Moniteur d'auto-école, voilà un métier auquel incombent de grandes responsabilités. Pourtant, on constate dans la pratique beaucoup de manque de sérieux dans la profession, achat de permis, auto-écoles vétustes… beaucoup de maux affectent, aujourd'hui, la profession. Qu'en est-il au juste et comment travaillent ces professionnels ? Les moniteurs sont tenus de passer 25 à 30 personnes par jour, au détriment de la qualité de la formation. C'est connu, les candidats au permis de conduire ont affaire à deux moniteurs, l'un pour l'apprentissage du Code de la route et l'autre pour la pratique de la conduite. Si le travail du premier est relativement aisé (sauf avec les personnes analphabètes, pour lesquelles il est nécessaire de déployer des trésors de patience). Il n'en est pas de même pour le second : sur le terrain, le moniteur de conduite doit en principe passer avec chaque candidat une demi-heure par séance. Dans la réalité, «il ne lui consacre que 15 à 20 minutes», témoigne moniteur de profession. Il est difficile de faire mieux lorsque l'on sait qu'il est souvent obligé de prendre 25 à 30 personnes dans la même journée. «Les clients en pâtissent. Ils n'apprennent pas vraiment à conduire, mais juste ce qu'il faut pour passer l'examen» : donc, stationnement, demi-tour, entrée en garage et marche arrière, principalement. Raison invoquée, des patrons demanderaient aux moniteurs d'accélérer au maximum les choses, pour se débarrasser au plus vite du client, qui s'acquitte d'un forfait allant de 1 500 pour les voitures légères à 3 500 DH pour les poids lourds et le transport en commun, «les frais des papiers non compris», selon les auto-écoles. «Nous souhaiterions faire correctement notre travail, mais les patrons nous demandent d'expédier chaque client en dix jours !», se défend un moniteur. Des propriétaires d'auto-écoles voudraient aussi faire le maximum d'économies sur le diesel. D'après les moniteurs que nous avons interrogés, les cours sont en général dispensés sans rendez-vous. C'est la règle du «premier arrivé, premier servi». Même lorsque des candidats se présentent à des heures tardives ou au moment du déjeuner, les moniteurs sont obligés d'assurer le cours. La règle d'or des patrons est de ne jamais renvoyer quelqu'un bredouille. Moniteurs analphabètes Pour être moniteur d'auto-école, il faut avoir un certificat d'aptitude professionnelle délivré par le ministère du Transport. Conditions à remplir : posséder le permis de plusieurs catégories (motos, tourisme, bus, camions et remorques), un diplôme en mécanique et enfin réussir une série d'examens (code, conduite et mécanique). Aucun niveau d'études particulier n'est requis, ce qui fait que certains moniteurs d'auto-école savent à peine lire et écrire. Auparavant, il n'était même pas nécessaire d'avoir une formation en mécanique. Les premiers moniteurs n'ont donc pas ce diplôme. Mais tous devraient théoriquement avoir la carte de moniteur, véritable autorisation d'exercer. Malheureusement, tous ne l'ont pas. «Certains ont à peine le permis de conduire tourisme. Et parce qu'ils n'ont pas le droit d'exercer, ils sont sous-payés, ce qui nuit aux vrais moniteurs.» D'après les témoignages recueillis, cette situation est due au fait qu'il y a très peu de contrôle. À commencer par celui du ministère du Transport. «Et même lorsqu'il y en a un, il suffit parfois d'un pourboire pour que tout rentre dans l'ordre». Les faux moniteurs concurrencent donc les vrais et certains patrons en font un argument pour amener les seconds à accepter des salaires de misère. Les moniteurs, payés à la semaine gagnent environ 350 DH. La majorité perçoit entre 1 500 et 1 750 DH par mois, même après de nombreuses années d'ancienneté. Ceux qui atteignent ou dépassent les 2 000 DH sont très rares. Bien sûr, tous se disent sous-payés et certains semblent vraiment désespérés. Le comble, c'est aussi les voitures mises à leur disposition qui sont souvent en piteux état. Certaines ressemblent plus à des carcasses qu'à des outils de travail. Rares sont les moniteurs (les élèves aussi !) qui ont la chance de disposer d'une voiture neuve. En France, les patrons d'auto-école renouvellent leurs parcs automobiles tous les quatre ou cinq ans. Les moniteurs se plaignent aussi de ne pas disposer d'espaces de travail. Généralement, ils squattent une rue proche de leur auto-école et la moins fréquentée possible. Le temps consacré à la conduite proprement dite est vraiment infime. Ce qui explique que beaucoup d'automobilistes ne sont pas prêts à affronter les embouteillages, même après l'obtention du permis. Les moniteurs sont obligés de faire très attention pour éviter que les élèves ne fassent des accidents. Nouveau cahier des charges pour les auto-écoles Ce cahier des charges déterminera les capacités financières et techniques dont doit disposer l'établissement d'enseignement de la conduite, les moyens et les modalités d'exploitation de l'établissement, les compétences requises pour dispenser l'enseignement de la conduite, ainsi que les méthodes, programmes et outils de l'enseignement de la conduite.