La confiance des entreprises commence à être affectée par le risque d'une guerre commerciale dans le monde, c'est le constat fait par Coface pour ce premier trimestre 2018. Les élections de mi-mandat en novembre prochain aux Etats-Unis ne manqueront pas d'exacerber davantage la situation. La fièvre protectionniste qui traverse la planète depuis l'élection de Donald Trump et le spectre d'une guerre commerciale mondiale peuvent en partie expliquer cette dégradation de la confiance, note Coface. Avec son « America first », le Président américain semble bien prendre goût à cet exercice et continue d'annoncer des mesures protectionnistes, surtout à l'approche des élections de mi-mandat en novembre 2018. Ce qui est incontestablement de nature à affecter les performances des entreprises. «À court terme, la récente mesure imposant des droits de douane sur une sélection de produits chinois n'aura pas d'impact significatif sur l'économie réelle ni sur la bonne dynamique du commerce mondial (prévision de +3,7% par Coface en 2018). A plus long terme, une guerre commerciale ouverte entre la Chine et les Etats-Unis pourrait s'intensifier sur certains secteurs comme les TIC», note Coface pour ce premier trimestre 2018. Par ailleurs, la croissance mondiale particulièrement soutenue (prévision de 3,2% en 2018 par Coface) semble avoir atteint son pic et commence à montrer quelques signes de faiblesse dans les pays avancés. L'évolution des défaillances d'entreprises le confirme. 2017 a vu une chute sans précédent de leur nombre et 2018 devrait connaître un essoufflement du mouvement baissier : de -7% en zone euro et -5% aux Etats-Unis. Si la confiance des entreprises et le taux d'utilisation des capacités de production aux Etats-Unis laissent présager une durée record du cycle actuel, la chute des profits des entreprises (-10,3% sur un an à fin 2017) et le risque de surchauffe du marché du travail sont annonciateurs d'un changement de phase. En zone euro, après plusieurs records en 2017, les indices de confiance des entreprises montrent désormais clairement que le pic de croissance économique est dépassé. Ce tournant coïncide avec des contraintes d'offre fortes et un niveau de risque politique toujours élevé. Bras de fer entre le pays de l'Oncle Sam et l'Empire du milieu Les analystes de Coface ne s'attendent pas à ce que la Chine soit très fortement affectée par les mesures protectionnistes imposées par la décision du président Trump sur les importations d'aluminium et d'acier Etats-Unis à court terme, puisque les producteurs de métaux chinois ont déjà commencé à rééquilibrer leur production vers la consommation intérieure, à la suite des mesures américaines et de l'UE contre l'acier chinois à l'été 2017. Aussi, les importations américaines d'acier et d'aluminium chinois ne représentent-elles que 3,2 % de leurs importations totales de ces métaux. Par contre le baromètre de Coface souligne qu'au-delà de sévères tensions à venir voir d'une escalade vers une guerre commerciale mondiale, se dessine plus concrètement une guerre commerciale ouverte et potentiellement grave entre la Chine et les Etats-Unis, puisque l'administration américaine a récemment annoncé qu'elle envisage d'appliquer des taxes de 25% sur une liste d'environ 1300 produits chinois, l'équivalent de 50 milliards de dollars américains. Principaux biens pour lesquels les Etats-Unis ont le plus important déficit ou surplus commercial avec la Chine Si les tensions durent entre les deux superpuissances, la Chine a plus à perdre que les Etats-Unis, note le baromètre de Coface. En effet, les exportations chinoises vers les Etats-Unis représentent 5 % du PIB de la Chine, alors que les exportations américaines vers la Chine ne représentent que 0,5 % du PIB américain. Par ailleurs, les entreprises chinoises dépendent de plus en plus des recettes provenant de l'étranger en raison de leurs problèmes de surcapacité, d'une concurrence intérieure accrue et d'une demande locale plus faible, conséquence de la décélération de l'investissement. Le chiffre d'affaires des entreprises chinoises à l'étranger représentait 8 % de leur chiffre d'affaires en 2016 contre 6,6 % en 2012.