* Seule la comptabilité analytique est en mesure de déterminer toute une série de coûts (d'approvisionnement, de production et de revient). * Nombreuses sont les entreprises de taille moyenne qui ont déposé leur bilan pour avoir vendu imprudemment à des prix trop bas, inférieurs à leurs réels coûts de revient. Le développement des outils de gestion et des systèmes informatiques permettant aux dirigeants des entreprises un meilleur pilotage de leurs structures sont en pleine évolution. Parmi les principaux instruments de gestion, la comptabilité analytique occupe une place primordiale. Elle permet aux décideurs une meilleure maîtrise, un contrôle et une minimisation des coûts d'exploitation. Laaribi Mohammed, Docteur en sciences de gestion et en économie, affirme en tant qu'expert-comptable que «seule la comptabilité analytique est en mesure de déterminer toute une série de coûts : d'approvisionnement, de production et de revient. Elle permet de détecter le service ou le département ou le produit le plus rentable par rapport aux autres (dans la même entreprise). Comme elle aide les dirigeants à la prise de décision s'ils envisagent de supprimer ou de garder la production et/ou la commercialisation d'un produit ; à la distinction des charges fixes et variables, la distinction des charges directes et indirectes et à déterminer le seuil de rentabilité ou le point mort, c'est-à-dire de déterminer le chiffre d'affaires qui ne permet de réaliser ni bénéfice ni perte». La gestion à la marocaine Dans cette perspective, la comptabilité analytique est un élément crucial pour assurer une gestion rationnelle. En revanche, nos managers, surtout ceux qui dirigent les PME, n'entendent pas cette réalité de la même oreille. En fait, la plupart des gérants se satisfont d'adopter une comptabilité générale qui ne reflète pas la réalité économique de l'entreprise et dont les comptes doivent faire l'objet d'un toilettage régulier. Lorsque se pose la question de la gestion, pour eux, c'est une question d'instinct et d'intuition. «La majorité des entreprises ignorent parfois l'existence même de la comptabilité analytique», affirme Laaribi. Ce type d'approches irrationnelles et qui n'ont aucune relation avec les fondements scientifiques de la gestion de l'entreprise ont eu des répercussions fatales sur la survie des PME nationales. En effet, dans un environnement qui tend vers l'ouverture sur l'international, ce qui induit une concurrence acharnée de la part des établissements étrangers, le seul bateau de sauvetage des PME nationales est d'avoir un cadre de gérance cohérent dont le duo, comptabilité analytique et contrôle de gestion, forme un noyau dur. Un tel choix inéluctable nécessite l'injection dans la sphère de production de masses de capitaux non négligeables. D'une part, les entreprises ont un besoin d'informatisation où le fait de s'armer de progiciels de gestion intégrés facilitera la tâche du facteur humain. D'autre part, ce dernier facteur occupe une place majeure. En effet, pour une grande partie des entreprises marocaines, le service administratif assume des fonctions qui ont une relation juste avec la politique sociale de l'entreprise ou le système fiscal. Ce qui est tout à fait loin de la gestion en temps réel, en analysant les coûts de production et en développant les produits. Par conséquent, ces attitudes se manifestent abusivement au niveau de la mauvaise qualité des produits commercialisés et au système de fixation des prix inadapté. «Nombreuses sont les entreprises de taille moyenne qui ont déposé leur bilan pour avoir vendu à des prix trop bas, inférieurs à leurs coûts qu'elles ignoraient le plus souvent», souligne Laaribi. La comptabilité analytique, un choix facultatif En outre, la prise en considération, de la part des promoteurs privés, de la nécessité de disposer des moyens de gestion convenables tels que la comptabilité analytique conditionne une exigence de la part de l'Etat. Laaribi stipule que «si la comptabilité générale est obligatoire et étatiquement codifiée parce qu'elle détermine l'assiette fiscale (ce qui intéresse l'Etat), la comptabilité analytique est facultative et n'est codifiée par aucun texte». «l'Etat n'impose nullement la pratique de cet outil précieux de gestion qu'est la comptabilité analytique», précise-t-il. À ce titre, il est à signaler que les autorités publiques n'exigent pas la détention de cet outil de gestion capital même pas des entreprises bénéficiaires d'un marché public. «D'une manière générale, les collectivités publiques n'exigent pas formellement la tenue d'une comptabilité analytique; cependant, il en est de plus en plus question . Dans certains cas heureux, on exige la comptabilité générale par marché, une sorte de comptabilité analytique, c'est le cas de la convention logements économiques article 19», évoque Laaribi. Par ailleurs, ce n'est que récemment que l'Etat cherche, par le biais de l'Agence Nationale pour la Promotion des Petites et Moyennes Entreprises (ANPME), à sensibiliser les PME à propos de l'importance de ce moyen de gestion ainsi que pour d'autres. Effectivement, les opérations d'accompagnement des PME, initiées par l'ANPME et visant la mise en place d'un système de management qui se base sur la comptabilité analytique qui fait pour sa part l'objet d'un contrôle de gestion, ont donné des résultats très bénéfiques. A titre d'exemple, les opérations de mise au pas des entreprises de plasturgie ont pu réduire d'une manière considérable le gaspillage de fournitures et d'énergie au sein de ces établissements : aux niveaux de la consommation d'eau (-8,5%), de la consommation d'électricité (-32,5%), des solvants (-53,4%), de la consommation d'encre (-49%), du taux de recyclage du PVC (+10,6%) et du taux de réalisation du planning de production (+43,7%). Finalement, la gestion de l'entreprise selon des normes modernes sera certes coûteuse pour nos PME, mais il serait suicidaire de garder les méthodes actuelles de gestion qui ont eu comme conséquence le basculement des entreprises nationales dans l'anarchie.