Convergence des télécoms, de l'audiovisuel et de l'Internet, nouveaux opérateurs sur le marché, nouvelles missions de régulation, neutralité des services, partenariats entre concurrents, protection des données numériques… Autant de chantiers qui devront marquer le secteur des télécoms durant les cinq années à venir D'une certaine manière, nous pouvons considérer aujourd'hui le secteur des télécoms comme étant libéralisé. La concurrence a été introduite, tant dans la téléphonie que dans les autres segments. De nouvelles technologies ont fait leur entrée sur le marché. Les prix ont baissé. Mais tout ceci n'est pas encore suffisant. Il reste encore pas mal de chantiers à mener pour développer le secteur des télécoms. De nouveaux défis guettent le régulateur, mais aussi les opérateurs. Ahmed Chami, ministre du Commerce, de l'Industrie et des Technologies de l'Information a donné le ton lundi dernier lors de la journée organisée par l'Agence de Réglementation des Télécommunications (ANRT) qui fêtait ses 10 ans. Le premier challenge porte sur la qualité des communications. «Nous avons encore des problèmes à ce niveau-là. Le basculement vers la 3G, entre autres, est compliqué à gérer (…) Nous devons faire des efforts sur le plan des infrastructures, sur l'élargissement des spectres… », souligne le ministre. Le deuxième touche Internet. Un accès haut débit multiservice Pour le gouvernement, les tarifs sont encore élevés. «Pour nous, il est important que dans le temps, nous percevions la baisse des prix», ajoute Chami. Hormis cet aspect tarifaire, Internet représente un enjeu de grande taille : celui de la convergence. Auparavant, une classification s'opérait d'elle-même par type de technologie ou de service. Aujourd'hui, il n'est plus possible de tenir compte de cet aspect seulement. Les opérateurs doivent penser offrir un accès haut débit multiservice, de telle manière à ce qu'il soit indépendant des supports ou de la technologie utilisés. Il est question de convergence des télécoms, de l'audiovisuel et de l'Internet. Elle permettra à tous les opérateurs qui se font la concurrence d'améliorer leur rentabilité. Et pour cela, l'ANRT leur recommanderait même de créer des partenariats et de coopérer pour aller vers des approches horizontales. L'Agence de régulation et de réglementation va plus loin. «Les acteurs du marché devront être conscients pour relever les défis, notamment ceux qui concernent la diversité des services, la disponibilité du contenu et le déploiement des terminaux à moindres coûts, aux délais opportuns». Le troisième défi porte quant à lui sur l'urbanisme. Nous ne disposons pas vraiment de mécanismes qui permettent aux opérateurs par exemple de dupliquer les infrastructures. Preuve en est les pylônes (BTS) téléphoniques que nous apercevons sur les toits. Parfois, les opérateurs y installent tous leurs antennes. Un seul pylône pourrait pourtant servir à abriter les installations des trois opérateurs s'ils se mettaient d'accord. Quelques expériences ont été menées dans ce sens entre Meditel et Wana. Ce n'est pas encore assez. «Nous devons travailler pour qu'il y ait moins d'impact négatif sur l'urbanisme», martèle le ministre. Autre chantier qui attire l'attention des pouvoirs publics, celui de la protection des données privées. Le développement d'Internet et l'utilisation des réseaux numériques devront pousser les autorités à mettre en place rapidement des mesures de sécurité pour rassurer tous les utilisateurs et protéger leur vie privée. Souvent, les consommateurs que nous sommes, sommes surpris de voir sur les écrans de nos téléphones portables des SMS publicitaires provenant de destinataires inconnus, ou de sociétés qui ne sont pas censées disposer de nos numéros. Chami dit en avoir ras le bol. «Ce ne sont pas les opérateurs qui en profitent mais plutôt les sociétés commerciales», tient-il à préciser. Et de poursuivre: «la solution réside dans l'adoption de la loi sur la protection des données». La confiance, numérique de surcroît, doit être instaurée.C'est un défi que devront relever les responsables dans les années à venir. D'ailleurs, des chamboulements, il y en aura d'autres dans le secteur. La régulation, par exemple, devra être réajustée, ses missions réexaminées régulièrement. Pourquoi ? Les mutations rapides du secteur (évolution technologique, neutralité des services…) l'obligent à prendre de nouvelles orientations. «Il est important de garantir l'accès universel aux technologies d'information et de télécommunications, tout en optimisant l'usage des ressources disponibles et en instaurant un environnement concurrentiel favorable à de nouveaux investissements », indique-t-on auprès de l'ANRT. Pour y arriver, il faudra réfléchir d'abord au problème de l'accès au service universel (SU) qui vise à réduire la fracture numérique. S'il était limité à un service téléphonique seulement dans les années passées, dorénavant, le SU devra tenir compte de la fourniture de services à valeur ajoutée, et plus particulièrement ceux qui donnent accès à Internet. «La démocratisation de ce service a une portée et des incidences considérables sur la société de l'information et du savoir», retient-on à l'ANRT. La note d'orientation du secteur des télécoms pour la période 2009-2013 devra tenir compte de tous ces chantiers. La généralisation des TIC même dans les zones les plus refoulées est à l'ordre du jour aussi. Les responsables publics sont confiants. Notre société devrait se transformer. Un nouveau système social virtuel serait en cours d'édification et de nouvelles convergences sont en cours d'élaboration. Mais tant que le taux d'analphabétisme est important, l'ambition des pouvoirs publics pourrait être revue à la baisse. Pour l'instant, sur les 30 millions d'habitants que nous sommes, environ 6 millions seulement utilisent Internet. La convergence évoquée ici et là risque d'être mise à mal si ce nombre n'évolue pas. Les acteurs du marché promettent des changements dans les années à venir. On ne demande qu'à voir ! De nouveaux opérateurs sur le marché Azdine Mountassir Billah, directeur général de l'ANRT, n'écarte pas l'éventualité de voir arriver sur le marché marocain de nouveaux opérateurs. «Si nécessaire, des adaptations réglementaires pourraient être proposées et de nouvelles catégories de fournisseurs de services de télécommunications pourraient voir le jour». Voilà qui est dit. Ces nouveaux entrants pourraient intégrer le marché grâce au dégroupage de la boucle locale qui sera total à partir du mois de juillet. Dès lors, un opérateur peut disposer, moyennant un loyer versé à l'opérateur historique détenant les infrastructures de base, de la globalité de la bande de fréquence de la ligne, appelée «la paire de cuivre». Ce dégroupage devrait, de l'avis des observateurs, faciliter alors l'entrée et le développement d'opérateurs alternatifs. Les MVNO (Mobile Virtual Network Operator) pourraient alors voir le jour au Maroc. Ce sont des opérateurs qui ne possèdent pas de spectres de fréquences, ni d'infrastructures de télécoms. Ils achètent seulement des minutes de communications auprès des opérateurs classiques pour les revendre aux clients à des prix compétitifs. Azdine Mountassir Billah, directeur général de l'ANRT, n'écarte pas l'éventualité de voir arriver sur le marché marocain de nouveaux opérateurs. «Si nécessaire, des adaptations réglementaires pourraient être proposées et de nouvelles catégories de fournisseurs de services de télécommunications pourraient voir le jour». Voilà qui est dit. Ces nouveaux entrants pourraient intégrer le marché grâce au dégroupage de la boucle locale qui sera total à partir du mois de juillet. Dès lors, un opérateur peut disposer, moyennant un loyer versé à l'opérateur historique détenant les infrastructures de base, de la globalité de la bande de fréquence de la ligne, appelée «la paire de cuivre». Ce dégroupage devrait, de l'avis des observateurs, faciliter alors l'entrée et le développement d'opérateurs alternatifs. Les MVNO (Mobile Virtual Network Operator) pourraient alors voir le jour au Maroc. Ce sont des opérateurs qui ne possèdent pas de spectres de fréquences, ni d'infrastructures de télécoms. Ils achètent seulement des minutes de communications auprès des opérateurs classiques pour les revendre aux clients à des prix compétitifs.