En partenariat avec Challenge Hebdo, BDO Jiwar a organisé le lundi 4 mai une conférence-débat ayant pour thème «Cartographie des risques et bonne gouvernance». L'enjeu est essentiel pour la survie des entreprises. La qualité de l'assistance montre que l'idée fait son chemin et que de plus en plus de dirigeants sont sensibilisés à la question. Crise après crise, et scandale après scandale, la législation autour de la gouvernance s'est étoffée. Les obligations et les lois s'additionnent, et les entreprises sont amenées à montrer patte blanche. Non seulement les rapports annuels sont de plus en plus touffus, mais surtout la fonction du contrôle interne devient primordiale. En effet, cette fonction est nécessaire pour appréhender le risque, identifier les points de fuite et y parer au mieux. En ligne de mire, un pilotage optimal des entreprises. La cartographie des risques est un passage obligé dans le sens de la bonne gouvernance. Aussi, celle-ci était un thème des plus pertinents pour nos entrepreneurs. Et c'est dans ce sens que BDO Jiwar a organisé en collaboration avec notre support une conférence qui a traité cette question. Avec des intervenants de premier ordre, tels Michel Léger, président de BDO, Mustapha Asmoun, fondateur de BDO Jiwar, Georges Ravet, Editeur d'une solution de cartographie des risques, la question a été abordée par le truchement de la cartographie. En effet, ce procédé, qui prend en compte la probabilité de réalisation d'un risque et l'ampleur de son impact, peut donner au dirigeant les moyens de la survie de son entreprise. Ainsi, en répertoriant le risque potentiel, on arrive à répartir les responsabilités et les décliner en actions et mesures. «Il faut déléguer pour responsabiliser et ainsi atteindre ses objectifs», explique Zakaria Fahim, associé gérant BDO Jiwar et modérateur pour l'occasion. Mohamed Asmoun étaye : «Il vaut mieux se focaliser sur les risques majeurs et laisser aux opérationnels les risques courants». De cette manière, l'acuité du dirigeant est exacerbée dans la gestion de l'exceptionnel, d'autant que celui-ci est difficilement prédictible. Dans ce domaine, la contrainte réglementaire a joué un rôle de catalyseur pour l'avancée de cette démarche. Cela peut même être «une chance pour améliorer la performance», si l'on en croit Georges Ravet, qui prend comme exemple les sociétés françaises cotées à New York et soumises à la loi Sarbannes Oxley. La réglementation permet d'éviter l'effet cascade dans le cumul de petits problèmes. Cela donne une lecture différente à l'affaire Kerviel qui a secoué le monde financier début 2008. Selon Georges Ravet : «Le vrai problème dans l'affaire Kerviel, c'est la gestion de droits lors de sa mutation. Des problèmes de procédures RH et informatiques ont amené un perte record de 5 milliards d'euros». En tout état de cause, les entreprises soumises à une législation contraignante en la matière ressentent des effets positifs à terme, même si cela peut être très laborieux. Cela peut même se révéler vital, comme le défend Michel Léger : «Il en va de la pérennité de l'entreprise». Aussi, il serait important de décliner ce principe au niveau de la PME. Le spécialiste français pense que : «Pour les PME, une obligation de rapport est absurde. Mais, celles-ci doivent s'inscrire dans cette démarche». Cela permettrait un meilleur pilotage de leurs entreprises. Or, à l'aube de l'ouverture complète, les entreprises marocaines et spécialement les PME doivent se doter des meilleurs outils pour garantir leur survie dans un contexte de concurrence exacerbée. Faute de quoi, la sélection naturelle éradiquera celles qui n'ont pas anticipé sur leurs risques. 3 questions à Michel Léger, Président BDO France et secrétaire général de l'association des évaluateurs de France Challenge Hebdo : Comment expliquez-vous la corrélation entre les scandales et la réglementation en matière de gestion des risques ? Michel Léger : Il s'agit, comme pour le dopage, d'une course en avant entre fraudeurs et législateurs. Car, tout part de l'analyse des causes de survenance de ces affaires. Le but est de limiter la multiplicité des causes du problème. On ne pourra jamais tout prévenir, mais au moins peut-on ne pas retomber dans les mêmes problèmes. C. H. : La législation concernant ce point est assez touffue dans certains pays, n'est-ce pas démesuré ? M. L. : Le balancier est parti très fort dans les obligations, après certaines affaires médiatisées comme Enron. Cela peut avoir un coût trop important pour les entreprises. Aussi, il faut attendre le retour de balancier, car il faut chercher un certain équilibre en la matière. C. H. : Au Maroc, c'est la déficience législative qui est remarquable… M. L. : Il faut plus de réglementation pour que les entreprises anticipent sur leurs risques. Vous en êtes déjà au stade de la prise de conscience, il faut continuer sur ce chemin, car il y va de la pérennité des entreprises.