Considérés pendant longtemps comme source de nuisance, les déchets sont désormais une matière première que de plus en plus de pays cherchent à valoriser. Conscient du potentiel que représente cette ressource notamment sur le plan énergétique mais aussi en matière de rationalisation de l'utilisation des ressources naturelles, le Maroc s'est engagé, à son tour, à faire de la transition vers une économie verte une priorité nationale. Malheureusement sur la partie de la valorisation des déchets, le pays accuse encore du retard. Chiffres à l'appui, le Maroc ne recycle que 6% de ses déchets (statistiques 2015) soit seulement 340 mille tonnes alors que le potentiel recyclable des déchets ménagers et assimilés DMA est estimé à 1.4 million tonnes. Même tendance pour les déchets industriels, seuls 12% sont recyclés soit 641 mille tonnes alors que le potentiel est estimé à 1.7 million de tonnes. Alors pour pallier à ce faible taux, tirer profit d'un gisement potentiel et donner un coup de pouce à ce chantier qui non seulement aura un impact environnemental mais également économique, le Secrétariat Général du ministère délégué chargé de l'Environnement vient de lancer la Stratégie Nationale de Réduction et de Valorisation des Déchets (SNRVD) qui s'inscrit dans le cadre de l'exécution des dispositions de la Stratégie Nationale du Développement Durable SNDD. Présentée ce lundi 11 mars, cette stratégie, élaborée avec l'appui de la coopération technique Allemande GIZ qui se veut complémentaire avec le Programme National des Déchets Ménagers (PNDM), définit les objectifs et les axes stratégiques de réduction et de valorisation des déchets. Elle constitue un référentiel national et un outil d'aide à la prise de décision pour une gestion durable des déchets et la promotion de l'économie circulaire au niveau territorial. Elle a permis également la quantification du gisement des déchets ménagers et industriels par région et leurs projections à l'horizon 2030 tout en évaluant le potentiel de développement des différentes filières de tri, du recyclage et de valorisation de ces déchets. Il faut dire qu'il est temps de prendre le taureau par les cornes et de percer cet abcès dont les conséquences sur l'environnement sont désastreuses. Faut-il rappeler que la technique la plus utilisée pour éliminer les déchets est celle de l'enfouissement. Une technique qui est loin de permettre à l'Etat de réduire le coût de dégradation de l'environnement lié à la gestion des déchets qui est évalué à 3,7 Mds de DH soit 0.4% du Produit Interne Brut. Et pourtant le Maroc s'est engagé à l'échelle internationale à s'inscrire dans un processus de développement durable. « La gestion des déchets est actuellement au cœur des discussions environnementales et représente une urgence pour un pays très engagé dans la protection et la sauvegarde de l'environnement tel que le Maroc », a tenu à rappeler Lorenz Peterson, Directeur résident de la GIZ au Maroc. Et d'ajouter que cette stratégie a été préparée dans un cadre de concertation avec l'ensemble des parties prenantes et a pour objectif de progresser dans l'application de la hiérarchie des modes de traitement des déchets et assurer, ainsi, la transition vers une économie circulaire. « La stratégie de réduction et de valorisation des déchets permettra de lancer une nouvelle dynamique visant une gestion intelligente des déchets et le développement d'une approche qualitative complémentaire », a souligné, de son côté, Nezha El Ouafi, Secrétaire générale du ministère délégué chargé de l'Environnement. Concernant le retard qu'accuse le Maroc dans ce domaine, la ministre a précisé que l'instauration d'une gestion de déchets durable est fortement tributaire du renforcement des activités de leur valorisation. Ces dernières, sont assez développées au Maroc, mais elles sont fortement dominées par les filières informelles, ce qui met en avant la pertinence de leur organisation de telle manière à réduire les impacts environnementaux et maximiser leurs retombées positives sur le plan économique et social. C'est dans une optique de mieux encadrer ces pratiques et afin d'amorcer l'opérationnalisation de cette stratégie, qu'une signature de la convention relative à l'organisation de la filière de valorisation écologique des déchets des équipements électrique et électronique (D3E) avec l'Association Marocaine de Valorisation des Déchets Industriels a été signée.