C'est un nouveau vent qui souffle sur le secteur marocain des énergies renouvelables. Coïncidence ou pas, depuis que le CRI (Centre Régional d'Investissement) de Casablanca a inscrit ce secteur au cœur de sa stratégie pour attirer les investisseurs, ceux-ci commencent à arriver dans la capitale économique. Le Maroc figurait en bonne place dans les tablettes de Asola, une des entreprises allemandes leaders du secteur. Quelques mois après son installation en Corée du Sud, cette dernière vient de signer un accord d'exclusivité pour une joint-venture de modules photovoltaïques solaires au Maroc, avec le groupe marocain Majdaline Holding. Présidé par Aniss El Bied, ce holding, créé l'année dernière pour regrouper les participations de ses actionnaires dans divers secteurs comme le BTP, va lancer avec les Allemands une nouvelle usine à Casablanca d'une capacité initiale de 30 mégawatts de module solaire par an. D'ores et déjà, l'entreprise germanique ne cache pas ses ambitions. Elle table annuellement sur un chiffre d'affaires de plus de 100 millions de dollars. L'essentiel de la production est destiné à l'export. D'autres investisseurs étrangers sont intéressés pour entrer dans le capital. L'un d'eux, un groupe espagnol, propose en plus de sa participation d'acheter la totalité de la production. Ce qui explique peut-être la volonté des promoteurs du projet de reconsidérer leur intention de s'installer à Casablanca pour la zone franche de Tanger. Le grand potentiel de Casablanca De toute façon, à en croire une source proche de Majdaline, les négociations se poursuivent avec d'autres investisseurs. «Nous recevons de plus en plus de groupes étrangers qui viennent prospecter dans le domaine des énergies renouvelables. C'est le cas dernièrement avec les Portugais. L'intérêt des industriels étrangers en termes d'investissement ou de sous-traitance est de plus en plus grand», confie-t-on au CRI de Casablanca, qui s'active pour convaincre ses partenaires de mobiliser du foncier afin de trouver un site d'accueil. Quelque 120 hectares sont déjà identifiés. La ville et la région qui en sont les propriétaires ont déjà donné leur accord de principe. Avec la forte croissance mondiale des énergies renouvelables et grâce au potentiel de la région, de grands groupes du secteur éolien et solaire sont motivés pour s'installer à proximité du marché européen. C'est le cas d'un grand groupe américain qui a dépêché dans le Royaume le cabinet-conseil américain, Cambridge Energy Research Associates (CERA) pour préparer le terrain. Aujourd'hui, trois technologies sont à développer et à industrialiser dans le Grand Casablanca. Il s'agit de l'éolien, du solaire thermique et du solaire photovoltaïque. Certains composants de l'éolienne et du panneau solaire sont déjà fabriqués dans la capitale économique. Cependant, l'industrie des éoliennes n'est pas encore développée au Maroc. Ses composants font appel à des technologies de pointe. Pour l'heure, seules les installations électriques, les tours pour les implantations sur le sol, les dispositifs de raccordement au réseau électrique et le génie civil sont produits au Maroc, à en croire le CRI de Casablanca. Toutefois, la grande majorité des composants de l'éolienne est importée. Pourtant, selon le CRI, ce ne sont ni les compétences, ni les opportunités qui manquent. Pour preuve, Delattre Levivier Maroc, concepteur et fabricant de constructions métalliques lourdes, concentre une part de ses activités sur le secteur de l'éolien, le considérant comme un marché à forte valeur ajoutée. Son usine de Tit Mellil à Casablanca est en construction pour un investissement global de 122 millions de DH. La technologie de l'énergie solaire thermique offre également des perspectives intéressantes. Elle est déjà utilisée dans le pays. L'application la plus répandue est le chauffe-eau solaire. Son système est composé de sous-ensembles qui sont en partie produits par deux sociétés marocaines. Une première basée à Rabat, Tropical Power, et une seconde à Casablanca. Les seuls composants qu'elles fabriquent sont les capteurs solaires et les ballons d'eau chaude électriques. La plaque de verre, la pompe de circulation et la régulation sont importés d'Europe, des Etats-Unis et parfois d'Australie. Tropical Power est le plus ancien des deux fabricants. Depuis sa création en 1989, la société a réalisé plus de 8.000 applications rien qu'au Maroc. Les opérateurs qui se lancent dans ce nouveau secteur ont tout à gagner, à en croire le CRI de Casablanca. «D'abord l'industrie est peu technologique, peu automatisée et peut bénéficier de l'attrait du coût de la main d'œuvre faible». ◆