Ecrit par Imane Bouhrara | L'après-crise sanitaire et pendant la crise en Ukraine, sont autant d'éléments qui ont rappelé la centralité de l'énergie dans le développement des pays. Une question d'autant plus importante pour les pays non producteurs sur cette matière très sensible à la géopolitique, mais ayant aussi une empreinte indélébile sur le devenir de la planète. La tenue de la 15e Conférence de l'énergie ce 14 mars à Rabat, avec comme invité d'honneur les Emirats Arabes Unis, tombe à point nommé dans une conjoncture marquée par une forte reprise post-Covid et de la crise ukrainienne qui influent de manière directe sur les cours des énergies fossiles, qui combien diabolisées pour l'impact sur l'environnement demeurent incontournables pour le développement économique des nations. L'événement organisé par la Fédération de l'énergie et placé sous le haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, permet également de conforter le choix du Maroc de poursuivre et accélérer sa stratégie pour un secteur aussi important et stratégique pour le développement socio-économique et la sécurité énergétique du Maroc. Une stratégie dont les premiers jalons ont été posés en 2009 avant de voir ses ambitions progresser avec comme objectif de porter la part des énergies renouvelables, dans la puissance électrique installée, à 42% en 2020 et 52% en 2030. » Le thème retenu pour cette 15e Conférence de l'Energie est celui de "la transition énergétique", qui n'est pas une option ni un luxe pour un pays comme le Maroc, est plutôt un impératif urgent. Certes le Maroc a tiré bénéfice de ses choix stratégiques. Il est et reste une destination phare des Investissements Directs Etrangers dans la région. Ses équilibres macroéconomiques sont solides et ses choix ont été concluants dans certains secteurs comme l'automobile ou l'aéronautique », annonce Rachid Idrissi Kaïtouni, le Président de la Fédération de l'Energie. » Mais pour garder son attractivité, il lui faut monter en gamme en intégrant, précisément, les technologies, les services et surtout les impératifs de durabilité. Le Maroc, désireux de se positionner parmi les leaders en Afrique et dans le monde en matière de lutte contre le changement climatique, s'investit activement dans le développement durable. Notre pays ambitionne d'être depuis une dizaine d'années à l'avant-garde de la transition énergétique « , rappelle-t-il.
Une durabilité en construction qui ne peut omettre l'importance à ce jour des énergies fossiles dans le développement économique des nations, ce qui implique une transition réfléchie mais pragmatique qui prend également en ligne de compte l'impératif de la sécurité d'approvisionnement pour les besoins des pays en énergie. Dans ce sens, le ministre émirati de l'Industrie et des technologies avancées, Dr Sultan bin Ahmed Al Jaber a souligné que l'une des raisons qui explique les tensions et la pression sur l'approvisionnement et par conséquent des prix des énergies fossiles c'est la baisse des investissements en la matière (-20% en 2020). Il estime que les investissements doivent reprendre leur niveau normal à plus de 500 Mds de dollars par an au moins jusqu'à 2030 pour assurer la disponibilité à des cours normaux. Relatant l'expérience de son pays dans la promotion des énergies renouvelables, il a rappelé qu'une transition énergétique prend du temps pour permettre la production d'alternatives aux énergies fossiles, pour ne pas perturber le développement durable d'un pays. Même son de cloche du côté de Fatih Birol, Directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui a rappelé le dur chemin à parcourir pour que les énergies renouvelables montent en puissance et répondent en partie plus conséquente et de manière compétitive aux besoins en énergie de différents pays. Dans ce sens, et particulièrement l'Afrique, un rapport de l'Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA), il est signalé que l'Afrique ne représente que 3% des capacités mondiales installées en électricité renouvelable et sur les 2.800 milliards de dollars investis dans le monde dans ce secteur entre 2000 et 2020, 2% seulement l'ont été sur le continent. Ainsi, toujours selon la même source, en, 2019, en Afrique, seuls 2% de capacités de production d'électricité renouvelable nouvellement émise en service provenaient d'Afrique, alors que le continent prévoit de doubler sa demande d'ici 2040. Une telle messe que celle réunie à Rabat est également de nature à jeter la lumière sur l'importance de la recherche et développement pour soutenir la stratégie énergétique dans un monde en perpétuelle mutation et où l'innovation prend tout son sens. A ce sujet, le Maroc s'est doté en 2011 de l'Institut de Recherche en Energie Solaire et Energies Nouvelles (IRESEN) dont la valeur ajoutée s'est vite fait ressentir notamment en ayant été précurseur à explorer l'importance de l'hydrogène vert aussi bien pour répondre aux besoins du Maroc qu'à l'export. Un important investissement sur l'hydrogène vert, avec une feuille de route ont été mis en place sur l'horizon d'une décennie. Les objectifs à horizon 2030 sont l'utilisation de molécules vertes, principalement l'hydrogène, l'ammoniac et le méthanol comme matière première industrielle, son exportation, notamment vers l'Europe, et l'exploration des gisements naturels d'hydrogène. Comme l'explique le Président de la Fédération de l'Energie, dans cette quête vers l'indépendance et la souveraineté énergétique le Maroc se doit de tenir compte de la nouvelle dynamique au niveau international et des évolutions technologiques et comportementales développées depuis, telles que la mobilité électrique ; l'utilisation de l'hydrogène vert comme vecteur de l'énergie ; le recours au gaz naturel, voire au nucléaire comme combustibles nécessaires pour la réussite de la transition énergétique et l'atteinte des objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.