* Très engagée dans la problématique du dialogue des cultures, la réalisatrice américaine Michelle Medina a réalisé son nouveau film «Portrait of Khmissa» qui sera prochainement diffusé sur la télévision marocaine. * Dans cet entretien, la jeune réalisatrice dévoile ses ambitions après avoir terminé son premier long métrage. Finances News Hebdo : Comment expliquez-vous l'intérêt pour ce genre cinématographique qui, via «le féminisme», veut contribuer au rapprochement des cultures ? Michelle Medina : En vérité, c'est une expérience qui m'est propre. Durant ma formation et avec un enseignant venu du Maroc, j'ai pu déjà avoir une idée sur la place de la femme dans la société et la réalité marocaines. Après le 11 septembre 2001, j'ai voulu travailler et voyager au Maroc pour le découvrir de près. Ce que je veux dire c'est que ce film n'est pas entièrement dédié à «la cause» féminine, mais je voulais révéler qu'il y a des choses qui sont partagées par les femmes dans le monde entier et qui ne sont pas spécifiques aux femmes américaines. Les responsabilités familiales sont dans ce registre un éloquant exemple : une mère exemplaire est partout la même... F.N.H. : C'est-à-dire qu'il y a un fil commun ... ? M. M : Oui, je voulais montrer que les femmes américaines lorsqu'elles préparent à manger entretiennent leurs enfants, leur racontent des histoires pour les endormir... ce sont les mêmes motivations qui existent et tous mes questionnements se posent là-dessous... F. N. H. : Est-ce que vous ne croyez pas que les motivations peuvent être différentes du moment qu'il y a une différence de culture ? M. Medina : C'est peut-être vrai, mais ce que je cherche c'est dégager les similitudes qui existent. C'est une entreprise intéressante. J'ai pris l'exemple des mères américaines et marocaines pour mettre en relief qu'elles sont basiquement les mêmes. L'amour est universel, il est le même, qu'il soit aux Etats-Unis ou au Maroc. Les différences dans les détails sont aussi importants car elles aident elles aussi à remplir cette fonction de rapprochement si elles sont bien présentées. C'est pourquoi j'ai cherché dans le comportement des femmes marocaines ce qui fait leur singularité, tout en partageant un fond commun avec leurs homologues ailleurs. F. N. H : Pourquoi avoir choisi précisément le statut de «mère» pour faire votre travail ? M. Medina : Ce n'était pas en fait intentionnel. Il y avait une femme marocaine qui m'a interpellée. Après sa grossesse, elle ne voyait pas les choses de la même manière qu'avant. C'est pour dire que l'acte de créer, si j'ose dire, ou de donner naissance à un enfant engendre les mêmes soucis, les mêmes questionnements pour une femme, quelle que soit sa culture... F. N. H. : Parlons du symbole «Khmissa» que vous avez évoqué dans le titre du film ? M. Medina : Ce n'est pas un symbole qui définit entièrement le Maroc. Je le trouve par contre comme un symbole à la fois intriguant et intéressant. «Khmissa» n'est pas un symbole spécifique à une religion... la superstition existe partout, mais j'ai trouvé que le Maroc a pu à la fois résumer et «se protéger» par cette «Khmissa» qui garde un aspect esthétique formidable. F.N.H : Quels sont vos futurs projets ? M. Medina : Je prépare deux autres projets, deux documentaires «free-style fiction». Ils essaient tous les deux de mettre en relief des problèmes d'identité et de communication. Entre Marocaines d'ici et d'ailleurs... c'est un sujet intéressant pour moi. Je suis aussi en train d'achever un nouveau scénario : «Ville sans nom».