L'existence du caftan, une tenue traditionnelle très distinguée et unique dans son genre, remonte à des siècles et des siècles de là. Originaire de la Perse antique, le caftan était à la base une tunique conçue pour les hommes. Il fut adopté, à l'ère de l'empire Ottomane, avant le 14ème siècle. Et c'est grâce aux fameux échanges commerciaux, que connaissait le monde, à l'époque que cette tenue, purement persane, a pu plonger jusqu'au Moyen Orient. Par la suite, il fut introduit à l'Andalousie Mauresque où seules les familles du pouvoir et les aisées avaient le privilège de porter. C'était le symbole de la richesse et de la noblesse qui n'était pas à la portée de n'importe qui vu que les artisans et couturiers y mettaient énormément du temps, allant à des mois, pour en façonner un, le broder et le perler à la main. Les caftans marocains sont originaires de l'Andalousie mauresque où les élites arabo-musulmanes de l'empire omeyyade ont apporté à partir du IXe siècle des caftans empruntés aux Perses. Entre le IXe et le XVe siècle, les émirats arabo-andalous composés de peuples d'origines variées ont donné, progressivement, aux caftans une touche particulière, l'opposition de ceux-ci par rapport aux Omeyyades de Damas se traduisant également dans la mode. L'arrivée massive des Andalous au Maroc, en 1429, puis celle des Morisques renforça la présence et le port du caftan dans ce pays. Au cours des siècles, au contact des diverses populations et cultures ainsi qu'en l'absence d'influence vestimentaire ottomane ou européenne, le caftan andalou s'ancra dans le territoire. Le caftan, « al qafttane » en arabe, a connu plusieurs remaniements à travers le temps selon le positionnement géographique. Cependant, ce costume ancestral garda, tout de même, certaines de ses spécifités. Ils restèrent, généralement, longs et amples, droits ou légèrement croisés, avec des manches longues ou mi-longues, sans col et sans capuche, entièrement ouverts sur le devant avec ou sans boutons et souvent richement brodés. Toutefois, tout pays, intégrant cette tenue à son patrimoine vestimentaire, avait apporté à ce dernier sa propre touche au niveau des coupes, des tissus, des broderies ou des motifs. Cet héritage marqua sa présence au Maghreb au début du 3ème siècle après J.C grâce à l'expansion géographique de l'Islam qui avait contribué, fortement, à sa propagation et à ses transformations progressives au cours des siècles en fonction des pays et des cultures où il avait cloué ses griffes. Mais peu à peu, les nations productrices de caftans délaissèrent cette tenue pour d'autres à la mode. Par contre, les caftans, hérités des Mauro-Andalous installés au Maroc, perdurèrent dans cette nation où des artisans de Meknès, Fès, Rabat et notamment de la région de Doukkala sauvegardèrent le savoir-faire de cette fabrication et y investirent, énormément, de créativité et d'innovation grâce à leurs mains d'or. Aujourd'hui, le caftan constitue la robe maitresse la plus sophistiquée dans la garde robe de la femme marocaine. Elle ne s'abstient pas de le porter dans n'importe quelle festivité ou événement venu. Le caftan doukkali s'illustre par la broderie ; l'un des arts piliers de la région et plus précisément de la ville d'Azemmour. Cet art traditionnel, ancré dans la culture populaire marocaine, connait différents formes et motifs. Les artisans Azzemmouris, qui de leurs mains fines, produisent différents genres de broderies comme la broderie « aux dragons », la couvre étagère, Izaar d'Azemmour. Ainsi, les doukkalis ont pu se démarquer avec leur caftan brodé en donnant un nouveau goût et une nouvelle aspiration qui permettent à cet artisanat de rayonner dans tous le pays.