Il faudra encore plus d'un clic pour que le Continent Noir puisse se hisser au niveau mondial ! En matière de développement informatique, ce n'est pas un fossé qui sépare l'Afrique du reste du monde mais plutôt le Grand Canyon… Il suffit, pour s'en rendre compte, de jeter un coup d'œil sur les statistiques : seulement 4% des Africains ont accès à Internet. De plus, alors que les vitesses de connexion sont les plus faibles, la facture des internautes est la plus élevée au monde avec 250 à 300 dollars par mois. Par ailleurs, le E-commerce est quasiment inexistant. Avec une population de 140 millions de personnes, le Nigeria compte à peine quelques centaines de sites Internet. Le phénomène du blogging y est encore embryonnaire. En matière de connexion à l'Internet, l'ensemble de l'Afrique sub-saharienne équivaut à peine à un pays comme l'Irlande, alors que cette région du monde compte quarante-huit pays. Parmi ces derniers, vingt-huit (correspondant à l'Afrique de l'Est et à l'Afrique Centrale) ne sont connectés que grâce à des liaisons satellite. A part quelques cas de réseaux localisés comme dans des mines de diamant ou des camps des Nations Unies, des régions entières du Congo et du Soudan (les deux plus grands pays sub-sahariens) ne disposent d'aucune connexion. Même un état comme l'Ouganda, qui mène pourtant une politique volontariste en la matière, demeure encore à un très faible niveau. Des études menées par Microsoft ont révélé que seul un Ougandais sur deux cents utilisait régulièrement les e-mails. La proportion est plus élevée en Afrique de l'Ouest où le système plus robuste de câblage sous-marin SAT-3 assure de plus grandes vitesses et des coûts plus faibles. Pour l'Afrique de l'Est et l'Afrique centrale, un projet similaire dénommé EASSY (Eastern Africa Submarine Cable System) est destiné à accroître les vitesses de connexion dans les prochaines années. Long de 9,9 km, le système de câblage EASSY passe sous l'Océan indien et relie l'Afrique du Sud au Soudan. Les utilisateurs africains doivent également composer avec des systèmes obsolètes, des défaillances des réseaux d'électricité et, surtout, un immense vide en termes de contenus locaux. Si les interfaces utilisent un certain nombre de langues africaines, même les instructions les plus claires en Wolof ou en Yoruba destinées à l'utilisation de Windows supposent un bon niveau d'alphabétisation. De plus, dans la plupart des cybercafés africains, la puissance du matériel utilisé est insuffisante pour accéder aux contenus disponibles sur la toile mondiale comme les graphiques à haute résolution ou les vidéos. Mais cela aurait pu être pire pour les Africains si les monopoles étatiques dans le secteur des télécoms avaient maintenu leurs positions. Fort heureusement, des opérateurs privés de téléphonie mobile ont fait leur apparition, permettant plus de transparence économique. Selon la Banque Mondiale, ces entreprises privées ont investi 25 milliards de dollars en Afrique sur ces dix dernières années. De fait, le Continent Noir offre plus que jamais un potentiel d'investissement considérable, à l'exclusion de l'Internet. Un appel des Nations Unies pour une «solidarité numérique» avait été lancé en 2005 mais il n'a eu que peu d'écho. A la fin de ce mois-ci, une grande conférence «Africa Connect» se tiendra au Rwanda. Il est prévu que ce soit «du vrai business» et non un acte de charité. Les gouvernements africains vont subir une importante pression de la part, entre autres, de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine Pour le Développement (BAD), afin d'encourager les entreprises technologiques et de parvenir à réduire de deux tiers le coût des installations. L'objectif sera aussi de connecter les ministères, les hôpitaux et les écoles à l'horizon 2012.