurants à vocation touristique. Dernier-né dans la place, le Ryad Mogador, un hôtel quatre étoiles construit pour un coût de 100 millions de DH et offrant 139 chambres et 16 suites. Les organisateurs du Festival tablent essentiellement sur son passé historique, l'authenticité de son artisanat, ses monuments historiques. Son artisanat est essentiellement constitué de la marquetterie, la maroquinerie, la bijouterie et la couture traditionnelle. 71% de ses artisans travaillent sur bois ; le textile et la confection viennent en deuxième position avec 2,7% et enfin l'argenterie et la bijouterie avec 4,7% ; le tout reparti entre 8 coopératives de menuiserie, maçonnerie, agro-alimentaire et de métal. Ces coopératives, selon des sources proches, seraient parmi les premières éligibles au programme gouvernemental visant à mettre en place une plate-forme de commerce électronique pour la commercialisation de produits artisanaux. Un tissu industriel existe cependant depuis les années quarante avec une production qui avoisine les 500 millions de DH, dont plus de 100 millions exportés. L'industrie est répartie entre quatre branches d'activités : l'agroalimentaire avec une trentaine d'unités occupe la première place, la chimic et parachimie viennent en seconde position avec une quinzaine d'unités mais réalisent le plus grand taux d'investissement qui dépasse les 70%. Enfin, son port est animé par une flotille composé d'une cinquantaine de chalutiers et plusieurs centaines de barques. Sa production pendant le festival satisfait largement l'accroissement de la demande sur les produits de la pêche. En fait, le festival d'Essaouira profite à l'ensemble de son économie. Pendant les festivités, elle vole la vedette à des villes comme Marrakech et Agadir qui sont connues pour leur tradition touristique. En conclusion, le festival d'Essaouira est le témoin d'un savant dosage où l'utile se joint à l'agréable, l'accroche et en tire des bénéfices.