Inutile d'espérer une remontée du billet vert dans les prochains jours. Les experts en bourse tablent, en effet, sur un trend haussier constant de l'euro. «La devise américaine souffre des injections massives de liquidités en dollars sur les marchés», commentent les économistes européens. Mais à plus longue échéance, les marchés des changes anticipent un rebond du dollar provoqué par un regain de confiance envers les banques américaines et la diminution des craintes de récession aux Etats-Unis. A tort, en réalité, car le dollar n'est pas près de récupérer les 20% de baisse enregistrés depuis le début de l'année dernière. Bien au contraire, la glissade semble loin d'être terminée. D'une part, la crise de l'immobilier va pousser la Réserve fédérale américaine à poursuivre sa détente monétaire pendant encore plusieurs mois. Mais d'autres considérations entrent également en jeu. En effet, de plus en plus d'experts sont convaincus que les autorités américaines ont fait de la baisse du dollar leur cheval de bataille, histoire de redonner une bouffée d'oxygène aux exportateurs américains. Ce type de politique de change avait déjà été mis en œuvre dans les années 80 pour contrer l'hégémonie économique du Japon. A l'époque, le dollar avait perdu 40% de sa valeur en l'espace de deux exercices. L'arme du taux de change avait ensuite été mise au placard dans les années 90. Il faut dire que l'Amérique n'en avait plus guère besoin. Et pour cause : elle affichait une insolente santé économique. Aujourd'hui, avec la crise des «subprimes», les autorités américaines tenteraient à nouveau d'influencer leur taux de change, même si les exportations ne représentent que 14% du PIB des Etats-Unis.