Considérer qu'un placement se résume surtout à la performance n'est pas sans risque. L'offre est riche, mais encore faut-il qu'elle convienne à vos attentes. Si votre principal souci consiste uniquement à «tenir le coup» en attendant que la tempête se calme sur la place financière casablancaise, le marché de la gestion des actifs représente une bonne alternative. Côté chiffres, il n'y a vraiment pas de quoi faire preuve de réticence. Durant le mois d'octobre dernier, l'actif net des OPCVM (organismes de placement collectif des valeurs mobilières) a affiché une progression de l'ordre de 7,9%, qui se traduit par un montant de 157 milliards de DH, apprend-on de Bank El Maghrib. Par ailleurs, depuis le début de l'année en cours jusqu'au mois de novembre, l'actif global des OPCVM a connu une augmentation de 18 milliards de DH soit une variation de 14%. Une progression certes, mais qui ne correspond pas à une situation globale. Puisqu'il est également précisé que «cette augmentation est due principalement aux OPCVM, obligations moyen et long termes qui ont enregistré un accroissement de 20,4%». Et d'ajouter que «les fonds obligataires demeurent prééminents avec plus de 57% de parts de marché». A cet expert en gestion d'actifs de relever à ce sujet que «les particuliers ne s'y intéressent pas nécessairement. Même si à travers les OPCVM obligataires, il existe la possibilité de récupérer sa donne initiale et que le risque est moindre en comparaison avec les OPCVM diversifiés ou en actions». Il faut dire que ces dernières affichent toutefois des risques quasi-certains vu les fluctuations du marché des titres cotés. La liquidité, atout majeur Il demeure en revanche des placements qui, au regard du contexte actuel, méritent que l'on s'y attarde. Il s'agit en substance des OPCVM monétaires. Leur principal attrait réside dans leur liquidité. Et les chiffres en témoignent. L'autorité monétaire du pays annonce que «les titres des OPCVM monétaires ont attiré une part importante de l'épargne à court terme des agents non financiers». Ce qui se traduit par un montant de l'ordre de 24,3 milliards de dirhams à la fin du mois de septembre 2008, contre seulement 14,6 milliards une année seulement auparavant. «Le raisonnement sous-jacent à l'adhésion à ce type de placement se résume de la sorte : au lieu d'effectuer des dépôts sur un compte bancaire, les particuliers souscrivent à un fonds monétaire», témoigne ce gestionnaire. Et la tendance est en train de prendre une certaine dimension. Puisque, pour la première fois depuis plusieurs années, et en corrélation avec la baisse des cours sur le marché financier, les OPCVM nourris en actions ou encore diversifiés ont enregistré un glissement annuel qui se chiffre à 7%. Précisons qu'en règle générale, les OPCVM diversifiés comportent notamment un taux de près de 60% en investissement à travers les actions. Aussi, de l'avis des experts, ces temps-ci, les vingt-six monétaires qui interviennent sur le marché restent une alternative intéressante. Elles s'accaparent par ailleurs 24,62% de la structure du marché des actifs gérés. Elles occupent la deuxième position après les OPCVM obligataires qui représentent plus de la moitié du segment, soit près de 57,46%. D'autres sociétés de gestion ont profité par ailleurs de la relative ouverture du marché des changes pour lancer «un OPCV contractuel», notamment le groupe Attijariwafa bank. Le placement connaît une échéance fixée à 2011. Les investisseurs ont la possibilité d'accéder aux places financières internationales sur la base d'un panier d'indices (DJ Eurotoxx, S&P 500, Nikkei ou le Hang Sang Index). Les mois qui viennent verront certainement le développement d'autres instruments financiers de placement. Oudie Drissi El Bouzaidi, manager chez Finaccess Challenge Hebdo : quels sont les conseils à donner à ceux qui désirent placer leur argent actuellement ? Ouadie Drissi El Bouzaidi : il est difficile de donner un conseil, dans le sens où cela dépendra du profil de l'investisseur. A l'heure actuelle, nous pourrions recommander aux long-termistes d'effectuer des placements en bourse, puisqu'en cette période de crise, plusieurs valeurs sont à leur plus bas niveau historique et s'offrent aujourd'hui à des multiples de bénéfices (PER) extrêmement attrayants, y compris les stars d'antan et les valeurs jusque-là inaccessibles. À cette même catégorie d'investisseurs, on pourra également recommander des OPCVM Actions ou encore des OPCVM Diversifiés qui joueront le rôle soit d'amortisseurs en cas de baisse, soit d'accélérateurs en cas de hausse. Étant gérés par des professionnels, ils peuvent en principe toujours saisir les meilleures opportunités. Il y a lieu cependant de faire preuve de discernement en matière de choix des valeurs. Le secteur d'activité, la qualité des dirigeants ainsi que la solidité financière de l'entreprise doivent être passés au peigne fin avant tout engagement. Mais attention ! Ce conseil reste extrêmement risqué et ne vaut que pour ceux qui sont prêts à assumer, ceux qui, en optant pour cette démarche, en acceptent aussi bien les bénéfices importants que les pertes de capital. En revanche, pour ceux qui ont un tempérament plus prudent et qui entendent réaliser des placements en «bons pères de famille», ils doivent temporiser et attendre des jours meilleurs. Ils peuvent toujours placer dans des produits de taux ou encore dans des produits d'assurance. Quoique ces derniers souffriront certainement, pour la partie bonus, du marasme boursier. Les comptes sur carnet et les autres moyens de «blocage d'argent» restent aussi une bonne solution pour ceux qui veulent juste lutter contre l'inflation… Mais un mot d'ordre est valable dans tous les cas : la prudence. C. H. : quelle est la démarche à emprunter au préalable avant tout placement ? O. D. E. : il existe des règles d'or, même si les crises précédentes, et tout particulièrement celle que le monde traverse en ce moment, en ont fait sauter quelques-unes ! Il faut commencer par évaluer son profil d'investisseur avant de se lancer. Le degré d'aversion au risque et les objectifs de rentabilité conditionnent le type de placement à faire. Il faut également s'assurer de l'existence d'un matelas de sécurité financière qui épargnera une sortie «catastrophique» du marché. Autrement dit, ne pas placer de l'argent dont le besoin se fera sentir à court terme, puisque lorsque le cas se présentera, il faudra se départir des titres et ce, quels que soient leurs cours. Et cela peut évidemment se traduire par une perte de capital. Tandis que dans une situation contraire, les sorties sont réfléchies et donc plus facilement assumées. Il convient également de penser à la diversification. Comme le dit si bien le diction : « il ne faut jamais mettre tous ses œufs dans le même panier ». La diversification a le mérite de répartir le risque et d'augmenter ainsi la probabilité de gain. Et cette diversification peut se faire aussi bien entre les différents types de placement (bourse, immobilier, assurance…), qu'à l'intérieur d'un même type (différents secteurs, différentes sociétés…). Il est important de bien s'entourer et de se fier aux conseils des professionnels, plutôt que de suivre les « tuyaux » des proches ou des faux- initiés. Il est préférable aussi de s'informer auprès de sources fiables et d'observer de très près l'évolution des marchés. Il existe aujourd'hui des outils professionnels qui permettent de le faire. Avant toute chose, il est surtout question de garder son sang-froid quoi qu'il arrive, puisque cela aidera toujours dans la recherche d'une sortie honorable ! C. H. : comment évaluer la notion de risque ? D'où découle-t-il ? O. D. E. : le risque est une notion extrêmement importante dans tout acte de placement ou d'investissement. Il est directement corrélé à la rentabilité exigée. Autrement dit, le risque encouru est grand, plus la rentabilité espérée doit être conséquente. Inversement, quand on prend un risque faible ou modéré, on ne doit pas exiger de s'attendre à une rentabilité importante. Le risque peut découler de trois sources principales. Le produit d'abord, en ce sens que tous les produits, sans exception, comportent une part de risque, même ceux que l'on soupçonne le moins comme les obligations ou les OPCVM obligataires… Un des risques de ce genre de produit est la faillite de l'émetteur ou l'augmentation des taux d'intérêt par exemple. Le risque peut être lié aussi au marché : même s'il s'agit sur le papier du « meilleur », il y a des facteurs exogènes que personne ne maîtrise et qui peuvent avoir des conséquences fâcheuses sur la rentabilité de votre placement. Cela peut être par exemple une crise internationale, des agrégats sectoriels ou macroéconomiques décevants… Il y a enfin le risque lié à l'investisseur-lui même. Par ses comportements et en fonction de ses propres contraintes, il peut agir à l'encontre de ses propres intérêts. C. H. : doit-on à tout prix rechercher la rentabilité ? O. D. E. : la rentabilité est une notion relative qui ne s'apprécie qu'en tenant compte du risque pris pour l'atteindre. Autrement dit, une obligation qui rapporte 5% est largement plus rentable qu'une action qui rapporte la même chose. Et pour cause. La première présentait, au pire, un risque de rendement nul, alors que la seconde pouvait engendrer une perte du capital. Rechercher la rentabilité à tout prix est tout à fait légitime, encore faut-il être conscient des risques encourus par la même occasion. w