« Quand le bâtiment va, tout va!». Cet adage partagé par les différents opérateurs économiques, en particulier ceux du bâtiment et travaux publics (BTP), semble ne plus correspondre au cas de notre pays durant ces deux dernières années. Cette sentence qui se répète parmi les promoteurs immobiliers à chaque fois que la conjoncture se dégrade, ne cesse d'être ressassée par ces derniers. Malgré quelques embellies en trompe-l'œil, le principal thermomètre du secteur, à savoir la consommation du ciment, n'a toujours pas repris les niveaux. En effet, après avoir connu une croissance entre 2005 et 2010, quand les ventes de cet ingrédient clé du BTP avaient augmenté d'une façon spectaculaire, et une explosion en 2011, quand la consommation avait enregistré une hausse de 10,7%, celles-ci évoluent sur un trend baissier depuis la deuxième moitié de 2012 selon les cimentiers.
Après une baisse chiffrée aux alentours de 6,3% durant l'année précédente, les ventes de ce matériau, indicateur clé de la santé du secteur du bâtiment et travaux publics, ont accusé une autre baisse de 4,4% au premier semestre 2014, après un recul selon les chiffres de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF). Cette évolution couvre un recul de 5,5% de la consommation au cours du deuxième trimestre et de 3,2% au titre du premier trimestre 2014, après un léger redressement au cours de la deuxième moitié de l'année précédente, qui a valu la minimisation des pertes pour s'établir à un recul de 6,3% seulement, a indiqué la même source dans sa note de conjoncture pour le mois de juillet. Ces chiffres publiés par cette direction relevant du ministère de l'Economie et des Finances confirment les constats dressés par le Haut-commissariat au plan dans ses récentes enquêtes de conjoncture concernant le secteur BTP. Le climat des affaires est en nette dégradation, son indicateur synthétique est en perte de plusieurs points demeurant ainsi en dessous de sa moyenne de long terme. Pour leur part, les entrepreneurs estiment que leur activité reste dégradée sur la période récente. Côté perspectives, ces derniers demeurent pessimistes quant à leur activité dans les prochains mois. Cette conjoncture de plus en plus morose ne cesse de faire des victimes, notamment en ce qui concerne l'emploi. Dans ce sens, les soldes correspondant à l'emploi passé et à l'emploi prévu restent nettement en dessous de leur moyenne de long terme. La majorité des entrepreneurs ont précisé que leurs commandes ont été inférieures à la normale en février dernier. Le solde d'opinion correspondant se situe à un niveau inférieur à sa moyenne de long terme. Près de 53% des chefs d'entreprises jugent leurs carnets de commandes est assez maigres. «Lorsque le bâtiment va bien, tous les autres secteurs profitent de son activité» et vice versa. L'enquête a vérifié la corrélation entre le bâtiment et les autres secteurs. Du moins en ce qui concerne l'énergie et les mines. La production en minéraux non métallurgiques a connu une certaine baisse au premier trimestre. Le taux d'utilisation de la capacité (TUC) des mines a pourtant avancé à 87%. La production en électricité s'est, de son côté, rétractée à fin mars 2014. L'activité affiche un taux d'utilisation des capacités TUC stabilisé à 83%. Conséquence: l'emploi affiche un retrait dans les deux secteurs du fait de la baisse de la demande en énergie et mines. A l'origine de cette baisse, un secteur industriel qui affiche une petite mine lors des trois premiers mois de l'année. Ce recul est perçu par 47% des chefs d'entreprises, 32% trouvant la production stable. La baisse serait imputable à la perte de vitesse des filières agroalimentaires ou encore à la branche boissons et tabacs. Pourtant, les commandes semblent être maintenues à un niveau normal, à en croire la majeure partie des entrepreneurs. Concernant la main-d'œuvre employée, le secteur n'aurait subi presque aucun changement au mois de mars. Le TUC, de son côté, aurait évolué à 76% au premier trimestre contre 74% le trimestre précédent. Par ailleurs, l'appareil de production se trouve dans une situation de sous-emploi, le taux d'utilisation des capacités de production se détériore légèrement et reste sous sa moyenne de longue période. Pis, cette baisse va certainement consolider la surcapacité de production qui affectera les emplois au cas où cette tendance se poursuivrait. Quand l'appareil de production n'est pas dans une situation de plein emploi, les cimentiers, comme tous les autres investisseurs dans la même situation, se trouveront contraints d'alléger leurs masses salariales.