Interviewée par Lamiae Boumahrou | Avec une enveloppe de 5,5 Mds de DH relative au contrat-programme 2021-2023, la région de Guelmim-Oued Noun prévoit le lancement de plusieurs programmes structurants. Le tourisme écologique, la pêche écologique, l'agriculture biologique, le tourisme de la santé… autant de secteurs que la région aspire à développer pour renforcer son attractivité. Le point avec Mbarka Bouaida, la présidente de la région Guelmim – Oued Noun. EcoActu.ma : Vous avez été reconduite à la tête de la région Guelmim – Oued Noun, une région dont les besoins en développement socio-économique sont énormes. Quelles sont les priorités que vous êtes-vous fixés pour hisser la région parmi celles les plus développées du Royaume ? Et quels secteurs d'activité comptez-vous prioriser ? Mbarka Bouaida : La priorité sera d'abord de déployer le contrat-programme 2021-2023 validé par la région et signé avec l'Etat dont l'enveloppe budgétaire est de 5,554 Mds de DH. Un contrat-programme qui comporte plusieurs projets structurants notamment dans le domaine de l'éducation, de l'enseignement supérieur, de la santé, des infrastructures de base notamment de l'eau (station de dessalement) en plus du développement économique. Durant les 2 prochaines années de ce mandat, nous aspirons à pouvoir mettre en place une bonne partie de ces projets. Pour cela, il est impératif d'avoir une équipe compétente avec une forte expertise pour mettre en place ces projets. C'est pourquoi nous avons lancé une campagne massive de recrutement que nous espérons finaliser durant les semaines à venir. Il faudra également renforcer l'Agence régionale d'exécution des projets (AREP) de la région Guelmim Oued-Noun et se faire accompagner par des experts métiers. Il est nécessaire de contractualiser des contrats avec des tiers (certainement du privé) pour plus d'efficacité, d'efficience et de rapidité dans l'exécution des projets. Certes la région regorge de potentialités mais elles sont peu exploitées. Quels sont les ingrédients à réunir pour renforcer la compétitivité de la région en matière d'attraction aussi bien des investisseurs nationaux qu'étrangers ? La région Guelmim Oued-Noun est certes l'une des régions les plus reculées du Royaume. Mais c'est plus un atout de ne pas avoir suffisamment d'ingrédients de développement puisque cela nous permettra de tout en mettre en place de A à Z. Aujourd'hui, la vocation de la région est claire en matière de développement. Elle s'inscrit dans le développement durable. A noter que la région Guelmim Oued-Noun deviendra la capitale de l'hydrogène vert. Ce dernier deviendra ainsi l'étiquette de la région. Mais pas seulement. Nous comptons développer plusieurs autres secteurs autour du développement durable notamment le tourisme écologique, la pêche écologique, l'agriculture biologique (potentiel énorme des plantes aromatiques médicinales), tourisme de la santé (la région regorge de stations thermales et d'oasis)… Nous travaillons également sur le digital. Nous comptons tirer profit du potentiel des jeunes de la région. Malheureusement, bien que la jeunesse de la région soit la plus diplômée de tout le sud du Maroc, le taux de chômage dans notre région reste le plus élevé. Il y a donc une reconversion à faire pour réorienter nos jeunes vers le digital et créer rapidement des emplois. Concernant l'attractivité de la région pour les investisseurs étrangers, il faut une ouverture à l'international pour mieux faire connaitre notre région. Il y a un travail important à mener sur le plan du marketing territorial et de la promotion de la région en dehors des frontières régionales. Nous travaillons actuellement pour attirer des investisseurs notamment à travers des visites bien que la crise sanitaire nous freine. Nous préparons également le terrain pour disposer d'une couverture aérienne intéressante. La région dispose d'une belle infrastructure aéroportuaire que nous comptons exploiter. Nous sommes en pleine négociation avec la RAM, Air Arabia et Penair pour renforcer le réseau aérien de la région. Aussi, la voie express sera-t-elle bientôt achevée et permettra de réduire les distances entre Agadir et Guelmim, ce qui renforcera davantage l'attractivité de la région. Ce sont des éléments qui changeront certainement l'image de la région dans les années à venir. Parmi les freins qui entravent les présidents de région à exercer pleinement le rôle qui leur incombe tel que dispose la loi organique n°111-14 relative aux régions, figure celui du retard de l'exécution effective de la charte de décentralisation. Pensez-vous que l'actuelle majorité gouvernementale dont tous les présidents de région sont issus, sera-t-il plus sensible à l'accélération du processus de décentralisation et par ricochet de la régionalisation avancée ? Lors de la commission stratégique de la régionalisation avancée, qui s'est tenue la semaine dernière en présence de bon nombre de ministres, nous avons ressenti une volonté très forte de tous les départements ministériels à aller très vite sur le chantier de la déconcentration. C'est aussi dans leur intérêt dans la mesure où aujourd'hui les différents départements ministériels prennent aussi bien les responsabilités stratégiques qu'opérationnelles. Ce qui n'est pas bien. Les ministres actuels sont conscients de la nécessité de changer de paradigme en accélérant la mise en place de ce chantier stratégique. Les Agences régionales d'exécution des projets (AREP), bras exécutif des régions, sont confrontées depuis leur création à un obstacle d'ordre juridique notamment le flou juridique autour de leur statut qui constitue un frein majeur persistant pour le bon fonctionnement. Comment surpasser cette contrainte et permettre aux AREP de jouer pleinement leur rôle ? Le problème d'ordre réglementaire est toujours d'actualité notamment le statut des AREP qui sont des établissements indépendants mais dont les comptes sont soumis aux mêmes contrôles financiers que ceux des établissements publics. C'est un problème réel que nous avons soulevé plusieurs fois. La DGCT travaille actuellement sur cette question. D'ailleurs nous tiendrons prochainement une réunion pour étudier la proposition de la DGCT. Toutefois, les AREP travaillent malgré cette incohérence d'ordre juridique.